Fil d'Ariane
Des experts de l’ONU dénoncent les attaques « inacceptables » dont ils font l’objet
Un comité d'experts indépendants de l’ONU a dénoncé, jeudi, les « déclarations agressives » et les attaques « inacceptables » dont ils font l’objet, en particulier les experts traitant de la situation à Gaza ou ceux travaillant sur des questions liées au genre.
Ces experts des droits de l'homme indiquent avoir été confrontés à des actes inacceptables d’intimidation, de menaces et d’attaques personnelles dans l’exercice de leur mandat de protection et de promotion des droits de l’homme.
Le Comité de coordination des procédures spéciales*, composé de six experts indépendants, fait état d’attaques verbales, de campagnes désobligeantes sur les médias sociaux et de déclarations agressives et offensantes de la part d’agents de l’État et de la société civile.
Des attaques personnelles
Or ces actes interviennent à un moment où les Rapporteurs spéciaux, les Experts indépendants et les Groupes de travail nommés par le Conseil des droits de l’homme des Nations Unies constituent l’avant-garde de la réponse des droits de l’homme aux crises et aux défis émergents.
Ces attaques comprennent des allégations infondées de mauvaise utilisation des ressources et des allégations de partialité et de conduite non professionnelle visant à nuire à la réputation, sur les médias sociaux, pendant les réunions de l’ONU et même lorsque les experts sont en visite officielle dans un pays.
« Nous sommes choqués par la diffamation, les menaces et les attaques personnelles auxquelles sont confrontés les experts des procédures spéciales des Nations Unies, qui font preuve de courage et de dévouement dans leur travail pour mettre en lumière les violations des droits de l’homme et les atrocités commises dans le monde entier », a déclaré le Comité d’experts qui coordonne et facilite leur travail.
Attaques contre les experts traitant de la situation à Gaza
Les attaques personnelles se sont regroupées autour de certains points chauds et contextes et se manifestent lorsque les experts se font particulièrement entendre dans des situations de crise ou d’urgence. Et c’est le cas depuis l’irruption de la crise dans la bande de Gaza.
« Nos collègues qui traitent de la situation dans les territoires palestiniens occupés et en Israël font l’objet d’attaques sévères dans les médias sociaux et d’accusations sans fondement qui remettent en question leur intégrité et leurs motivations », a fait valoir le Comité.
« Le fait de soulever des sujets politiques conflictuels et sensibles ou d’aborder de nouvelles questions fait partie intégrante du travail des titulaires de mandat au titre des procédures spéciales, ce qui peut donner lieu à des débats animés et à des points de vue divers », a insisté le Comité, appelant à ce que les désaccords soient fondés sur des preuves et exprimés de manière respectueuse et constructive.
Des menaces à l’encontre des familles des experts
De même, les titulaires de mandat travaillant sur des questions liées au genre et les titulaires de mandat de sexe féminin font l’objet d’un ciblage fondé sur le genre par le biais de menaces et de propos sexistes, et d’images dégradantes.
« Un seuil est franchi lorsque la critique ne porte pas sur le travail d’un expert indépendant, mais dévie vers des remarques personnelles désobligeantes », a souligné le Comité.
Il a également signalé des cas où des informations personnelles, y compris des adresses résidentielles et des numéros de téléphone, ont été publiées sur les médias sociaux - une pratique malveillante connue sous le nom de « doxxing ».
« La publication des données privées des experts sans leur consentement les a exposés à des risques de sécurité inacceptables. Les menaces à l’encontre des membres de la famille des titulaires de mandats sont un autre moyen d’intimidation qui crée de graves insécurités physiques et mentales qui se répercutent au-delà des experts », a mis en garde le Comité.
Des experts attaqués par des États
Par ailleurs, les experts se sont inquiétés du « comportement de certains États et organisations non gouvernementales » qui « sapent » d’importants mécanismes établis par le Conseil des droits de l’homme.
« Attaquer de la sorte les experts des droits de l’homme de l’ONU sape la crédibilité et l’autorité du Conseil qui les a nommés et de l’écosystème des droits de l’homme de l’ONU dans son ensemble », a déclaré le Comité.
Les experts appellent donc au soutien total des États afin de permettre aux experts en droits de l’homme de remplir leur mandat dans un environnement sûr et favorable, et de préserver leur indépendance et leur légitimité.
« Nous comptons sur le soutien continu du président du Conseil des droits de l’homme et du chef des droits de l’homme de l’ONU pour condamner avec la plus grande fermeté les attaques personnelles contre les experts des procédures spéciales », a fait observer le Comité.
* Le Comité de coordination est un organe composé de six experts indépendants qui coordonne et facilite le travail des procédures spéciales dans leur ensemble. Il est actuellement composé d'Isha Dyfan, Présidente, Experte indépendante sur la situation des droits de l'homme en Somalie ; Richard Bennett, Rapporteur spécial sur la situation des droits de l'homme en Afghanistan ; Surya Deva, Rapporteure spéciale sur le droit au développement ; Priya Gopalan, Vice-présidente chargée du suivi du groupe de travail sur la détention arbitraire ; Claudia Mahler, Experte indépendante sur la jouissance de tous les droits de l'homme par les personnes âgées ; Tlaleng Mofokeng (ex-officio), Rapporteur spécial sur le droit qu'a toute personne de jouir du meilleur état de santé physique et mentale possible