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Guerre à Gaza : la liberté d'expression en question dans un contexte de répression sur des campus universitaires

Aux États-Unis, des universités sont accusées de réprimer les étudiants qui protestent contre la guerre d'Israël à Gaza, braquant les projecteurs sur la question de la liberté d'expression dans le monde entier, selon une experte indépendante des droits humains de l'ONU, Irene Khan.

« La crise de Gaza est en train de devenir une véritable crise mondiale de la liberté d'expression », a déclaré Mme Khan, Rapporteur spéciale des Nations Unies sur la promotion et la protection du droit à la liberté d'opinion et d'expression. « Cela aura d'énormes répercussions pendant longtemps ».

Partout dans le monde, des manifestations ont appelé à la fin de la guerre, qui a débuté en octobre à la suite d'attaques menées par le Hamas contre Israël, qui ont fait 1.200 morts et 250 personnes prises en otages, dont une centaine sont toujours en captivité à Gaza.

Depuis lors, selon le ministère de la Santé de l'enclave palestinienne, les opérations militaires israéliennes ont tué plus de 34.000 Palestiniens à Gaza, désormais confrontée à une famine due, selon des agences des Nations Unies, aux restrictions imposées par Israël à l'acheminement de l'aide.

Lors d'un entretien exclusif à ONU Info, l'experte a soutenu que la manière dont la liberté académique est restreinte aux États-Unis porte atteinte aux droits des personnes à manifester contre la guerre et l'occupation en cours, y compris sur les campus des université d''élite de l'Ivy League telles que les universités de Columbia, Harvard et Yale.

« L'une après l'autre, les têtes des dirigeants des universités de l'Ivy League tombent. Elles ont été coupées », a-t-elle déclaré. « Il est clair que cela polarise encore plus le climat politique sur cette question entre 'eux' et 'nous' ».

Irene Khan, Rapporteure spéciale des Nations Unies sur la liberté d'expression et d'opinion.
UN News video
Irene Khan, Rapporteure spéciale des Nations Unies sur la liberté d'expression et d'opinion.

Confusion entre opinions politiques et discours de haine

Soulignant la montée inquiétante des discours de haine de part et d'autre des manifestations, Mme Khan a néanmoins déclaré que les gens devaient être autorisés à exprimer leurs opinions politiques.

Dans beaucoup de ces manifestations, il y a une confusion entre ce qui est un discours de haine ou une incitation à la violence et ce qui est fondamentalement un point de vue différent sur la situation en Israël et dans les territoires occupés - ou une critique de la façon dont Israël mène le conflit.

« Les discours légitimes doivent être protégés », a-t-elle affirmé, « mais, malheureusement, une hystérie est en train de s'installer aux États-Unis ».

Critiquer Israël est « parfaitement légitime »

L'antisémitisme et l'islamophobie doivent être interdits, et les discours de haine violent le droit international, a précisé la défenseure de la liberté d’expression.

« Mais nous ne devons pas confondre cela avec la critique d'Israël en tant qu'entité politique, en tant qu'État », a-t-elle pointé. « Critiquer Israël est parfaitement légitime au regard du droit international ».

Elle a signalé que les rapporteurs spéciaux avaient déjà détecté un parti pris contre les partisans pro-palestiniens sur les médias sociaux.

« Nous avons besoin de la liberté d'expression », a-t-elle déclaré, ajoutant qu'il s'agit d'un droit fondamental qui est important pour la démocratie, le développement, la résolution des conflits et la construction de la paix.

« Si nous sacrifions tout cela, en politisant la question et en sapant le droit de protester et le droit à la liberté d'expression, je pense que nous rendons un mauvais service et que nous en paierons le prix », a-t-elle dit. « Il sera plus difficile de négocier si vous fermez la porte à l'une des parties ».

NOTE : 

Les Rapporteurs spéciaux et autres experts nommés par le Conseil des droits de l'homme des Nations Unies ne font pas partie du personnel des Nations Unies et sont indépendants de tout gouvernement ou organisation. Ils siègent à titre individuel et ne perçoivent aucun salaire pour leur travail.