Fil d'Ariane
Ukraine : l’ONU préoccupée par l’intensification des attaques à Kharkiv
Alors que depuis plusieurs semaines, les attaques russes redoublent de violence en Ukraine, le Bureau des droits de l’homme de l’ONU s’est inquiété, mardi, de l’intensification des attaques dans la région de Kharkiv, proche de la frontière.
L’intensification des attaques dans l’oblast de Kharkivska continue de faire des victimes civiles, de causer des destructions massives et de provoquer des déplacements à partir des communautés territoriales (hromadas) de la ligne de front et des localités frontalières.
Le Haut-Commissariat de l’ONU aux droits de l’homme (HCDH) s’est dit profondément préoccupé par le sort des civils en Ukraine où « les forces armées russes ont intensifié leurs attaques ces derniers jours ».
Ces derniers assauts, qui ont permis à Moscou de « s’emparer de nouveaux territoires ukrainiens », a provoqué de nouveaux déplacements de population et « menace potentiellement Kharkiv, la deuxième plus grande ville d’Ukraine ».
Au moins huit civils tués depuis vendredi
Depuis la dernière incursion des forces russes le 10 mai, au cours de laquelle elles ont pris le contrôle de plusieurs petites localités, l’ONU estime qu’au moins 6.000 personnes ont fui ou ont été évacuées des zones situées à la frontière. « Nombre d’entre elles ont atteint la ville de Kharkiv, située à seulement 30 ou 40 kilomètres des combats », a déclaré lors d’un point de presse régulier de l’ONU à Genève, Liz Throssell, porte-parole du HCDH.
Sur place, les équipes de surveillance des droits de l’homme de l’ONU en Ukraine, qui continue d’analyser les informations en provenance du terrain, ont vérifié qu’au moins huit civils ont été tués et 35 blessés dans la région de Kharkiv depuis vendredi dernier.
« Ces chiffres s’inscrivent dans la continuité du mois d’avril, au cours duquel au moins 129 civils ont été tués et 574 blessés, pour la plupart lors d’attaques menées par les forces armées russes le long de la ligne de front », a ajouté Mme Throssell.
Dans la région, la situation est « désastreuse », avec l’intensification des combats. Les équipes du HCDH à Kharkiv rapportent que les sirènes d’alerte aérienne retentissent presque constamment. « Nos collègues entendent des explosions dans la zone frontalière et même dans la ville », a fait valoir Liz Throssell.
Des coupures d’électricité quotidiennes
Dans la ville frontalière de Vovchansk, au nord-est de l’Ukraine, où les destructions ont été importantes, des combats intenses se poursuivent. Plusieurs centaines de civils, sur une population de quelque 3.000 habitants avant le 10 mai, s’y trouveraient encore.
« Nous étudions également des informations selon lesquelles des débris tombés d’un missile intercepté auraient touché un immeuble d’habitation à Belgorod, dans la Fédération de Russie, faisant des victimes civiles », a détaillé la porte-parole du HCDH.
Par ailleurs, les attaques incessantes contre l’infrastructure énergétique de l’Ukraine, qui depuis mars ont touché des millions de personnes dans tout le pays, ont également entraîné des coupures d’électricité quotidiennes dans de nombreux quartiers de Kharkiv.
Face à l’intensification des combats dans la région, les services du Haut-Commissaire Volker Türk exhortent toutes les parties à tout mettre en œuvre pour éviter ou, en tout état de cause, minimiser les dommages causés aux civils, notamment en « évitant d’utiliser des armes explosives à large spectre dans les zones peuplées ».
Le Haut-Commissariat appelle également une nouvelle fois la Russie à cesser immédiatement son attaque armée contre l’Ukraine, et à se retirer à l’intérieur des frontières internationalement reconnues.
Maisons et infrastructures civiles endommagées
Sur le plan humanitaire, le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA) note que parmi les 6.000 déplacés, les personnes fuyant les zones touchées par les combats se dirigent vers la ville de Kharkiv, et certaines se rendent dans d’autres parties du pays.
Selon l’OCHA, les autorités locales ont signalé qu’au moins 30 villes et villages de l’oblast ont subi une nouvelle vague d’attaques le 12 mai, endommageant des maisons, un établissement d’enseignement et d’autres infrastructures civiles.
En particulier, la ville de Vovchansk, située à environ 5 kilomètres de la frontière avec la Russie, aurait subi de lourdes destructions selon les témoignages recueillis par les travailleurs humanitaires auprès des habitants ayant fui la ville.
L’Agence de l’ONU pour les migrations (OIM) estime qu’il reste 300 personnes à Vovchansk sur 2.500 habitants avant cette dernière escalade des hostilités, selon les autorités. Au total, selon l’évaluation de l’OIM publiée le 13 mai, 5.300 personnes seraient encore présentes dans les communautés territoriales les plus touchées de Lypetska et Vovchanska.