Fil d'Ariane
Gaza : l'envoyé de l'ONU au Moyen-Orient réitère son appel au cessez-le-feu et à la libération des otages
L'envoyé de l'ONU au Moyen-Orient a appelé mercredi à une reprise immédiate des négociations, à la libération des otages et à un cessez-le-feu humanitaire dans la bande de Gaza, alors que l'offensive militaire israélienne exacerbe les souffrances humaines dans un contexte de tensions régionales croissantes.
Lors d'un exposé devant le Conseil de sécurité, Tor Wennesland, Coordonnateur spécial des Nations Unies pour le processus de paix au Moyen-Orient, a souligné la nécessité urgente pour toutes les parties de changer de cap.
« Nous devons parvenir à un accord pour libérer les otages et mettre en place un cessez-le-feu immédiat. Il n’y a absolument pas de temps à perdre », a-t-il déclaré, soulignant que l’arrêt des combats est essentiel pour une réponse humanitaire globale.
Parallèlement, les efforts visant à prévenir la détérioration de la situation doivent être liés à une stratégie politique à long terme pour garantir un succès durable.
« Nous devrions mettre en place le cadre nécessaire au rétablissement de Gaza et le faire d’une manière qui nous rapproche concrètement, plutôt que de nous en éloigner, d’une résolution politique à long terme du conflit israélo-palestinien », a ajouté M. Wennesland.
Pas d’armée israélienne à long terme à Gaza
Il a réitéré les principes clés, notamment qu’il ne devrait y avoir aucune présence militaire israélienne à long terme à Gaza, tout en répondant aux préoccupations légitimes d’Israël en matière de sécurité, en particulier à la suite des attaques du Hamas et d’autres groupes armés palestiniens le 7 octobre 2023.
Il a souligné que Gaza devait rester partie intégrante d'un futur État palestinien, sans aucune réduction territoriale et unifiée avec la Cisjordanie sous un gouvernement palestinien reconnu.
La situation à Gaza reste désastreuse, avec plus de 36.000 Palestiniens et 1.200 Israéliens et ressortissants étrangers tués depuis le 7 octobre. Le sort des 125 otages encore détenus à Gaza reste incertain car un accord sur un cessez-le-feu et la libération des otages restent bloqués.
Près de deux millions de Palestiniens de la bande de Gaza ont été déplacés de leurs foyers, à plusieurs reprises, et environ 100.000 Israéliens de leurs communautés du nord et du sud du pays.
La violence persiste en Cisjordanie occupée, avec des opérations israéliennes à grande échelle et des échanges meurtriers avec des Palestiniens armés, parallèlement à une augmentation de la violence des colons et des attaques de Palestiniens contre des Israéliens.
Les tensions régionales sont fortes, marquées par les échanges de tirs entre Israël et le Hezbollah et d’autres groupes armés au Liban, les attaques par les houthistes du Yémen contre le transport maritime international en mer Rouge, et par la récente escalade entre Israël et l’Iran, augmentant encore les risques d’un conflit plus large.
Des efforts de secours en péril
Malgré ces défis, les travailleurs humanitaires continuent de fournir une aide vitale dans des conditions périlleuses.
« Les conditions dangereuses résultant d'un mécanisme de notification humanitaire dangereusement déficient sont aggravées par la surpopulation, le désespoir et l'effondrement de l'ordre public, mettant en péril les opérations humanitaires et coûtant la vie à des travailleurs humanitaires, dont quelque 200 membres du personnel de l'ONU », a déclaré M. Wennesland.
Il a rappelé l'ouverture de deux points de passage dans le nord de Gaza et l'entrée de biens humanitaires en provenance d'Ashdod et de Jordanie. Il a toutefois souligné que ces mesures sont insuffisantes et a appelé à la réouverture immédiate du point de passage de Rafah, dans le sud, et à un accès humanitaire sans entrave à tout Gaza.
Faire des choix politiques difficiles
En conclusion, le Coordonnateur spécial a souligné que le cadre politique établi aujourd'hui aura un impact significatif sur la future gouvernance de Gaza et sur le conflit israélo-palestinien plus large.
Malgré les défis posés par la guerre en cours à Gaza, il est crucial de faire des « choix politiques difficiles » dès maintenant, a-t-il dit, ajoutant que l'échec à jeter les bases d'une résolution durable du conflit de longue date et de la fin de l'occupation « se répercutera sur des générations ».
Les moteurs du conflit doivent être combattus, notamment la violence, la progression des colonies et les activités militantes, et Israël doit cesser les mesures qui portent atteinte à l'Autorité palestinienne, a ajouté M. Wennesland.
« Les Palestiniens et les Israéliens ont désespérément besoin d’un horizon politique. Sans cela, il n’existe pas de voie durable pour sortir de la souffrance et de la misère dont nous sommes témoins chaque jour », a-t-il affirmé.