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Gaza : les livraisons d’aide par pont flottant commencent mais sont moins viables que les voies terrestres

Des camions transportant de l’aide humanitaire à Gaza ont commencé à débarquer sur un quai flottant temporaire construit par l’armée américaine, a annoncé le Commandement central des États-Unis (CENTCOM), mais cela n’est pas suffisant pour répondre aux besoins des civils à Gaza, selon les Nations Unies.

Le Bureau de coordination des affaires humanitaires des Nations Unies (OCHA) a prévenu que le corridor maritime ne pouvait pas remplacer les importantes voies terrestres, qui constituent le moyen le plus rapide et le plus efficace d’acheminer l’aide humanitaire.

« Toute aide à Gaza est la bienvenue, quelle que soit la route empruntée », a déclaré lors d’un point de presse, Jens Laerke, porte-parole de l’OCHA. « Mais il s’agit d’un ajout, et cela n’enlève rien au fait que les points de passage terrestres seront plus importants », a-t-il ajouté.

Un enfant marche parmi les décombres de Rafah.
© UNRWA
Un enfant marche parmi les décombres de Rafah.

Multiplier les voies d’aide

Le pont flottant était ancré sur une plage de Gaza hier, jeudi 16 mai, la plupart des points de passage d’aide humanitaire vers l’enclave palestinienne étant fermés ou peu sûrs. Selon les agences humanitaires, le quai flottant temporaire constituera une voie supplémentaire pour l’aide entrant dans l’enclave assiégée.

M. Laerke a indiqué que les agences de l’ONU finalisaient leurs plans de préparation pour gérer l’aide une fois que le quai flottant fonctionnera correctement, tout en gardant à l’esprit la nécessité d’assurer la sécurité du personnel. « La sensibilisation et l’acceptation de la communauté humanitaire sont primordiales pour assurer la sûreté et la sécurité de cette opération », a insisté M. Laerke.

« Nous sommes reconnaissants à Chypre, soutenue par d’autres États membres, des efforts qu’elle déploie pour maintenir ce corridor maritime en tant que voie d’acheminement supplémentaire de l’aide à Gaza », a-t-il ajouté.

Toutefois, les agences onusiennes rappellent que l’acheminement de l’aide aux personnes dans le besoin à l’intérieur et à l’extérieur de Gaza ne peut et ne doit pas dépendre d’un quai flottant situé loin des endroits où les besoins sont les plus criants.

Environ 1,7 million de personnes ont été déplacées à Gaza, certaines à plusieurs reprises.
© UNRWA
Environ 1,7 million de personnes ont été déplacées à Gaza, certaines à plusieurs reprises.

Voies terrestres, méthode d’acheminement de l’aide la plus viable

« Les voies terrestres sont la méthode d’acheminement de l’aide la plus viable, la plus efficace et la plus efficiente, c’est pourquoi nous avons besoin que tous les points de passage soient ouverts », a fait valoir le porte-parole d’OCHA.

L’acheminement de l’aide vers la bande de Gaza s’est ralenti depuis que l’armée israélienne a pris le contrôle du point de passage de Rafah la semaine dernière.  Entre le 1er et le 14 mai, 39 (60%) missions d’aide humanitaire dans le nord de Gaza ont été facilitées par les autorités israéliennes, selon un rapport d’OCHA.

Dans le même temps, 5 (8%) ont été refusées, 14 (21%) ont été entravées et 8 (12%) ont été annulées. En outre, 70% des missions d’aide dans les zones du sud de Gaza nécessitant une coordination ont été facilitées par les autorités israéliennes. En outre, une vingtaine de missions ont été refusées, 4 (3,5%) ont été entravées et 12 (10,5%) ont été annulées. Les missions facilitées comprenaient la livraison de nourriture, de fournitures médicales et de carburant.

Près de 640.000 personnes ont fuit Rafah

Les agences humanitaires ont par ailleurs indiqué que depuis le début de l'offensive militaire israélienne sur Rafah, près de 640.000 personnes ont été déplacées. Beaucoup de ceux qui ont fui ont cherché refuge à Deir al Balah, qui est extrêmement surpeuplée et où les conditions sont désastreuses.

Le Bureau de la coordination des affaires humanitaires de l'ONU rapporte que l’afflux actuel de personnes déplacées de Rafah vers Deir al Balah – ainsi que vers Khan Younis – continue de mettre à rude épreuve une réponse déjà surchargée.

Seules cinq boulangeries restent opérationnelles dans l’ensemble de Gaza – quatre dans la ville de Gaza et une à Deir al Balah. Près d’une douzaine d’autres ont cessé leurs activités en raison de pénuries de carburant et de fournitures.

« Ces conditions ont contraint les partenaires à procéder à des distributions à petite échelle avec des stocks limités, en fournissant des rations réduites et en donnant la priorité aux gouvernorats de Khan Younis et de Deir al Balah – où des centaines de milliers de personnes déplacées de Rafah sont arrivées au cours des 10 derniers jours », a dit le porte-parole adjoint du Secrétaire général, Farhan Haq, lors d'un point de presse.

Ce déplacement continu de Rafah vers Khan Younis a exacerbé la crise de l’eau et de l’assainissement, avec des débordements d’eaux usées et des déchets solides se répandant sur les routes, les camps de déplacés et les décombres des maisons détruites – avec un impact catastrophique sur la santé, a-t-il ajouté.