Fil d'Ariane
Le manque alarmant de respect du droit international accroît le danger pour les civils, prévient l'ONU
Le sort des civils touchés par la guerre en 2023 a été « désastreux », alors que le monde a été témoin d’horreurs non seulement à Gaza et dans le sud d’Israël, mais aussi des souffrances de populations dans d’autres points chauds dans le monde, ont déclaré mardi des hauts responsables de l’ONU.
Les Nations Unies ont recensé à elles seules plus de 33.000 morts de civils dans les conflits armés en 2023 – une augmentation de 72% par rapport à l’année précédente – a déclaré Joyce Msuya, Coordonnatrice adjointe des secours de l’ONU, aux membres du Conseil de sécurité.
Alors que les chiffres réels sont « probablement plus élevés », les dommages et les souffrances causés aux civils en 2023 « signalent un manque alarmant de respect du droit international humanitaire et du droit international des droits de l’homme », a-t-elle estimé.
Elle a poursuivi en soulignant que « la réalité est qu’une grande partie des dommages causés aux civils que nous constatons dans les conflits d’aujourd’hui se produisent même lorsque les parties prétendent agir dans le respect de la loi ».
Gaza : une guerre contre les enfants
La haute responsable humanitaire de l'ONU a attiré particulièrement l'attention sur la situation désespérée à Gaza, où l'opération militaire israélienne en cours – à la suite des attaques brutales du Hamas et d'autres groupes armés palestiniens le 7 octobre – a « entraîné des morts, des destructions et des souffrances à un rythme et à une échelle sans précédent dans le passé récent ».
Des dizaines de milliers de personnes ont été tuées et blessées. Plus de 75% de la population de l’enclave est déplacée de force et une famine menace.
« Des milliers d’enfants ont été tués et blessés dans ce que les collègues du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) ont appelé une « guerre contre les enfants » », a-t-elle dit, ajoutant qu’environ 130 Israéliens restent otages, craignant pour leur traitement inhumain.
Soudan : risque réel et croissant de génocide
Alice Wairimu Nderitu, Conseillère spéciale des Nations Unies pour la prévention du génocide, s'est également adressée au Conseil de sécurité, tirant la sonnette d'alarme sur la situation au Soudan.
Le conflit sanglant entre factions armées rivales, qui a débuté en avril 2023, a donné lieu à de graves violences ethniques, notamment au Darfour et plus particulièrement à El Fasher (Nord Darfour).
« Les populations civiles sont ciblées sur la base de leur identité. [Elles] ont été attaquées et tuées en raison de la couleur de leur peau, de leur appartenance ethnique, de qui elles sont », a-t-elle déclaré.
Elle a souligné l'urgence de garantir la protection des civils. « Le risque de génocide existe au Soudan. C’est réel et cela grandit chaque jour », a-t-elle dit.
Entre avril et décembre, environ 12.260 personnes ont été tuées et 33.000 autres blessées. Des millions d’autres ont été déplacées de leurs foyers, dont beaucoup ont fui vers les pays voisins, déclenchant une crise régionale.
Les infrastructures et services civils essentiels, notamment les hôpitaux, les cliniques, les écoles et les réseaux d’eau, d’assainissement et d’électricité, ont subi d’importants dégâts.
Ukraine : armes lourdes dans les zones civiles
Mme Msuya, qui est également chef adjointe du Bureau des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA), a souligné l'impact des armes explosives sur les zones peuplées.
En Ukraine, l’utilisation de ces armes dans des zones peuplées est la principale cause de pertes civiles.
En 2023, le nombre de victimes civiles dues aux mines terrestres et aux restes explosifs de guerre a augmenté de 16%, avec 116 civils tués et 383 blessés, selon un rapport de l'ONU sur l'état mondial de la protection des civils, publié la semaine dernière.
En outre, le conflit a continué de nuire à l’environnement naturel et à la biodiversité du pays.
Les eaux souterraines et de surface ont été exposées à des produits chimiques nocifs et à la pollution en raison des impacts sur les infrastructures pétrolières.
Autres points chauds de crise
Le rapport souligne également l'impact des conflits dans plusieurs autres régions.
En République démocratique du Congo (RDC), plus de 219.000 victimes ont été signalées. Le Mali a connu 1.300 morts de civils, tandis que le Myanmar a connu une intensification des affrontements avec des frappes aériennes et des bombardements affectant particulièrement les zones urbaines.
Les violences dans le nord-est du Nigéria ont fait 4.533 morts parmi les civils, et plus de 1.400 civils ont été tués ou blessés en Somalie.
Le Soudan du Sud a signalé 1.527 morts de civils et 597 enlèvements, tandis que la Syrie a signalé 556 morts de civils.