Fil d'Ariane
La crise en Syrie s'intensifie à l'ombre de la guerre à Gaza
La guerre à Gaza continue de jeter une ombre sur l'ensemble de la région du Moyen-Orient, en particulier sur la Syrie, où une série de frappes et d'attaques exacerbent une situation humanitaire déjà désastreuse, a déclaré jeudi l'Envoyé spécial des Nations Unies pour ce pays.
S'adressant aux ambassadeurs au Conseil de sécurité, Geir Pedersen a appelé à une désescalade régionale, en commençant par un cessez-le-feu immédiat à Gaza.
Outre les retombées régionales, il a exprimé sa profonde préoccupation concernant le conflit en cours en Syrie même.
« Il n’y a en fait aucun signe de calme sur aucun des théâtres syriens – seulement des conflits non résolus, une violence bouillonnante et de vives flambées d’hostilités, qui pourraient tous être le déclencheur d’une nouvelle conflagration », a-t-il déclaré.
Situation humanitaire
Rappelant que la situation humanitaire est sombre, M. Pedersen a souligné la nécessité d'un meilleur accès et d'un soutien généreux des bailleurs de fonds pour soulager les souffrances de millions de personnes.
Dans le même temps, la situation économique reste tout aussi préoccupante, avec des prix alimentaires qui ont doublé au cours de l’année écoulée et une livre syrienne dont la valeur a été divisée par 15 par rapport au dollar américain depuis 2020.
« Les souffrances incessantes endurées par les Syriens ont des répercussions sur les plus vulnérables », a-t-il poursuivi. « De nombreux interlocuteurs parlent à mon bureau de l'augmentation de la violence sexiste, ainsi que des mécanismes d'adaptation négatifs tels que le mariage précoce ou les femmes contraintes à se prostituer ».
Il a déclaré qu'il fallait une approche nouvelle et globale pour relever les défis multiformes auxquels est confrontée la Syrie, ajoutant qu'il restait déterminé dans son engagement à trouver une voie vers la paix en Syrie.
Restes explosifs de guerre
Faisant écho à cette sombre évaluation, Ramesh Rajasingham, Directeur de la coordination au Bureau des affaires humanitaires des Nations Unies (OCHA), a souligné les risques auxquels sont confrontés les travailleurs humanitaires.
Fin mars, un employé de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) travaillant sur l'approvisionnement en eau et l'assainissement à Deir ez-Zor, dans l'est de la Syrie, a été tué lorsqu'une frappe aérienne a touché son bâtiment.
Le responsable de l'OCHA a également souligné l'impact des munitions non explosées, des mines terrestres et d'autres armes similaires sur les civils.
« Les terres agricoles sont particulièrement touchées, avec des conséquences importantes sur la production alimentaire et les moyens de subsistance », a-t-il dit, notant que les enfants constituent souvent la majorité des victimes.
Maladies mortelles
M. Rajasingham a ajouté qu'à l'approche de l'été, le risque de sécheresse, de canicule, de choléra et d'autres risques sanitaires augmentera, dans un contexte de services d'eau et d'assainissement déjà limités.
« Cela augmentera à son tour les risques en matière de santé sexuelle et reproductive et de protection pour les femmes et les adolescentes, qui ont tendance à être exposées à des niveaux plus élevés de violence sexiste en raison du manque d'intimité dans et autour des installations sanitaires, et de la nécessité de s'aventurer plus loin pour récupérer de l’eau », a-t-il prévenu.