Fil d'Ariane
Aucune aide n’entre à Gaza, selon l'UNRWA
Alors que des milliers de personnes affluent vers le centre de Gaza, principalement vers la ville de Deir el-Balah, après la prise par Israël du point de passage vital de Rafah, à la frontière avec l’Égypte, l’enclave palestinienne est toujours privée d’aide humanitaire, a averti mercredi l’Agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens (UNRWA).
« Nous ne recevons aucune aide dans la bande de Gaza », a déclaré Scott Anderson, Directeur des affaires de l’UNRWA à Gaza, dans un message sur X, évoquant une situation qui s’avère « désastreuse pour la réponse humanitaire ».
Dans ce climat des opérations israéliennes sur Rafah, l’acheminement de l’aide est interrompu. La zone autour du poste frontalier de Rafah a fait l’objet « d’opérations militaires continues ». « Il y a eu des bombardements continus dans cette zone tout au long de la journée », a ajouté M. Anderson.
Aucun carburant n’est entré dans la bande de Gaza
Ces dernières semaines, les agences humanitaires onusiennes ont prévenu que si l’aide à Gaza restait bloquée, les réserves critiques de carburant diesel s’épuiseraient d’ici la fin de la journée, ce qui obligerait à fermer une importante installation de production d’eau et à interrompre l’approvisionnement en eau potable dans le nord de la bande de Gaza.
« Aucun carburant ni aucune aide n’est entré dans la bande de Gaza, ce qui est désastreux pour la réponse humanitaire », a fait valoir Scott Anderson.
Cette nouvelle alerte de l’UNRWA intervient alors que l’armée israélienne dit mener des opérations dans des zones « spécifiques » de la ville de Rafah. Mais selon le Secrétaire général des Nations Unies, António Guterres, une invasion massive de Rafah par les forces israéliennes serait « une erreur stratégique, une calamité politique et un cauchemar humanitaire ».
Le chef de l'humanitaire de l'ONU, Martin Griffiths, a également estimé que « les derniers ordres d’évacuation par Israël et ses opérations terrestres entraîneront davantage de morts et de déplacements ». « Les civils doivent être protégés et leurs besoins fondamentaux doivent être satisfaits, qu'ils déménagent ou restent », a-t-il dit, ajoutant que l'ONU et ses partenaires restent déterminés à fournir une aide aux personnes, où qu’elles se trouvent.
Ces derniers développements arrivent dans un climat d’incertitudes pour les humanitaires. Mais selon les rapports des médias, l’armée israélienne a annoncé mercredi la réouverture du point de passage de Kerem Shalom pour faire « entrer l’aide humanitaire » dans la bande de Gaza, quatre jours après sa fermeture consécutive à des tirs de roquettes sur la zone.
Aucun endroit sûr où les gens peuvent se réfugier
Pour autant, la peur est présente dans l’enclave palestinienne. « Il n’y a vraiment aucun endroit sûr pour ces personnes », a détaillé un autre responsable de l’UNRWA.
Sam Rose, Directeur de la planification à l’UNRWA, a ainsi décrit des « bombardements sauvages » auxquels les zones de la bande de Gaza ont été confrontées. Il a expliqué qu’il n’y avait aucun endroit sûr où les gens peuvent se réfugier dans l’enclave assiégée.
Sur le terrain, alors que les habitants de Rafah continuent de quitter la zone, les équipes de l’UNRWA ont constaté ce mercredi matin « un flot continu de véhicules déjà remplis de familles et d’effets personnels ».
« Ceux qui restent s’affairent à leur survie quotidienne, collectant de l’eau », a ajouté Louise Wateridge, la porte-parole de l’UNRWA sur X. « Les familles et les collègues à qui je parle expriment leur peur de ce qu’ils vont faire ensuite ».
Il ne reste que 3 jours de carburant aux hôpitaux du sud de Gaza
De son côté, l’Agence sanitaire mondiale de l’ONU note que la fermeture du poste frontalier de Rafah continue d’empêcher les agences onusiennes d’apporter du carburant.
En raison de « la fermeture du poste frontière, qui continue d’empêcher l’ONU d’apporter du carburant », il ne reste que trois jours de carburant aux hôpitaux du sud de la bande de Gaza, « ce qui signifie qu’ils pourraient bientôt cesser de fonctionner », a prévenu sur le réseau social X, le chef de l’Organisation mondiale de la santé (OMS).
Selon Tedros Adhanom Ghebreyesus, « l’un des trois hôpitaux de Rafah, Al-Najjar, ne fonctionne plus en raison des hostilités en cours dans les environs et de l’opération militaire à Rafah ». Et d’alerter : « Sans carburant, toutes les opérations humanitaires s’arrêteront. Les fermetures de frontières entravent également l’acheminement de l’aide humanitaire dans la bande de Gaza ».
L’OMS avait confirmé le 3 mai dernier qu’un tiers seulement des 36 hôpitaux de l’enclave palestinienne et 30% des centres de soins de santé primaires fonctionnaient d’une manière ou d’une autre, en raison des attaques répétées et des pénuries de fournitures médicales vitales, de carburant et de personnel.
Alors que les opérations « humanitaires fragiles » ont besoin d’être étendues de toute urgence, l’opération militaire de Rafah limite encore davantage leur capacité à atteindre « des milliers de personnes qui vivent dans des conditions désastreuses, sans nourriture adéquate, sans installations sanitaires, sans services de santé et sans sécurité ». « Cela doit cesser immédiatement », a fait valoir le Dr Tedros.
Faisant écho aux appels des dirigeants politiques et responsables humanitaires du monde entier, il a également plaidé en faveur de l’arrêt des opérations militaires à Rafah, dont l’armée israélienne a déclaré qu’elles se poursuivraient avec ou sans accord de cessez-le-feu.