Fil d'Ariane
RDC : la MONUSCO a cessé ses opérations au Sud-Kivu dans le cadre de son retrait progressif
La mission de maintien de la paix des Nations Unies en République démocratique du Congo, la MONUSCO, a mis fin mardi 30 avril à ses opérations dans la province du Sud-Kivu, dans le cadre de son retrait progressif de l'est du pays.
A la demande du gouvernement congolais, le Conseil de sécurité de l’ONU a décidé en décembre 2023 du retrait de la force de la MONUSCO du Sud-Kivu avant la fin du mois d'avril 2024 dans sa résolution 2717.
Seul le personnel en uniforme nécessaire pour assurer la sécurité du personnel, des installations, des convois et du matériel de l'ONU y sera maintenu jusqu’à la fin des activités de retrait.
Présence au Nord-Kivu et en Ituri
A partir de mercredi 1er mai, la MONUSCO va désormais limiter la mise en œuvre de son mandat aux provinces du Nord-Kivu et de l'Ituri, dans l’est de la RDC, a précisé le porte-parole du Secrétaire général de l’ONU, Stéphane Dujarric, lors d’un point de presse à New York.
Dans un communiqué de presse, la cheffe de la MONUSCO, Bintou Keita, a souligné que « la responsabilité de la sécurité et de la protection physique des civils incombe désormais aux forces de défense et de sécurité congolaises ».
Selon le plan de désengagement, le gouvernement renforce sa présence dans les zones que la Mission quitte. Dans ce contexte, la MONUSCO soutient la volonté du gouvernement, annoncée lors du Conseil des ministres du 22 mars, de déployer des Conseils locaux pour la sécurité de proximité (CLSP) pour favoriser « les actions de prévention et de recherche de solutions durables aux causes de l'insécurité ».
Dans le cadre de son désengagement, la mission onusienne a transféré deux bases militaires aux autorités nationales. Sur les sept autres bases militaires restantes, cinq (Mikenge, Minembwe, Rutemba, Uvira et Kavumu) seront transférées aux forces armées congolaises (FARDC) entre mai et juin 2024 tandis que deux (Baraka et Sange) seront fermées en mai.
En plus, 15 installations seront également transférées ou fermées d’ici le 30 juin 2024. « Malgré un glissement dans le chronogramme de fermeture/transfert des bases, tout le personnel en uniforme sera rapatrié d’ici le 30 juin 2024 et, il ne restera qu’une équipe résiduelle de personnels civils chargée de travailler sur la transition », a souligné la MONUSCO.
Contribution inestimable à la paix
Les premiers Casques bleus de l’ONU ont été déployés au Sud-Kivu en 2003, sous les auspices de la MONUC, nom initial de la mission, et depuis lors, plus de 100.000 Casques bleus ont servi dans la province – à différents moments.
Mme Keita a remercié « les pays contributeurs de troupes et de policiers qui ont envoyé des femmes et des hommes dans la province au service de la protection de la population congolaise », ajoutant que « leur engagement, leur expertise et leurs ressources ont apporté une contribution inestimable à la paix et à la sécurité au Sud-Kivu ».
« Par ailleurs, nous ne devons jamais oublier le courage et le sacrifice de ceux qui ont versé leur sang et sont morts sur le sol congolais. Ils resteront toujours dans nos cœurs et nos mémoires », a-t-elle dit, notant qu’au fil des ans, grâce à ses bases, ses opérations militaires et ses patrouilles aériennes et terrestres de jour comme de nuit, la force de la MONUSCO a fourni une protection physique directe à près de trois millions de personnes.
Agences, fonds et programmes restent
La cheffe de la MONUSCO a toutefois estimé que la situation sécuritaire dans la province du Sud-Kivu « reste préoccupante en raison d’un contexte général de remobilisation des acteurs armés et de fortes tensions régionales ».
Elle a noté que le retrait de la MONUSCO du Sud-Kivu n'est pas synonyme du départ des Nations Unies de la RDC, les agences, fonds et programmes des Nations Unies continuant à fournir un soutien conformément à leurs mandats humanitaires et de développement respectifs.
Le retrait du Sud-Kivu intervient alors que 20 responsables d’agences des Nations Unies et d’organisations partenaires ont lancé mardi un cri d’alarme sur l’escalade du conflit dans l’est de la RDC qui entraîne des niveaux records de violence sexiste, de déplacements et de faim et menace de pousser le pays « au bord de la catastrophe » sans une action internationale urgente.