Fil d'Ariane
Grippe aviaire : les experts en pandémie s'inquiètent de la propagation à l'être humain
La propagation mondiale des infections de la « grippe aviaire » aux mammifères, y compris l'être humain, est un problème de santé publique important, ont déclaré jeudi de hauts responsables médicaux de l'ONU, qui ont annoncé de nouvelles mesures pour lutter contre les maladies transmises par voie aérienne.
Le Dr Jeremy Farrar, Scientifique en chef à l'Organisation mondiale de la santé (OMS), a dit que le virus de la grippe aviaire - également connu sous le nom de H5N1 - avait un taux de mortalité « extrêmement élevé » parmi les quelques centaines de personnes connues pour avoir été infectées par ce virus.
La grande inquiétude, bien sûr, c'est qu'en infectant les canards et les poulets, mais aussi de plus en plus de mammifères, ce virus évolue et ...soit capable de se transmettre d'être humain à être humain
À ce jour, aucune transmission interhumaine du H5N1 n'a été enregistrée, a -t-il souligné.
« Le H5N1 est une infection grippale qui a débuté principalement chez les volailles et les canards et qui s'est propagée efficacement au cours des deux dernières années pour devenir une zoonose (pandémie animale) mondiale », a déclaré le Dr Farrar.
« La grande inquiétude, bien sûr, c'est qu'en infectant les canards et les poulets, mais aussi de plus en plus de mammifères, ce virus évolue et développe la capacité d'infecter l'homme. Et surtout, qu'il soit capable de se transmettre d'être humain à être humain », a fait valoir le scientifique.
Le mystère du bétail
Commentant l'apparition d'un foyer de virus H5N1 chez des vaches laitières aux États-Unis, le haut fonctionnaire de l'OMS a appelé les autorités de santé publique à poursuivre leur surveillance étroite et leurs investigations, avertissant que « le virus pourrait évoluer et se transmettre de différentes manières ».
« Les structures de traite des vaches créent-elles des aérosols ? Est-ce l'environnement dans lequel elles vivent ? Est-ce le système de transport qui répand ces aérosols dans tout le pays ? Il s'agit d'une préoccupation majeure et je pense que nous devons nous assurer que si le H5N1 venait à se transmettre d'être humain à être humain, nous serions en mesure de réagir immédiatement et d'accéder équitablement aux vaccins, aux thérapies et aux diagnostics », a souligné le Dr Farrar.
Etre à la hauteur de la prochaine pandémie
Cette nouvelle intervient alors que l'OMS a annoncé la mise à jour de la terminologie utilisée pour décrire les agents pathogènes aéroportés, dans le but de renforcer la coopération internationale dans l'éventualité d'une nouvelle - et attendue - pandémie mondiale.
L'initiative a été lancée à la suite de la crise de la COVID-19 et du constat que les médecins et les scientifiques ne disposaient pas d'une terminologie commune pour décrire le mode de transmission du coronavirus, ce qui rendait la tâche encore plus ardue.
Pour remédier à cette situation, l'OMS a mené des consultations avec quatre grandes agences de santé publique d'Afrique, de Chine, d'Europe et des États-Unis, avant d'annoncer un accord sur un certain nombre de nouveaux termes.
Il s'agit notamment des « particules respiratoires infectieuses » ou « PRI », qui devraient être utilisées à la place des « aérosols » et des « gouttelettes », afin d'éviter toute confusion quant à la taille des particules en question.
Au-delà de la nouvelle terminologie, l'initiative renforce l'engagement de la communauté internationale à lutter contre des épidémies et des pandémies de plus en plus complexes et fréquentes, a déclaré le Dr Farrar aux journalistes à Genève.
Accélérer le développement d’outils diagnostiques et de vaccins
Pour le Dr Farrar, il s’agit d’un premier pas « extrêmement important », mais il faut « faire en sorte que les disciplines et les experts restent ensemble ».
« Nous utilisons la même terminologie, le même langage, et nous devons maintenant faire des recherches scientifiques qui fournissent des preuves sur la tuberculose, la COVID-19 et d'autres agents pathogènes respiratoires, afin que nous sachions comment contrôler ces infections mieux que nous ne l'avons fait dans le passé », a-t-il précisé.
En ce qui concerne le risque potentiel pour la santé publique du virus HN51, le Scientifique en chef de l'OMS a averti que le développement d'un vaccin n'était pas « là où nous devrions être ». De même; « les bureaux régionaux, les bureaux nationaux et les autorités de santé publique du monde entier ne sont pas en mesure de diagnostiquer le H5N1 ».