Fil d'Ariane
L’ONU demande une enquête sur des fosses communes découvertes dans des hôpitaux de Gaza
Le chef des droits de l’homme de l’ONU a déploré, mardi, les meurtres effroyables d’enfants et de femmes à Rafah, dans le sud de Gaza, et s’est déclaré « horrifié » par la destruction des installations médicales Al-Nasser et Al-Shifa ainsi que par les rapports faisant état de fosses communes découvertes à l’intérieur et autour de ces sites.
Le Haut-Commissariat de l’ONU aux droits de l’homme (HCDH) a demandé que des enquêtes indépendantes, efficaces et transparentes soient menées sur ces décès. Tous les sites de fosses communes doivent faire l’objet d’une enquête approfondie, « d’une manière crédible et indépendante », a déclaré Ravina Shamdasani, porte-parole du HCDH.
Cette semaine, les autorités palestiniennes ont signalé la découverte de corps dans des fosses communes dans un hôpital de Khan Younis, abandonné par les troupes israéliennes. Selon les rapports des médias, des corps ont également été découverts sur le site d’Al Shifa à la suite d’une opération des forces spéciales israéliennes.
« Il est clair que de nombreux corps ont été découverts »
Aidés d’une pelleteuse, les employés de la Défense civile de la bande de Gaza poursuivent leurs recherches. Depuis trois jours qu’ils creusent dans ces fosses communes de l’hôpital Nasser à Khan Younis, ils auraient exhumé près de 300 corps, selon les rapports des médias.
Toutefois, le Bureau des droits de l’homme de l’ONU s’efforçait de corroborer les rapports des autorités palestiniennes selon lesquels 283 corps ont été trouvés à Nasser et 30 à Al Shifa. Selon ces rapports, les corps ont été enterrés sous des piles de déchets et comprenaient des femmes et des personnes âgées.
« Certains d’entre eux avaient les mains liées, ce qui indique bien sûr de graves violations du droit international des droits de l’homme et du droit international humanitaire, et ces faits doivent faire l’objet d’enquêtes plus approfondies », a insisté Mme Shamdasani.
Cette découverte intervient quelques semaines après l’opération militaire menée par l’armée israélienne dans cet hôpital début avril. « Nous ressentons le besoin de tirer la sonnette d’alarme car il est clair que de nombreux corps ont été découverts », a fait valoir la porte-parole du Haut-Commissariat.
Mise en garde contre une incursion à grande échelle à Rafah
« Compte tenu du climat d’impunité qui prévaut, des enquêteurs internationaux devraient être associés à cette démarche », a fait observer le HCDH, relevant que les hôpitaux ont droit à une protection très spéciale en vertu du droit humanitaire international. « Et l’assassinat intentionnel de civils, de détenus et d’autres personnes hors de combat est un crime de guerre ».
Sur un autre plan, le chef des droits de l’homme de l’ONU a également réitéré sa mise en garde contre une incursion à grande échelle à Rafah dans une zone où 1,2 million de civils ont été confinés de force, affirmant que cela pourrait conduire à « d’autres crimes atroces ».
Une telle opération risquerait d’entraîner davantage de morts, de blessés et de déplacements à grande échelle, voire de nouveaux crimes atroces, pour lesquels les responsables seraient tenus de rendre des comptes. « Les dirigeants du monde entier sont unis sur l’impératif de protéger la population civile prise au piège à Rafah », a déclaré dans un communiqué, le Haut-Commissaire Volker Türk.
Toutes les dix minutes, un enfant est tué ou blessé à Gaza
Il aussi a déploré une série de frappes israéliennes sur Rafah au cours des derniers jours, qui ont tué principalement des enfants et des femmes. « Les dernières images d’un enfant prématuré arraché au ventre de sa mère mourante, des deux maisons adjacentes où 15 enfants et cinq femmes ont été tués - tout cela dépasse les limites de la guerre ».
Le 19 avril, un immeuble d’habitation a été touché dans le quartier de Tal Al Sultan à Rafah, tuant neuf Palestiniens, dont six enfants et deux femmes. Le 20 avril, une autre frappe sur deux maisons adjacentes dans le quartier d’At Tanour, dans l’est de Rafah, aurait tué 20 Palestiniens, dont 15 enfants et cinq femmes.
Au 22 avril, selon les autorités de Gaza, sur les 34.151 Palestiniens tués à Gaza, 14.685 étaient des enfants et 9.670 des femmes. En outre, 77 084 personnes ont été blessées et plus de 7.000 autres se trouveraient sous les décombres.
« Toutes les dix minutes, un enfant est tué ou blessé. Ils sont protégés par les lois de la guerre, et pourtant ce sont eux qui, de manière disproportionnée, paient le prix ultime de cette guerre », a dit M. Türk.
Poursuite sans relâche des graves abus en Cisjordanie
Dans le même temps, Volker Türk a déclaré que de graves violations des droits de l’homme se poursuivaient sans relâche en Cisjordanie occupée. Malgré la condamnation internationale des attaques massives des colons du 12 au 14 avril, facilitées par les forces de sécurité israéliennes (FSI), la violence des colons s’est poursuivie avec le soutien, la protection et la participation des FSI.
Au cours d’une opération de 50 heures dans le camp de réfugiés de Nur Shams et dans la ville de Tulkarem, qui a débuté le 18 avril, les FSI ont déployé des troupes au sol, des bulldozers et des drones, et ont bouclé le camp. Quatorze Palestiniens ont été tués, dont trois enfants. Dix membres des FSI ont été blessés.
Le Bureau des droits de l’homme des Nations Unies a reçu des informations selon lesquelles plusieurs Palestiniens ont été tués illégalement et que les FSI ont utilisé des Palestiniens non armés pour protéger leurs forces contre les attaques et en ont tué d’autres dans le cadre d’exécutions extrajudiciaires apparentes. Des dizaines de personnes auraient été détenues et maltraitées.
Dans ce climat de terreur, des FSI ou des colons ont abattu le 20 avril dernier un ambulancier palestinien de 50 ans. L’ambulance évacuait deux Palestiniens blessés par des balles réelles lors d’une attaque de colons, accompagnés par les FSI, à As Sawiya, Naplouse.