Fil d'Ariane
Haïti : deux tiers des ménages de Port-au-Prince ne mangent pas assez, selon une étude du PAM
Alors que plus de 40 % des ménages de la région métropolitaine de la capitale haïtienne ont subi un choc lié à l’insécurité, l’Agence alimentaire des Nations Unies s’est inquiété, lundi, de l’insécurité alimentaire parmi la population, relevant que deux tiers des ménages de Port-au-Prince ne mangent pas assez.
Selon le Programme alimentaire mondial (PAM), 65% des ménages de la région métropolitaine de Port-au-Prince n’ont pas une consommation alimentaire suffisante pour « satisfaire leurs besoins en macro et micro-nutriments ». « Les communes de Cité Soleil, Croix des Bouquets et Carrefour étant les plus touchées en mai », a détaillé l’Agence onusienne basée à Rome dans son dernier rapport de situation consacré à ce pays des Caraïbes.
Les résultats de leur étude montrent que deux ménages sur trois dans la région métropolitaine de la capitale haïtienne ont eu une consommation alimentaire insuffisante. Selon le PAM, le faible niveau de consommation alimentaire est principalement dû à une pénurie de denrées alimentaires importantes, notamment la viande et le poisson, mais aussi les produits laitiers et autres denrées de première nécessité.
4 ménages sur 5 contraints de recourir à des stratégies désespérées pour s’en sortir
Le dernier rapport du le Cadre Intégré de la classification de la sécurité alimentaire (IPC) publié en fin mars dernier avait confirmé des niveaux records de faim à Haïti. Dans un contexte où la crise sécuritaire s’aggravait, cette évaluation estimait que la faim avait atteint « des niveaux sans précédent » en Haïti. Le document notait que près de cinq millions de personnes, soit près de la moitié de la population du pays, étaient confrontées à une situation de « faim aiguë ».
Selon le rapport, près de 5 millions de personnes sont confrontées à des niveaux de « crise » ou plus élevés d’insécurité alimentaire aiguë (phases 3+ de l’IPC), dont 1,64 million de personnes confrontées à des niveaux « d’urgence » (phase 4 de l’IPC). La vallée de l’Artibonite - le grenier à blé du pays - était l’une des régions les plus gravement touchées.
Face à ces niveaux préoccupants de faim, les populations sont ainsi contraintes de recourir à des stratégies désespérées pour s’en sortir, telles qu’acheter à crédit et s’endetter, vendre des animaux, des semences et d’autres biens afin de survivre. Parmi ces stratégies, il y a aussi la réduction du nombre de repas pris par jour, la baisse de la taille des portions des repas et la restriction de la consommation des adultes pour permettre aux jeunes enfants de manger.
Selon le PAM, au moins 4 ménages sur 5 ont adopté des stratégies d’adaptation négatives en raison du manque de nourriture.
Baisse significative des revenus des ménages et perte d’emplois
En outre, le document note que depuis de l’année 2024, le coût d’un panier alimentaire a augmenté de 27 %, rendant la nourriture inaccessible pour des millions d’Haïtiens. Selon le PAM, cette hausse est principalement due à la hausse des prix de l’huile, du riz, des haricots noirs et rouges.
« Les difficultés actuelles d’importation restent la cause principale de cette situation. Le recours au marché noir pour acheter du carburant à des prix élevés (40 à 50 % de plus que le prix à la pompe) est de plus en plus fréquent ».
Alors que l’insécurité fait grimper les prix des carburants et des denrées alimentaires, déjà élevés, les pertes d’emplois et de revenus ont touché les deux tiers des familles du pays depuis la dernière vague de violence en mars. Aujourd’hui, « plus de 40 % des ménages de la région métropolitaine de Port-au-Prince ont subi un choc lié à l’insécurité, et 9 % ont été confrontés à des chocs liés à la perte d’emploi et à des difficultés commerciales ».
Cela se traduit par une « baisse significative et continue des revenus des ménages dans la région métropolitaine de Port-au-Prince ». Selon le PAM, plus de 60 % des ménages ont connu une baisse de leur principale source de revenus, dont 46% avec une baisse de plus de la moitié de leurs revenus.