Fil d'Ariane
La mésinformation et la politisation de la question migratoire « obscurcissent le discours public »
L'argent envoyé par les migrants à l'étranger a dépassé les investissements directs étrangers pour stimuler le produit intérieur brut (PIB) des pays en développement, a déclaré l'agence des Nations Unies chargée des migrations, l'OIM, dans la dernière édition de son rapport phare, publié mardi.
Le Rapport sur les migrations dans le monde 2024 révèle un changement significatif dans les schémas migratoires mondiaux, notamment un nombre record de personnes déplacées en raison de conflits, de violences, de catastrophes naturelles ou pour d'autres raisons.
S'exprimant lors de la présentation du rapport à Dhaka, au Bangladesh, la Directrice générale de l'OIM, Amy Pope, a déclaré que le rapport vise à « démystifier la complexité de la mobilité humaine grâce à des données et des analyses fondées sur des preuves ».
Piloter le développement et la croissance
Les migrations internationales restent un moteur du développement humain et de la croissance économique, comme le montre l’augmentation de plus de 650% des envois de fonds internationaux entre 2000 et 2022, passant de 128 milliards de dollars à 831 milliards de dollars.
La croissance s’est poursuivie malgré les prévisions selon lesquelles les envois de fonds diminueraient considérablement en raison de la pandémie de COVID-19.
La majeure partie de l’argent, soit 647 milliards de dollars, a été envoyée aux pays à revenu faible ou intermédiaire, constituant une part importante de leur PIB, c’est-à-dire le montant d’argent gagné grâce à la vente de tous les biens et services.
À l’échelle mondiale, ces envois de fonds dépassent désormais les investissements directs étrangers dans ces pays.
Déplacements records
Le rapport révèle également les défis persistants. Même si la plupart des gens continuent de vivre dans le pays où ils sont nés, on estime que 281 millions de personnes dans le monde sont des migrants internationaux, soit environ 3,6% de la population mondiale. Sur ce nombre, 117 millions sont déplacés – le niveau le plus élevé jamais atteint.
L’OIM a rappelé que la migration fait partie intégrante de l’histoire de l’humanité, mais qu’elle est souvent éclipsée par des récits sensationnalistes et des gros titres qui démentent la réalité sur le terrain.
« La plupart des migrations sont régulières, sûres et ciblées sur une région, directement liées aux opportunités et aux moyens de subsistance », a affirmé l'agence des Nations Unies. « Pourtant, la mésinformation et la politisation obscurcissent le discours public, nécessitant une représentation claire et précise de la dynamique migratoire ».
Pleins feux sur le Bangladesh
L’OIM a choisi Dhaka comme site de la présentation du rapport, à la fois pour souligner les efforts du Bangladesh visant à soutenir les migrants vulnérables et à promouvoir des voies vers une migration régulière, et pour reconnaître le rôle important du pays dans l’élaboration du discours et de la politique migratoire mondiale.
En tant que champion du Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières, adopté en décembre 2018, le Bangladesh a démontré son ferme engagement à résoudre les problèmes de migrations et à mettre en œuvre des politiques qui protègent les droits des migrants, a déclaré l'OIM.
Le ministre des Affaires étrangères du pays, le Dr Hasan Mahmud, a déclaré : « Le Bangladesh continuera non seulement à donner suite aux engagements qu'il a pris dans son contexte national, mais il abordera également les questions et défis émergents liés aux migrations et au développement dans le cadre de délibérations éclairées au niveau international ».