Fil d'Ariane
Haïti : l’UNICEF intensifie ses efforts pour lutter contre la malnutrition infantile
Alors que des actes de violence continuent de cibler la population dans les quartiers de Port-au-Prince, les agences humanitaires des Nations Unies et leurs partenaires s’activent sur le terrain et intensifient leurs efforts pour lutter contre la malnutrition infantile.
Malgré « les réalités changeantes et les circonstances difficiles » sur le terrain, le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) est resté déterminé à renforcer la réponse à la malnutrition dans ce pays caribéen, en travaillant main dans la main avec le ministère haïtien de la Santé et ses partenaires.
En un mois, environ 30.000 enfants de moins de cinq ans ont fait l’objet d’un dépistage de la malnutrition, dont plus de la moitié 16.000 ont reçu des soins appropriés pour lutter contre l’émaciation.
Les violences paralysent les activités des humanitaires
« En temps de crise, la nutrition est plus importante que jamais. Chaque seconde compte. La malnutrition est mortelle. C’est maintenant qu’il faut agir », a déclaré Roger Sodjinou, Chef du programme de nutrition de l’UNICEF en Haïti, ajoutant que « des actions urgentes sont nécessaires pour prévenir et traiter la malnutrition chez les enfants, fournir aux communautés un accès à l’eau et à l’assainissement, et protéger les femmes et les enfants de la violence et de l’exploitation ».
Dans la zone métropolitaine de Port-au-Prince, où une série d’attaques coordonnées perpétrées par des groupes armés ont paralysé la ville, l’UNICEF et les partenaires du groupe sectoriel sur la nutrition ont réussi à fournir des soins nutritionnels de qualité à plus de 5.000 enfants souffrant d’émaciation.
En outre, près de 5.000 enfants âgés de 6 à 59 mois ont reçu des suppléments de vitamine A dans les sites de déplacés internes à Port-au-Prince. Dans l’ensemble du pays, plus de 25.000 enfants âgés de 6 à 59 mois ont reçu des suppléments de vitamine A en mars dernier.
Plus de 5.000 personnes déplacées par les violences du 25 avril à Port-au-Prince
L’UNICEF et ses partenaires ont également pris des mesures non seulement pour traiter l’émaciation des enfants, mais aussi pour la prévenir. Au total, plus de 6.000 femmes enceintes et allaitantes ont reçu des messages clés sur l’alimentation des nourrissons et des jeunes enfants par le biais d’un changement social et comportemental, ainsi que des micronutriments.
Ces interventions interviennent alors que la situation sécuritaire à Port-au-Prince reste marquée par la persistance des actes de violence perpétrés par les groupes armés actifs dans une large partie du territoire de la capitale haïtienne. Selon le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA), cette situation continue d’entrainer des conséquences humanitaires sur les populations des quartiers affectés.
Depuis le 25 avril, de nombreuses attaques ont eu lieu dans la commune de Damas et ont entrainé le déplacement de plus de plus de 5.000 personnes dans les quartiers de Cité Numéro 2 et de Solino, selon l’Organisation Internationale pour les Migrations (OIM).
Des chiffres « alarmants » d’enfants souffrant de malnutrition aiguë sévère
Des 30.000 enfants de moins de 5 ans dépistés pour malnutrition en mars dernier, 16.200 ont reçu un traitement contre l'émaciation grâce.
Face à cette dernière vague de violences, l’UNICEF a travaillé en étroite collaboration avec le ministère de la Santé pour maintenir l’approvisionnement en produits nutritionnels essentiels, notamment en aliments thérapeutiques prêts à l’emploi (RUTF) et en produits laitiers thérapeutiques.
« Cependant, la violence continue de poser des problèmes importants à nos partenaires pour atteindre la population affectée dans certaines zones de Port-au-Prince, malgré la disponibilité d’un stock important d’aliments thérapeutiques », déplore l’UNICEF.
Or sur le terrain, les chiffres sont toujours préoccupants. L’Agence onusienne prévoit « une augmentation alarmante de près de 20 % du nombre d’enfants souffrant de malnutrition aiguë sévère (MAS) en Haïti cette année.
De plus, comme le montre la dernière analyse de l’IPC, 1,6 million de personnes sont confrontées à des niveaux d’urgence d’insécurité alimentaire aiguë (Phase 4 de l’IPC), ce qui augmente le risque d’émaciation et de malnutrition chez les enfants, en particulier dans 8 zones du pays caribéen.