Fil d'Ariane
Gaza : la crainte d’une attaque israélienne suscite l’angoisse à Rafah
Alors que des rapports des médias font état de la volonté d’Israël de lancer une offensive terrestre à Rafah, un tel scénario suscite une profonde et extraordinaire inquiétude dans cette partie de l’enclave palestinienne, a mis en garde mardi un haut responsable de l’ONU.
Selon le chef de l’Agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens (UNRWA), la crainte d’une invasion terrestre dans la ville située à l’extrême sud de la bande de Gaza, qui accueille des centaines de milliers de déplacés civils, suscitait une profonde anxiété, « car la question que tout le monde se pose est de savoir si oui ou non, il y aura une offensive militaire ».
Philippe Lazzarini a indiqué qu’aucun ordre d’évacuation de Rafah n’avait encore été donné par Israël, dans la perspective d’une probable offensive militaire.
Toujours pas d’accès au nord de Gaza
À la suite de plusieurs rapports du Bureau de coordination de l’aide des Nations Unies (OCHA), faisant état de « frappes intensives sur Rafah » ayant causé des dizaines de morts, M. Lazzarini a noté qu’une invasion à grande échelle de Rafah - où vivent actuellement environ un million de déplacés de Gaza - dépendait de « la conclusion ou non d’un accord de cessez-le-feu cette semaine ».
« Les gens n’ont pas encore été invités à évacuer Rafah, mais on a le sentiment que si aucun accord n’est conclu cette semaine, cela peut se produire à tout moment », a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse à Genève. « Mes collègues sur le terrain décrivent également un état de traumatisme constant parmi la population gazaouie ».
C’est dans ce contexte que le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a affirmé sur X (ex-Twitter) ce mardi 30 avril qu’il n’était « pas question » « d’arrêter la guerre avant d’avoir atteint tous les objectifs, soit éliminer les bataillons du Hamas ».
« L’idée selon laquelle nous arrêterions la guerre avant d’avoir atteint tous nos objectifs est hors de question », a écrit la primature israélienne sur X. Avant d’ajouter: « Nous entrerons dans Rafah et y éliminerons les bataillons du Hamas – avec ou sans accord, afin d’obtenir une victoire complète ».
182 membres du personnel de l’Unrwa tués
Sur un autre plan, M. Lazzarini a également souligné que l’UNRWA n’avait toujours pas accès au nord du pays. « Chaque fois que nous demandons un convoi pour aller du sud vers le nord, nos convois sont systématiquement refusés ».
Il a ajouté qu’à chaque fois que l’autorisation est donnée de livrer ailleurs dans la bande, la procédure est « toujours difficile et très lourde ».
S’agissant de la situation nutritionnelle, le chef de l’UNRWA a souligné qu’il y avait « plus de nourriture » disponible sur les marchés. Il a toutefois ajouté que « cela ne signifiait pas que la nourriture était accessible » car il n’y a pas d’argent qui circule. « Et la quantité de nourriture est loin d’être suffisante pour inverser la faim qui s’étend et la famine qui menace ».
M. Lazzarini a également fait part de ses inquiétudes quant à la propagation de maladies dans le nord de la bande de Gaza en raison d’une accumulation importante de déchets.
Pour venir en aide aux populations palestiniennes, l’UNRWA a payé un lourd tribut. Selon son chef, Philippe Lazzarini, 182 membres de son personnel ont été tués depuis le 7 octobre dernier.
Les attaques militaires israéliennes à Gaza ont également endommagé 160 installations de l’agence, tuant au total 400 personnes qui s’abritaient dans les bâtiments, a-t-il ajouté.
267 millions de dollars
Par ailleurs, il a révélé que l’UNRWA disposait de fonds suffisants pour poursuivre ses opérations jusqu’à la fin du mois de juin, après qu’un certain nombre de pays sont revenus sur leur décision de cesser de soutenir l’agence.
Mais le montant total de l’aide à l’agence de l’ONU qui a été suspendu s’élève actuellement à 267 millions de dollars, dont la majeure partie est liée à la suspension de l’aide américaine, a-t-il indiqué, relevant toutefois avoir recueilli « plus de 115 millions de dollars en six mois grâce à des collectes de fonds privées ».
La plupart des pays qui avaient suspendu leur aide à l’UNRWA en raison d’allégations israéliennes de liens avec le Hamas ont repris leur soutien financier. Seuls quatre pays - les États-Unis, le Royaume-Uni, l’Autriche et la Suisse - ont maintenu leur suspension.
Il a expliqué que les États-Unis, principal donateur ces dernières années, ont indiqué qu’ils ne seraient pas en mesure de soutenir l’agence avant mars 2025, tandis que le Royaume-Uni, l’Autriche et la Suisse n’ont pas encore pris de décision ferme quant à la levée ou au maintien de la suspension de l’aide.