Fil d'Ariane
Haïti : l’ONU salue les avancées politiques avec l'installation du Conseil présidentiel de transition
L’ONU s’est félicitée jeudi de la prestation de serment du Conseil présidentiel de transition qui a eu lieu à Port-au-Prince, en Haïti, et a appelé les nouvelles autorités et toutes les parties prenantes à accélérer la mise en œuvre complète des dispositions de gouvernance transitoire.
« Nous avons pris note de la lettre d'Ariel Henry, datée d'hier, dans laquelle il démissionne de son poste de Premier ministre, ainsi que de la publication au Journal officiel annonçant que le ministre des Finances Michel Patrick Boisvert est désormais Premier ministre par intérim », a dit le porte-parole du Secrétaire général, Stéphane Dujarric, lors d’un point de presse à New York.
« Le Secrétaire général réitère son appel au déploiement rapide de la mission multinationale de soutien à la sécurité en Haïti pour aider la Police nationale haïtienne à faire face à la situation sécuritaire désastreuse », a-t-il ajouté, soulignant que le chef de l’ONU « appelle tous les États Membres à veiller à ce que la mission multinationale de soutien à la sécurité reçoive le soutien financier et logistique dont elle a besoin pour réussir ».
Le BINUH déterminé à accompagner les autorités
Le Bureau intégré des Nations Unies en Haïti (BINUH) a également salué l’installation du Conseil présidentiel de transition, jugeant qu'il s'agissait d'une « nouvelle opportunité d’avancer vers le rétablissement des institutions démocratiques ».
Dans un message sur la plateforme X, le BINUH a dit qu'il restait « engagé à accompagner les autorités du pays dans leurs efforts pour créer un environnement de paix sociale, sûr et propice à l’organisation d’élections crédibles, participatives et inclusives ».
Formé de neuf membres, le Conseil présidentiel de transition en Haïti doit maintenant former un nouveau gouvernement et nommer un Premier ministre.
Il aura fallu plusieurs semaines de négociations complexes, marquées par des revirements, pour que le Conseil voit le jour, alors que la capitale Port-au-Prince est ravagée par la violence des gangs et que le pays est confronté à une grave crise humanitaire. Sans Président ni Parlement, Haïti n'a connu aucune élection depuis 2016.
Grave crise humanitaire
S'exprimant devant la presse au siège de l’ONU à New York, le Directeur exécutif adjoint du Programme alimentaire mondial (PAM), Carl Skau, a aussi salué l'installation du Conseil de transition.
« Je peux confirmer que la situation est dramatique, avec une crise dévastatrice et un impact humanitaire massif. La pire situation humanitaire en Haïti depuis le séisme de 2010 », a dit M. Skau, qui a effectué récemment une visite dans le pays pour évaluer les besoins humanitaires. Il a rappelé que des millions de personnes sont en situation d'insécurité alimentaire aiguë.
Il a souligné que la crise sécuritaire est concentrée à Port-au-Prince et que la situation est beaucoup plus calme ailleurs.
« Mais cela ne veut pas dire que l'impact humanitaire de la crise sécuritaire à Port-au-Prince ne se fait pas sentir ailleurs. Il y a des déplacements, il y a des perturbations dans le commerce et l'économie et il y a l'inflation et donc la crise se fait sentir partout », a noté le haut responsable du PAM. Toutefois, la réponse humanitaire peut être différenciée, selon lui, avec une réponse d'urgence dans la région de Port-au-Prince et un soutien au développement dans le reste du pays.
Le PAM atteint environ 500.000 personnes par mois et cela consiste en des repas chauds et des repas prêts à consommer dans la capitale, mais aussi en des activités plus résilientes comme des programmes de repas scolaires dans d'autres régions du pays.
Le PAM soutient également le reste de la communauté humanitaire et la famille des Nations Unies avec son service aérien. L'agence onusienne envisage aussi d'intensifier son soutien logistique en termes d'arrivée de vols de fret à mesure que l'aéroport international s'ouvre, mais aussi de navires qui peuvent transporter des marchandises le long de la côte si les routes restent fermées ou ferment à nouveau, a dit M. Skau.
Il a souligné que le soutien politique et sécuritaire doit réellement s’accompagner d’une réponse humanitaire robuste. Il n’y aura pas de succès sur le plan politique si nous n'augmentons pas notre assistance à la population, a-t-il affirmé.