Fil d'Ariane
Iraq : l’envoyée de l’ONU se félicite de l’adoption de réformes économiques mais s’inquiète des tensions
La Représentante spéciale du Secrétaire général pour l’Iraq s’est félicitée jeudi devant le Conseil de sécurité de l’ONU de l’évolution du pays ces dernières années, en particulier ces 18 derniers mois, tout en s’inquiétant de la montée des tensions.
Jeanine Hennis-Plasschaert, qui est également la Cheffe de la Mission d’assistance des Nations Unies pour l’Iraq (MANUI), a notamment salué l’adoption de réformes financières et économiques, la mise en œuvre de plans de gestion de l’eau et d’atténuation-adaptation environnementale ainsi que la réduction de la dépendance à l’égard des carburants importés.
S’attaquer à la corruption
Elle a cependant reconnu que, bien que le gouvernement iraquien s’attaque à la corruption, à l’impunité, aux ingérences et aux acteurs armés opérant en dehors du contrôle de l’État, ces fléaux représentent encore des obstacles majeurs à surmonter.
La haute fonctionnaire s’est aussi inquiétée de la montée des tensions intra et intercommunautaires, ainsi que de la récente augmentation des exécutions d’individus condamnés en vertu des lois antiterroristes.
Beaucoup reste à faire en matière de défense des libertés et droits fondamentaux, a-t-elle souligné, invitant l’Iraq à se conformer aux conventions et traités internationaux auxquels il a adhéré, avant de plaider pour une autonomisation des femmes « au-delà du symbolisme » et une plus grande liberté d’expression « sans crainte de représailles ».
Succès des élections locales
Après avoir rappelé que les élections locales de décembre dernier ont été couronnées de succès, la Représentante spéciale a salué le fait que tous les conseils de province soient désormais opérationnels, à l’exception de ceux de Diyala et Kirkouk où les négociations politiques s’éternisent.
Mme Hennis-Plasschaert a souhaité qu’un compromis soit rapidement trouvé à ce niveau comme à celui du parlement national, dont le Président n’a toujours pas été remplacé malgré six mois de pourparlers liés aux divisions internes entre responsables sunnites. Elle s’est par ailleurs déclarée préoccupée par la place croissante que prend la Cour suprême fédérale iraquienne pour combler ce vide politique.
Abordant la question de la Région du Kurdistan, la Cheffe de la MANUI a signalé qu’après de multiples reports, les élections régionales ont été fixées au 10 juin prochain mais que les préparatifs ont été interrompus, l’un des partis au pouvoir ayant annoncé sa décision de ne pas participer au scrutin. Ces élections sont pourtant « désespérément nécessaires », a-t-elle affirmé, formant l’espoir qu’une date définitive sera prochainement arrêtée et que le vote se tiendra « dans quatre mois au plus tard ».
Pour ce qui est de Sinjar, ville du nord de l’Iraq libérée de Daech il y a neuf ans, Mme Hennis-Plasschaert a constaté qu’elle reste en ruine et que le projet local d’administration unifiée n’avance pas. Alors que cet été marquera le dixième anniversaire du génocide commis par Daech contre le peuple yézidi, elle a appelé les autorités et parties prenantes à continuer les efforts de recherche des responsabilités.
Retour des personnes déplacées
L'envoyée de l'ONU a également demandé que tout soit fait pour que les personnes déplacées par le conflit puissent rentrer dans des zones jusqu’alors inaccessibles en raison de l’influence exercée par des acteurs armés, ce qui concerne la région de Sinjar mais aussi celle de Jourf el-Sakhr.
À propos de l’environnement sécuritaire régional, la Représentante spéciale a salué le fait que le gouvernement iraquien ait fait preuve de détermination pour empêcher le pays de se laisser entraîner dans un conflit plus large.
Elle a néanmoins prévenu que, compte tenu de la présence d’acteurs armés opérant en dehors du contrôle de l’État, ainsi que des pressions régionales intenses, la situation reste « inflammable ».
Dans ce contexte, elle s’est réjouie des efforts déployés en faveur du retour des ressortissants iraquiens du nord-est de la Syrie, avant d’exhorter les autres pays ayant des ressortissants à Hol ou dans d’autres installations de cette région syrienne à agir de toute urgence.
Enfin, s’agissant des ressortissants koweïtiens et de pays tiers disparus, ainsi que des biens koweïtiens disparus, y compris les archives nationales, elle a appelé à surmonter les obstacles bureaucratiques et à donner suite immédiatement aux questions en suspens.