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À Bahreïn, un forum soutenu par l'ONU cherche des moyens innovants de relever les défis mondiaux

Un forum soutenu par les Nations Unies s'est ouvert mardi à Bahreïn, où des délégués représentant des gouvernements et la société civile se sont joint à des investisseurs, des universitaires et des innovateurs du monde entier à la recherche de moyens de soutenir les chefs d'entreprise qui peuvent contribuer à construire un avenir meilleur et à assurer un développement durable pour tous. 

La cinquième édition du World Entrepreneurs Investment Forum (WEIF), qui a démarré à Manama, se concentre sur les régions arabe et africaine et a pour thème « Atteindre les [objectifs de développement durable] en encourageant l'innovation et la croissance économique ». 

Au cours des trois prochains jours, le Forum examinera des questions urgentes telles que la pauvreté, l'inégalité et le changement climatique, dens le cadre des Objectifs de développement durable (ODD). 

Sous l'égide du Bureau de promotion des investissements et de la technologie de l'Organisation des Nations Unies pour le développement industriel (ONUDI) à Bahreïn, le WEIF a obtenu le soutien d'un consortium de partenaires influents. 

Parmi les collaborateurs figurent la Ligue des États arabes, l'Union des chambres arabes, la Banque arabe pour le développement économique en Afrique, la Fédération de Shenzhen pour la promotion de l'entrepreneuriat, ainsi que diverses entités locales, régionales et internationales. 

Fatou Haidara, la Directrice générale adjointe de l'ONUDI.
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Fatou Haidara, la Directrice générale adjointe de l'ONUDI.

Un rôle essentiel 

Dans un entretien accordé à ONU Info, Fatou Haidara, la Directrice générale adjointe de l'ONUDI, a souligné le rôle essentiel du secteur privé dans le développement économique, en particulier dans les pays en développement. 

« Cela montre l'importance d'un tel rassemblement [comme celui-ci] non seulement pour le secteur privé mais aussi pour tous les acteurs, les décideurs politiques, le monde universitaire, les investissements et les institutions financières pour se réunir et voir comment nous pouvons accélérer la mise en œuvre des ODD », a-t-elle dit.

Soulignant l'impératif d'une action collective, Mme Haidara a affirmé que « les défis auxquels nous sommes confrontés aujourd'hui ne peuvent être relevés par une seule entité ou un seul groupe. Nous avons besoin d'un effort collectif ». 

En mettant l'accent sur la promotion des partenariats, le WEIF vise à galvaniser la coopération internationale, en unissant les parties prenantes arabes et africaines pour promouvoir l'investissement et le développement de l'esprit d'entreprise. 

Mme Haidara a noté le rôle essentiel du secteur privé dans la promotion de l'investissement, de la technologie et de l'innovation. 

« Six voies d'investissement de transition » 

Lors de la séance d'ouverture, Rola Dashti, la Secrétaire exécutive de la Commission économique et sociale des Nations Unies pour l'Asie occidentale (CESAO), a souligné l'engagement du forum à traduire les ODD en résultats tangibles. 

« Le thème de notre forum, Six voies d'investissement de transition pour réaliser les ODD, nous incite à repenser et à remodeler nos approches dans les secteurs politiques, tels que l'énergie et la connectivité numérique », a-t-elle expliqué. 

Les jeunes leaders et entrepreneurs sont les architectes de la prochaine révolution dans le développement mondial

Mme Dashti a exhorté les parties prenantes à tirer parti de la transformation numérique et à améliorer les systèmes éducatifs pour lutter contre le changement climatique et créer des emplois inclusifs, en soulignant le besoin urgent de partenariats stratégiques pour relever les défis mondiaux urgents. 

« Les architectes de la prochaine révolution » 

Mme Dashti a ensuite souligné le rôle essentiel des jeunes leaders et entrepreneurs, en insistant sur le fait qu'ils sont « les architectes de la prochaine révolution dans le développement mondial ». 

« Inspirons-nous de l'esprit de collaboration de ce forum et rappelons-nous que notre travail ne s'arrête pas là », a-t-elle lancé. 

Elle a encouragé les participants à exploiter leurs idées pour combler la « fracture numérique », créer des environnements durables et sortir de la pauvreté. 

Le rôle du monde universitaire 

Le WEIF souligne l'importance des partenariats entre les secteurs, y compris le monde universitaire. 

Dans ce contexte, le Dr Lydia Takyi, de l'Université AAMUSTED du Ghana, a souligné l'opportunité du forum pour relever les défis en matière d'emploi auxquels sont confrontés les diplômés. 

Il est vital de fournir aux étudiants des compétences en matière d'entrepreneuriat - le mandat principal de l'université - et d'accéder à des financements intelligents et à des opportunités de réseautage, a fait valoir l’universitaire. 

Le WEIF appelle également les institutions universitaires à intensifier leurs investissements dans la recherche et le développement, car une telle démarche stratégique peut donner naissance à de nouvelles technologies capables de relever certains des défis les plus redoutables du monde. 

L'université d'agriculture de Sokoine, en Tanzanie, met en œuvre ce principe en trouvant des moyens d'autonomiser ses étudiants avant même qu'ils n'obtiennent leur diplôme. Elle a mis en place une coopérative d'entrepreneurs diplômés de l'université de Sokoine, SUGECO, qui fonctionne comme un incubateur pour les diplômés. 

