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Gaza : des agences humanitaires alarmées par la hausse de la malnutrition et des maladies transmissibles

Alors que la bande de Gaza reste au bord de la famine, avec quelque 1,1 million de Palestiniens confrontés à des « niveaux catastrophiques de faim » et près de 40% de la population déplacée au cours des deux dernières semaines, des agences humanitaires des Nations Unies ont mis en garde contre la hausse de la malnutrition et des maladies transmissibles due aux déplacements vers des zones où les conditions sont désastreuses.

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Selon le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations Unies (OCHA), l’escalade des combats à Rafah et dans le nord de Gaza a gravement perturbé les services de nutrition. Dans ces conditions, le groupe sectoriel Santé s’inquiète de la recrudescence de la malnutrition et des maladies transmissibles.

« Le groupe Santé met en garde contre une nouvelle augmentation de la malnutrition et des maladies transmissibles, notamment les éruptions cutanées, les maladies diarrhéiques et l’hépatite A, en raison des déplacements à grande échelle vers des zones dépourvues de nourriture, d’eau et d’autres produits de première nécessité », a détaillé l’OCHA dans son dernier rapport.

Des points de distribution de vivres inaccessibles

Cette alerte intervient alors que les partenaires du Programme alimentaire mondial (PAM) ont perdu à Rafah l’accès à plus de 100 points de distribution pour les activités de prévention de la malnutrition.  Dans le même temps, neuf sites de nutrition de l’Agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens (UNRWA) ont été affectés de la même manière ou fermés, selon le groupe nutrition.

En outre, seules 10 boulangeries sont opérationnelles sur un total de 16 boulangeries soutenues par nos partenaires humanitaires, selon un décompte effectué le 18 mai par l’OCHA. Les agences humanitaires s’attendent à ce que ces boulangeries soient à court de stock et de carburant dans les jours à venir si aucun approvisionnement supplémentaire n’est reçu. 

Les six autres boulangeries, toutes situées dans le sud de la bande de Gaza, ont été contraintes de cesser leurs activités en raison d’une pénurie de carburant ou des hostilités en cours.

Des signaux d’alerte au moment où près de 40 % de la population de Gaza a été déplacée au cours des deux dernières semaines, et beaucoup d’entre eux ont déjà été déplacés plusieurs fois.

Etablissements de santé impactés

Sur le terrain, les établissements de santé essentiels sont devenus inaccessibles en raison de leur présence à l’intérieur ou à proximité des zones touchées par les ordres d’évacuation.

Selon l’OCHA, cela perturbe l’accès de la population aux services de santé essentiels, notamment la dialyse rénale, la gestion des maladies non transmissibles, la santé maternelle, la santé infantile et les services de soins traumatiques. 

Il s’agit notamment de quatre hôpitaux, quatre centres de soins de santé primaires et 21 points médicaux à Rafah, ainsi que de deux hôpitaux, cinq centres de soins de santé primaires et 16 points médicaux dans le nord de la bande de Gaza. 

L’OCHA indique que des bombardements israéliens continuent d’être signalés dans la majeure partie de la bande de Gaza, ainsi que des incursions terrestres et des combats violents, en particulier dans l’est de Rafah, au sud, et à Jabaliya, au nord.

Des familles transportent leurs biens alors qu'elles fuient Rafah, au sud de Gaza.
© UNICEF/Eyad El Baba
Des familles transportent leurs biens alors qu'elles fuient Rafah, au sud de Gaza.

L’hôpital Al-Awda assiégé

En écho à cette détérioration de la situation humanitaire, l’Agence sanitaire mondiale de l’ONU (OMS) note que l’hôpital Al-Awda, dans le nord de la bande de Gaza, est assiégé depuis le 19 mai. Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), personne n’est donc autorisé à sortir ou à entrer de cet établissement depuis dimanche.

« 148 membres du personnel hospitalier, 22 patients et leurs accompagnateurs sont toujours bloqués à l’intérieur », a alerté sur le réseau social X, Tedros Adhanom Ghebreyesus, Directeur général de l’OMS.

« Le personnel médical à l’intérieur de l’hôpital a signalé une attaque le 20 mai, avec des snipers visant le bâtiment et une roquette d’artillerie frappant le cinquième étage, où se trouve le département de l’administration. Aucun blessé n’a été signalé », a fait valoir le Dr Tedros, relevant sa préoccupation pour la sécurité des patients et du personnel hospitalier restants. 

Pression « impossible » sur le système de santé

Plus largement, le système de santé de Gaza est soumis à une « pression impossible ». La dernière offensive israélienne a coupé l’accès à six hôpitaux, neuf centres de soins de santé primaires et 37 points médicaux à Rafah et au nord de Gaza. 

« Selon les partenaires humanitaires du secteur de la santé, des établissements de santé essentiels sont devenus inaccessibles parce qu’ils se trouvent à l’intérieur ou à proximité de zones faisant l’objet d’ordres d’évacuation ». 

Le groupe santé estime que depuis le 7 mai, quelque 700 patients gravement malades ou blessés n’ont pas pu quitter Gaza pour recevoir ailleurs les soins médicaux dont ils avaient besoin. Entre le 7 octobre et le 18 mai, près de la moitié (5.957 sur 12.761) des patients en état critique ayant soumis une demande d’évacuation médicale ont été approuvés et plus du tiers (4.895) ont été évacués médicalement à l’étranger. 

À Rafah, plus de 20 points médicaux, quatre hôpitaux et quatre centres de soins de santé primaires ont été touchés par les ordres d’évacuation. Dans le nord de la bande de Gaza, 16 points médicaux ont été touchés, ainsi que cinq centres de soins de santé primaires et deux hôpitaux - Al Awda et Kamal Adwan.

Une équipe d'OCHA durant une mission à Gaza
© OCHA
Une équipe d'OCHA durant une mission à Gaza

Des combats à Rafah et à Jabaliya

Sur le plan sécuritaire, l’OCHA indique que des bombardements israéliens continuent d’être signalés dans la majeure partie de la bande de Gaza, ainsi que des incursions terrestres et des combats violents, en particulier dans l’est de Rafah, au sud, et à Jabaliya, au nord.

A noter également que le procureur de la Cour pénale internationale (CPI), Karim Khan, a réclamé mandats d’arrêt à l’encontre du premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou, du ministre de la défense, Yoav Gallant, et des dirigeants du Hamas, Yahya Sinwar, Mohammed Diab Ibrahim Al-Masri et Ismail Haniyeh.