L’UNRWA lance un appel de fonds de 1,2 milliard de dollars pour Gaza et la Cisjordanie
Les Nations Unies ont lancé, mercredi, un appel aux dons à hauteur de 1,2 milliard de dollars pour venir en aide à deux millions de Palestiniens de Gaza et de Cisjordanie.
Ces fonds permettront à l’Agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens (UNRWA) de faire face à la crise humanitaire sans précédent dans la bande de Gaza et répondre aux besoins en Cisjordanie alors que la violence s’intensifie. Près de 2 millions de personnes dépendent de l’aide de l’agence onusienne alors que la guerre à Gaza dure depuis 200 jours et que la violence augmente en Cisjordanie.
L’appel d’urgence couvre la réponse humanitaire de l’UNRWA jusqu’à la fin de cette année. Il vise à répondre aux besoins les plus urgents de 1,7 million de Palestiniens dans la bande de Gaza, compte tenu de la guerre en cours, et de plus de 200.000 réfugiés palestiniens en Cisjordanie, y compris à Jérusalem-Est.
Pas de remplacement ou d’alternative à l’UNRWA
Pour le chef de l’UNRWA, les derniers mois ont prouvé qu’il n’y a pas de remplacement ou d’alternative à son agence onusienne.
« Les cicatrices de la guerre sont visibles à grande échelle à Gaza. Pendant ce temps, la violence augmente en Cisjordanie. Il est essentiel de soutenir l’UNRWA dans la fourniture d’une aide humanitaire vitale et de services de développement dans les domaines de la santé et de l’éducation », a déclaré dans un communiqué, Philippe Lazzarini, Commissaire général de l’UNRWA.
En tant que principale organisation humanitaire dans la bande de Gaza, l’UNRWA est l’épine dorsale de l’opération d’aide sur place, gérant des abris pour plus d’un million de personnes, distribuant de la nourriture, fournissant des soins de santé primaires et coordonnant la logistique pour les livraisons humanitaires.
La priorité est d’acheminer des fournitures indispensables, notamment de la nourriture, à Gaza, où la population est devenue presque entièrement dépendante des dons et de l’aide des organisations humanitaires.
Appel fait partie de l’appel global de 2,8 milliards de dollars
« Cette guerre ne doit pas devenir la nouvelle norme alors que nous franchissons une nouvelle étape : 200 longs jours de brutalité, de pertes, de désespoir et d’anxiété. Tous les efforts doivent être déployés pour parvenir à un cessez-le-feu qui n’a que trop tardé. D’ici là, l’UNRWA doit bénéficier d’un soutien beaucoup plus important afin de pouvoir répondre aux besoins humanitaires croissants », a fait valoir M. Lazzarini.
L’appel de l’UNRWA fait partie d’un appel global de 2,8 milliards de dollars lancé la semaine dernière par les Nations unies en faveur du territoire palestinien occupé. Son précédent appel d’urgence pour le territoire palestinien occupé, couvrant la période d’octobre à décembre 2023, s’élevait à 481 millions de dollars.
À ce jour, l’agence onusienne a reçu près de 426 millions de dollars.
Besoins énormes aussi bien à Gaza qu’en Cisjordanie
A noter qu’au début de la guerre, l’UNRWA a intensifié une opération d’aide pour 1,8 million de personnes dans la bande de Gaza. En quelques semaines, plus d’un million de personnes se sont réfugiées dans les installations de l’UNRWA et aux alentours.
Ces dernières continuent de dépendre de l’agence onusienne pour survivre. L’appel vise à soutenir l’opération d’aide face à la montée en flèche des besoins.
En Cisjordanie, l’UNRWA fournit une aide et d’autres services à 1,1 million de personnes. L’appel permettra de fournir une aide d’urgence à plus de 4.600 ménages de Cisjordanie touchés par la violence, notamment les démolitions, les déplacements et les opérations des Forces de sécurité israéliennes (FSI).
Il couvrira également les réparations des infrastructures essentielles d’approvisionnement en eau et d’assainissement endommagées par les opérations des FSI dans les camps où vivent plus de 230.000 réfugiés enregistrés.
Mettre en œuvre les recommandations du groupe d’examen
Mardi, au lendemain de la publication d’un rapport par un groupe d’examen indépendant sur le respect par l’UNRWA du principe de neutralité, Philippe Lazzarini a souligné, lors d’une conférence de presse au siège de l’ONU à New York, que son agence était déterminée à mettre les recommandations contenues dans le rapport.
L'ancienne ministre française des Affaires étrangères Catherine Colonna a dirigé le rapport, qui observe que l'UNRWA a mis en place un grand nombre de mécanismes et de procédures pour garantir son engagement envers le principe de neutralité. Le rapport formule toutefois une cinquantaine de recommandations pour que l’UNRWA améliore le respect de ce principe.
M. Lazzarini a noté que si certaines recommandations peuvent être mises en œuvre rapidement, d'autres nécessiteront du personnel supplémentaire ainsi qu'un engagement et un soutien forts de la part de la communauté internationale.
Il a également rappelé que le rapport est distinct d'une enquête en cours menée par le plus haut organisme d'enquête de l'ONU, le Bureau des services de contrôle interne (OIOS), sur les allégations israéliennes selon lesquelles 12 employés de l'UNRWA auraient été impliqués dans l'attaque du Hamas le 7 octobre en Israël.
Livraison d’aide « à haut risque » à Jabalia
Sur le front humanitaire, l’UNRWA et le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) ont achevé une mission conjointe de livraison d’aide à Jabalia, dans le nord de la bande de Gaza, selon l’UNRWA.
La livraison de mardi a permis d’apporter des fournitures médicales et de purification de l’eau aux habitants de Jabalia, où la pénurie d’aide est l’une des plus graves dans l’enclave.
Si l’acheminement de l’aide dans l’ensemble de la bande de Gaza a été difficile, l’acheminement des fournitures dans le nord a été particulièrement difficile en raison des restrictions de circulation et des opérations militaires israéliennes.
31 des 36 hôpitaux endommagés à Gaza
De son côté, l’Agence sanitaire mondiale de l’ONU s’est inquiété du sort des hôpitaux dans l’enclave palestinienne. L’hôpital Al Awda - Nuseirat dans la zone centrale de Gaza a été touché lundi - au cinquième étage et sur le toit du bâtiment administratif.
Selon le patron de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), l’attaque a perturbé le système d’énergie solaire qui alimente l’hôpital en électricité. Des dommages aux réservoirs d’eau et de carburant ont également été signalés. Al Awda fournissait des services à au moins 1.200 patients par jour et employait environ 209 personnes.
Cette dernière attaque porte à 31 le nombre d’hôpitaux sur 36 qui ont été endommagés depuis octobre 2023. Selon l’OMS, l’accès aux soins de santé continue de se réduire chaque jour en raison des attaques, des hostilités et de l’absence de déconfliction durable, ce qui rend extrêmement difficile le réapprovisionnement des hôpitaux pour renforcer et rétablir les services.
« Nous ne répéterons jamais assez fort : arrêtez de cibler les hôpitaux », a déclaré sur le réseau social X, le Directeur général de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus.