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Gaza : plus d’un million de personnes déplacées de Rafah en 20 jours, selon l'ONU

Alors que les combats continuent de faire rage dans la bande de Gaza, y compris dans le sud de Rafah, plus d’un million de personnes ont été déplacées dans le sud et le nord de l’enclave palestinienne depuis le 6 mai, ont indiqué mardi des agences des Nations Unies.

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Plus précisément, suite à l’intensification des hostilités et à des ordres d’évacuation à Rafah et dans le nord de Gaza, plus d’un million de personnes ont été déplacées de Rafah et 100.000 dans le nord de Gaza entre le 6 et le 26 mai, ont rapporté le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations Unies (OCHA) et l’Agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens (UNRWA).

« Au cours des trois dernières semaines, environ un million de personnes ont fui Rafah. Cela s’est produit alors qu’il n’y avait aucun endroit sûr où aller et au milieu des bombardements, du manque de nourriture et d’eau, des piles de déchets et des conditions de vie inadaptées », a déclaré sur le réseau social X, l’UNRWA, relevant que « jour après jour, il devient presque impossible de fournir une aide et une protection ».

Les agences humanitaires redoutent la poursuite de ces mouvements de population. D’autant qu’après le raid meurtrier d’un site de l’UNRWA près de Rafah, « des incursions terrestres et des combats intenses continuent également d’être signalés, notamment à Jabaliya, au sud de la ville de Gaza, au nord d’An Nuseirat, à l’est de Deir al Balah, ainsi qu’à l’est et au centre de Rafah ».

Seul un tiers des hôpitaux partiellement fonctionnels 

Par ailleurs, en raison de la fermeture forcée des frontières de Gaza par Israël, l’UNRWA signale que ses centres de santé n’ont pas reçu de fournitures médicales depuis 12 jours. Cela affecte particulièrement les stocks d’antibiotiques pour enfants et de médicaments antiépileptiques, indique l’OCHA dans son dernier rapport de situation.

Selon l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), seul un tiers des hôpitaux de Gaza sont encore partiellement fonctionnels et peinent à répondre aux besoins en raison du manque de fournitures, d’équipements et de carburant adéquats et de l’épuisement de leur personnel.

« La fermeture continue de la frontière de Rafah, le manque de carburant et d’aide à l’entrée et à la sortie de Gaza, ainsi que les retards et les refus fréquents de missions ont entravé notre capacité à soutenir le système de santé à un moment où les opérations devraient se développer rapidement pour répondre aux besoins croissants », a déclaré sur X le chef de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus. 

Comme pour aggraver la situation, les attaques ont paralysé le système de santé de l’enclave, aucun de ses hôpitaux ne fonctionnant désormais à pleine capacité.

Plus d'un millions de personnes ont fui Rafah en trois semaines.
© UNRWA
Plus d'un millions de personnes ont fui Rafah en trois semaines.

Des problèmes de santé sans précédent

« Notre personnel est resté en première ligne à Gaza. En mai 2024, l’UNRWA avait perdu plus de 191 membres de son personnel, dont 11 professionnels de la santé. Nous sommes de tout cœur avec les familles touchées. Ce rapport souligne notre gratitude pour le dévouement de notre personnel de santé, qui continue à fournir des services de qualité malgré leur perte et le fait d’avoir été déplacé à plusieurs reprises », a déclaré lors d’un point de presse de l’ONU à Genève, Dr. Akihiro Seita, Directeur de la santé de l’UNRWA.

D’une manière générale, les réfugiés palestiniens de la bande de Gaza sont confrontés à « une urgence sanitaire sans précédent causée par la guerre la plus dévastatrice de leur histoire ». Les maladies transmissibles se propagent plus rapidement que jamais dans l’enclave, en raison de la surpopulation et du manque d’assainissement. 

Pendant la guerre, l’OMS a enregistré près de 1,5 million d’infections, dont la varicelle et l’hépatite. En outre, la malnutrition s’est aggravée, un enfant de moins de deux ans sur trois souffrant de malnutrition aiguë dans le nord de la bande de Gaza.

Ces derniers développements interviennent dans un contexte sécuritaire marquée par l’attaque d’un site de déplacés à Rafah, qui a tué une quarantaine de personnes, dont de nombreuses femmes et enfants qui ont péri dans un gigantesque brasier. Ce raid a suscité l’indignation de la communauté internationale.

Le 26 mai, des frappes aériennes israéliennes ont touché un camp de personnes déplacées à Rafah, dans le sud de Gaza, tuant des dizaines de civils, dont des femmes et des enfants.
UNRWA
Le 26 mai, des frappes aériennes israéliennes ont touché un camp de personnes déplacées à Rafah, dans le sud de Gaza, tuant des dizaines de civils, dont des femmes et des enfants.

Les contraintes d’accès entravent l’acheminement de l’aide

« Cette horreur doit cesser », a déclaré hier lundi le Secrétaire général des Nations Unies, António Guterres.

Le chef des droits de l’homme de l’ONU a de son côté exprimé son « horreur ». « Les images du camp sont horribles et ne montrent aucun changement apparent dans les méthodes et les moyens de guerre utilisés par Israël, qui ont déjà causé la mort de tant de civils », a déclaré dans un communiqué Volker Türk.

Le chef de l'humanitaire de l'ONU, Martin Griffiths, a également vivement réagi sur le réseau X lundi soir. « Que l’attaque de la nuit dernière contre Rafah soit un crime de guerre ou une 'erreur tragique' pour la population de Gaza, il n’y a pas de débat : Ce qui s’est passé la nuit dernière était la dernière abomination», a-t-il écrit.

Sur le plan humanitaire, les contraintes d’accès continuent d’entraver gravement l’acheminement de l’aide humanitaire vitale, exacerbant les souffrances de centaines de milliers de personnes dans toute la bande de Gaza.

Selon l’UNRWA, tout en faisant tout son possible pour ne pas interrompre l’acheminement de l’aide humanitaire, « chaque jour qui passe rend la fourniture d’aide et de protection presque impossible ».

Sur les 200 camions de fournitures humanitaires déchargés dimanche du côté palestinien, seuls 30 camions ont été pris en charge en raison des lourdes restrictions de circulation, des frappes aériennes continues des forces israéliennes, des tirs de roquettes par le Hamas, des retards et des limitations sur les itinéraires qui peuvent être utilisés. 

« Ce sont autant de défis et de restrictions supplémentaires qui ne nous permettent pas de distribuer l’aide. Elles étranglent encore plus l’opération humanitaire dont dépendent 2 millions de personnes dans la bande de Gaza », a affirmé sur X le chef de l’UNRWA, Philippe Lazzarini, réitérant son appel pour la « cession immédiate des opérations militaires à Rafah et l’acheminement de l’aide humanitaire à Gaza ».