Fil d'Ariane
Gaza : 80.000 personnes déplacées de Rafah suite à l’intensification des bombardements israéliens
Alors que les bombardements israéliens se poursuivent dans la bande de Gaza, 80.000 personnes ont quitté depuis lundi Rafah, cette ville palestinienne surpeuplée menacée d’une offensive terrestre majeure, ont indiqué jeudi des agences humanitaires des Nations Unies, relevant qu'aucun endroit « n’est sûr » dans l’enclave palestinienne.
Selon l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés palestiniens (UNRWA), ce sont des dizaines de milliers de personnes qui ont quitté de force la ville de Rafah en quête de sécurité vers le nord, mais les quelques sites de déplacement où elles arrivent sont dépourvus d’infrastructures essentielles.
La plupart des personnes déracinées par les ordres d’évacuation de l’armée israélienne dans l’est de Rafah ont déjà été déplacées d’autres zones de Gaza ; elles partent maintenant avec tout ce qu’elles peuvent transporter « dans des véhicules, des camions, (sur) des motos et des charrettes tirées par des ânes », selon l’UNRWA.
Plus de 47.000 déplacés pour la seule journée de mercredi
L’agence onusienne estime que plus de 47.500 personnes ont quitté leurs abris à Rafah au cours de la seule journée de mercredi. Certaines familles se sont orientées naturellement vers les abris de l’agence à Tel Sultan et Al Mawasi, à l’ouest de l’enclave palestinienne.
D’après l’ONU, parmi les 1,4 million de Palestiniens, en grande majorité des déplacés, Rafah comptait quelque 250.000 d’habitants avant la flambée de violences. Alors qu’Israël a appelé les civils à quitter l’est de la ville, ce qui pourrait indiquer une offensive terrestre majeure à Rafah dans un avenir proche, ces familles de déplacés cherchent à s’abriter ailleurs.
Dans sa dernière mise à jour, le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA) est revenu sur la reprise des hostilités.
« Le 7 mai, une opération terrestre de l’armée israélienne a commencé dans l’est de Rafah, y compris dans les zones des points de passage de Rafah et de Kerem Shalom, ainsi que sur quelque 31 kilomètres carrés où les résidents avaient reçu l’ordre d’évacuer le 6 mai », a détaillé dans son dernier rapport l’OCHA.
Risque de pénurie de carburant
C’est dans ce contexte que le chef de l’ONU a averti, le mardi 7 mai, qu’un assaut de grande envergure sur Rafah, l’épicentre de l’opération humanitaire, serait catastrophique et paralyserait tous les efforts visant à fournir une aide cruciale à la population ». António Guterres a souligné qu’il était impératif de protéger les civils, qu’ils restent à Rafah ou qu’ils en partent.
Ces derniers développements à Rafah surviennent alors que les humanitaires de l’ONU ont réitéré leurs avertissements concernant le manque d’aide désespérément nécessaire pour atteindre les personnes très vulnérables à Gaza, malgré les informations selon lesquelles le point de passage de Kerem Shalom, près de Rafah, avait rouvert.
Avec le maintien de la fermeture du point de passage de Rafah, les agences humanitaires préviennent que les stocks de carburant existants pour soutenir les opérations d’aide seront épuisés dans les jours à venir.
Le point de passage de Kerem Shalom avait été fermé à la suite d’une attaque à la roquette meurtrière revendiquée par le Hamas le week-end dernier. Il se trouve à côté de Rafah, principal point d’entrée de l’aide dans la bande de Gaza, dont les forces israéliennes se sont emparées mardi, anéantissant les espoirs de cessez-le-feu.
Les enfants de Rafah sont à la limite de la survie
En écho à ces informations, l’Agence des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) rappelle qu’une grande partie des plus de 600.000 enfants « entassés » à Rafah sont déjà « très vulnérables et à la limite de la survie », et prévient qu’une « incursion terrestre israélienne les exposerait à des risques catastrophiques ».
De plus, tous les établissements médicaux clés de Rafah pourraient bientôt devenir inaccessibles ou inopérants, avertissent les partenaires du groupe sectoriel Santé, l’hôpital An Najjar - l’un des trois restants à Rafah - ayant déjà été brusquement évacué le 7 mai.
Face à cette situation, les humanitaires réitèrent leur demande pour une reprise de l’entrée des marchandises, y compris le carburant, afin qu’elles puissent recommencer à gérer les approvisionnements entrants ».
« Cependant, la situation reste extrêmement fluide et nous continuons à faire face à une série de défis, dans un contexte d’hostilités actives. Nous comptons sur la coopération pour rendre ces points de passage à nouveau opérationnels, étant donné que les stocks de fournitures essentielles, y compris le carburant, s’épuisent d’heure en heure », a ajouté l’OCHA.
La violence ne faiblit pas en Cisjordanie
Alors que la guerre se poursuit à Gaza, le Haut-Commissariat de l’ONU aux droits de l’homme (HCDH) a averti que les violations commises à l’encontre des Palestiniens en Cisjordanie occupée ont également augmenté de manière substantielle.
« Les forces de défense israéliennes (FDI) agissent comme s’il y avait un conflit armé en Cisjordanie », a déclaré lors d’un entretien avec ONU Info, Ajith Sunghay, chef du bureau du HCDH dans le territoire palestinien occupé. M. Sunghay a expliqué que la situation en Cisjordanie était déjà très grave avant même que les hostilités n’éclatent à Gaza à la suite des attaques menées par le Hamas dans le sud d’Israël, qui ont fait quelque 1.250 morts et plus de 250 otages.
Selon l’OCHA, 479 Palestiniens ont été tués, dont 116 enfants depuis le 7 octobre dernier. 462 d’entre eux ont été tués par les forces israéliennes, dix par des colons et huit dans des cas où les équipes de l’ONU ne savent pas si les auteurs étaient des colons ou des soldats.
Par ailleurs, quelque 1.800 Palestiniens, dont 75 % d’enfants, ont été déplacés lors de démolitions de maisons. Plus de la moitié d’entre eux ont été déplacés lors d’opérations menées par les forces israéliennes, principalement dans les camps de réfugiés des villes de Tulkarm et de Jénine.