S'adressant à ONU Info en marge du forum, Revocatus Kimario, le Directeur exécutif de SUGECO, a déclaré : « Nous voulons commercialiser l'agriculture ; nous avons les étudiants ; maintenant, nous leur fournissons des compétences entrepreneuriales ainsi que la technologie ».

Actuellement, SUGECO a mis en place un système d'irrigation à énergie solaire. Cette technologie permet aux membres de la coopérative de pratiquer une agriculture durable, et ils ont même trouvé un marché pour le citron doux à Dubaï, aux Émirats arabes unis. 

« Nous voulons faire de l'agriculture le premier choix et non le dernier pour les diplômés de l'université », a souligné M. Kimario, qui a participé au forum en tant qu'entrepreneur. 

Olive Zaituni Kigongo, présidente de la Chambre nationale de commerce et d'industrie de l'Ouganda (UNCCI).
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Olive Zaituni Kigongo, présidente de la Chambre nationale de commerce et d'industrie de l'Ouganda (UNCCI).

Financement et mise en réseau 

Promouvoir l'esprit d'entreprise en donnant accès à des financements intelligents et à des opportunités de mise en réseau est une autre approche que l'ONUDI cite comme moyen de promouvoir les ODD. 

Selon Olive Zaitun Kigongo, la Présidente de la Chambre de commerce de l'Ouganda, aujourd'hui les pays africains « donnent leurs ressources aux pays développés. Nous exportons des emplois et des ressources ».

« Beaucoup d'Ougandais travaillent à l'étranger parce qu'ils ne peuvent pas être employés en Ouganda », a-t-elle déclaré lors d'un débat sur la création de partenariats durables. 

Mme Kigongo a ajouté : « Nous devons ajouter de la valeur à nos ressources ; sans cela, les petites et moyennes entreprises ne se développeront jamais. Joignons nos mains, car deux têtes valent mieux qu'une. Vous avez de l'argent, nous avons des ressources ». 

Khaled El Mekwad, coordinateur résident des Nations unies au Bahreïn.
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Khaled El Mekwad, coordinateur résident des Nations unies au Bahreïn.

Un rôle accru dans la plate-forme multilatérale 

« La tenue du WEIF cette année coïncide avec le sommet de la Ligue des Etats arabes, auquel le Secrétaire général António Guterres assistera en personne », selon Khaled El Mekwad, le Coordinateur résident des Nations Unies à Bahreïn. 

« L'enchaînement de ces deux événements reflète le rôle croissant que joue Bahreïn au sein de la plateforme multilatérale et son positionnement en tant qu'acteur proactif », explique-t-il. 

« La tenue du WEIF cette année coïncide avec la formulation du Cadre de coopération pour le développement durable des Nations Unies pour la période 2025-2029. Nous avons organisé une série de consultations et de négociations avec le gouvernement et les parties prenantes nationales à différents niveaux afin de pouvoir formuler le nouveau cadre de coopération ». 

M. El Mekwad a déclaré que c'était la première fois que la société civile était incluse dans les parties prenantes nationales, en plus du secteur privé et d'autres partenaires de développement au Bahreïn. 

« L'appropriation nationale s'est reflétée dans les discussions où le gouvernement de Bahreïn a pris en charge les consultations et les négociations, et nous nous sommes retrouvés avec les principaux piliers du nouveau cadre de coopération, qui sera le cadre de coopération pour Bahreïn », a-t-il conclu. 

« Croire en soi »

Reem Seyam, la Présidente du Conseil des femmes d'affaires économiques de la Fédération des chambres de commerce égyptiennes et membre du conseil d'administration de la Fédération mondiale des chambres de commerce, fait partie des bénéficiaires des programmes de formation de l'ONUDI. 

S'adressant à ONU Info, elle avait un message pour les femmes entrepreneurs : « J'ai reçu une formation de l'ONUDI en 2015 ici à Bahreïn, par l'intermédiaire du bureau de l'ONUDI-ITPO. Et j'ai vraiment bénéficié de cette formation. Elle m'a beaucoup aidée dans mon entreprise et m'a ouvert les portes des institutions financières et des banques. Mon message aux femmes entrepreneurs est de croire en elles-mêmes ».

L'économie orange 

Mercredi, le WEIF 2024 se concentrera, entre autres, sur l'exploitation des technologies agricoles pour la sécurité alimentaire et sur le rôle de ce que l'on appelle l'« économie orange », composée de secteurs créatifs qui peuvent contribuer à accélérer la réalisation des ODD.  Parmi les principaux orateurs de la deuxième journée du forum figurera M. Felipe Buitrago, ancien ministre colombien de la Culture, connu comme le père fondateur de l'« économie orange ». 

Selon les Nations Unies, l'économie créative est un concept évolutif fondé sur la contribution et le potentiel des actifs créatifs à la croissance économique et au développement.

Elle englobe des aspects économiques, culturels et sociaux qui interagissent avec la technologie, la propriété intellectuelle et les objectifs touristiques : il s'agit d'un ensemble d'activités économiques fondées sur la connaissance, et donc plus localisées, avec une dimension de développement et des liens transversaux aux niveaux macro et microéconomiques avec l'ensemble de l'économie.