Fil d'Ariane
Russie : le chef des droits de l’homme de l’ONU s’inquiète de l’intensification de la répression de la presse
Le chef des droits de l’homme des Nations Unies, Volker Turk, a exprimé mardi son inquiétude face à l’intensification de la répression à l’encontre des journalistes en Russie, déclarant que la presse devrait pouvoir travailler sans crainte de représailles.
Le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme fait état d’un nombre croissant de journalistes inculpés, condamnés et emprisonnés en Russie pour leurs reportages indépendants, dans ce qui semble être une intensification de la répression à l’encontre des voix dissidentes.
Les journalistes devraient pouvoir travailler dans un environnement sûr, sans craindre de représailles
« L’intensification de la répression contre le travail des journalistes indépendants doit cesser immédiatement et le droit d’informer - un élément clé du droit à la liberté d’expression - doit être respecté », a déclaré dans un communiqué, Volker Türk.
Des journalistes purgeant des peines allant de 5 à 22 ans de prison
Selon M. Türk, « au moins 30 journalistes sont actuellement détenus en Russie pour diverses accusations criminelles » et « sur les 30 journalistes privés de liberté, 12 purgent des peines de prison allant de cinq ans et demi à 22 ans de prison ».
Depuis mars, au moins sept journalistes ont fait l’objet d’accusations administratives ou pénales, notamment pour avoir critiqué les actions de la Russie en Ukraine ou pour leurs liens présumés avec le défunt opposant Alexeï Navalny et sa Fondation anti-corruption (FBK), qualifiée d’ « extrémiste » en 2021.
« Les attaques continues contre la liberté d’expression et la criminalisation du journalisme indépendant en Russie sont très inquiétantes », a fait valoir M. Türk. Il demande aux autorités d’« abandonner immédiatement les charges retenues contre les journalistes détenus uniquement pour avoir exercé leur travail et à les libérer ».
Recours fréquent à un vaste ensemble de lois anti-terroristes
En conséquence, les Russes ont un accès de plus en plus restreint aux informations et aux points de vue non étatiques, ce qui entrave leur capacité à bénéficier de sources diverses et à prendre des décisions en toute connaissance de cause sur des questions d’intérêt public vital, a regretté le chef des droits de l’homme de l’ONU.
Selon le HCDH, Moscou semble « tenter de renforcer davantage leur contrôle » sur la manière dont sont rapportées les informations que ce soit sur les questions intérieures ou sur la guerre en Ukraine.
Les services du Haut-Commissaire Türk se disent « également préoccupés » par le recours fréquent à un vaste ensemble de textes législatifs destinés à lutter « contre le terrorisme et l’extrémisme » et demande aux autorités de le remettre en conformité avec les droits de l’homme.
« Les journalistes devraient pouvoir travailler dans un environnement sûr, sans craindre de représailles - conformément aux obligations internationales de la Russie en matière de droits humains », a rappelé Volker Türk.