Fil d'Ariane
Malgré des progrès, il reste toujours à traduire la Déclaration sur les droits des autochtones dans les faits
Malgré d'importantes réalisations au cours de la dernière décennie pour améliorer le bien-être des peuples autochtones, sauvegarder leurs cultures et élargir leur participation à l'ONU, des « gouffres profonds » persistent entre les engagements pris et la réalité sur le terrain, a déclaré mercredi le Président de l'Assemblée générale des Nations Unies.
Dennis Francis a appelé les dirigeants mondiaux et les ambassadeurs réunis dans la salle de l'Assemblée générale à être « un exemple de dialogue constructif pour honorer nos engagements envers les peuples autochtones », en ces temps « difficiles, où la paix est gravement menacée et où le dialogue et la diplomatie sont cruellement nécessaires ».
Les États membres se sont réunis pour commémorer le 10e anniversaire de la Conférence mondiale sur les peuples autochtones, au cours de laquelle les pays ont réaffirmé leur engagement à promouvoir et à protéger les droits des peuples autochtones.
Le document final soutient la mise en œuvre de la Déclaration historique des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones, adoptée en 2007, qui prescrit des normes minimales pour la reconnaissance, la protection et la promotion de ces droits.
Pauvreté, inégalités et abus
M. Francis s'est penché sur les réalisations de l'ONU au cours de cette période, telles que le Programme de développement durable à l'horizon 2030, qui promet de ne laisser personne de côté, et la Décennie internationale des langues autochtones (2022-2032),qui vise à la fois à préserver ces langues et à protéger les cultures, les traditions, la sagesse et les connaissances autochtones.
« Malgré ces avancées, les peuples autochtones sont toujours plus susceptibles de vivre dans l'extrême pauvreté, de souffrir des effets néfastes du changement climatique, d'être dépossédés et expulsés de leurs terres ancestrales et d'avoir un accès inégal à la santé et à l'éducation, par rapport à d'autres groupes », a-t-il déclaré.
En outre, les femmes autochtones sont encore trois fois plus susceptibles d'être victimes de violences sexuelles au cours de leur vie que leurs homologues non autochtones.
« Nous devons intensifier nos actions pour traduire la déclaration historique des Nations Unies de 2007 en changements significatifs sur le terrain », a-t-il dit.
Garantir les droits intrinsèques des peuples autochtones
Le chef du département des affaires économiques et sociales des Nations Unies, Li Jinhua, a noté que le manque de participation effective des peuples autochtones dans les processus de développement continue d'être un obstacle majeur à l'avancement des efforts au niveau national.
Toutefois, avec l'aide des Nations Unies, certains gouvernements ont adopté des plans d'action nationaux et d'autres mesures visant à soutenir la mise en œuvre effective de la déclaration historique sur les droits des peuples autochtones.
Il a exhorté les pays à prendre des mesures concrètes pour reconnaître et garantir les droits intrinsèques et collectifs des peuples autochtones, notamment le droit à l'autodétermination et à l'autonomie, ainsi que leurs droits historiques, patrimoniaux et culturels.
« Les États membres doivent combler les lacunes persistantes dans la mise en œuvre au moyen d'interventions ciblées conformes aux lois, coutumes et traditions des peuples autochtones. Un financement plus direct, à long terme et prévisible doit également faire partie de la solution », a-t-il ajouté.
Peuples de la Terre nourricière
Le Vice-président de la Bolivie, David Choquehuanca, a souligné les défis auxquels sont confrontés les peuples autochtones du monde entier, en commençant par cette désignation.
« Pour commencer, nous devons reconnaître que, passivement, nous nous sommes laissés baptiser du nom de peuples autochtones », a-t-il déclaré, préférant les termes « peuples autochtones ancestraux » et « peuples de la terre nourricière ».
Selon lui, les peuples autochtones participent aux événements des Nations Unies « en tant que corps désintégrés, vidés de leur énergie et dépourvus de structure » parce que les « approches eurocentriques, anthropocentriques et égocentriques » sont privilégiées par rapport aux « approches cosmobiocentriques » qui leur sont chères.
Vers une pleine participation
À l'approche de l'échéance de l'Agenda 2030, la Présidente de l'Instance permanente des Nations Unies sur les questions autochtones, Hindou Oumarou Ibrahim, a souligné l'importance d'inclure les peuples autochtones dans les examens nationaux volontaires sur les progrès réalisés en matière de développement durable.
« Une attention particulière doit être accordée aux femmes et aux filles autochtones, qui sont les gardiennes de nos traditions et de nos connaissances en matière de mode de vie durable », a-t-elle ajouté.
Mme Ibrahim a également appelé à reconnaître les initiatives menées par les peuples autochtones, notamment celles de la conférence d'Alta en Norvège en 2013, qui ont influencé la conférence mondiale des Nations Unies tenue l'année suivante.
« Nous réitérons l'appel d'Alta en faveur de l'établissement de mécanismes à l'ONU pour notre pleine participation et nous plaidons pour la nomination urgente d'un Secrétaire général adjoint pour les peuples autochtones », a-t-elle déclaré.
Elle a ajouté que, dans les communautés autochtones, toutes les voix sont entendues, qu'il s'agisse des sages anciens ou de ceux qui commencent tout juste à s'exprimer.
« Que cette inclusivité se reflète dans tous les forums des Nations Unies et dans les processus multilatéraux, ainsi qu'au sein des nations, incarnant l'ouverture et l'hospitalité inhérentes aux traditions autochtones », a exhorté l’actuelle Présidente de l’Instance permanente.