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Un tiers des enfants de moins de 2 ans à Gaza souffrent de malnutrition aiguë

La malnutrition chez les enfants de Gaza se propage à un « rythme record », un tiers des enfants de moins de deux ans souffrant de malnutrition aiguë dans l'enclave, a indiqué mercredi une agence des Nations Unies.

Cette nouvelle alerte du Programme alimentaire mondial (PAM) intervient dans un climat sécuritaire tendu avec la mort des sept membres de l’ONG World Central Kitchen. Selon l’agence onusienne basée à Rome.

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En raison de la guerre et des restrictions israéliennes, la population gazaouie, particulièrement celle des districts de Gaza et du nord de l’enclave palestinienne, est au bord de la famine, tandis qu’une grave pénurie de nourriture, d’eau, de médicaments et de carburant frappe ce territoire à la suite du siège total imposé par Israël.

27 enfants déjà morts de faim et de maladie

Dans ce climat de raids aériens et de bombardements, « le repas traditionnel que les familles apprécient normalement pour marquer la fin du Ramadan ce mois-ci semble impossible ».

« Le PAM fournit chaque mois à 1,45 million de personnes à Gaza des aliments dont elles ont désespérément besoin, mais à mesure que la famine se rapproche, nous avons besoin d’un accès plus large. Nous avons besoin d’un cessez-le-feu », a affirmé l’agence onusienne sur le réseau social X.

De son côté, l’Agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens (UNRWA) souligne également que l’ONG « Save the Children » a confirmé qu’à ce jour, 27 enfants sont déjà morts de faim et de maladie.

« L’ONG a averti que les enfants de Gaza ne reçoivent pas la nourriture et les soins médicaux dont ils ont besoin pour survivre, la nourriture étant bloquée à chaque tournant et le système de santé anéanti », a dit l’UNRWA, ajoutant que plus de 13.000 enfants auraient été tués à Gaza depuis le 7 octobre.

Dans ces conditions, l’UNRWA estime qu’en « l’absence de volonté politique, inverser la famine provoquée par l’homme à Gaza est un défi de taille ». Une façon de rappeler que l’assassinat de travailleurs humanitaires lundi et le refus d’accorder à l’UNRWA de se joindre aux convois vers le nord, y compris vers l’hôpital Al Shifa mardi, « exigent un revirement complet de politique de la part du gouvernement israélien ».

196 humanitaires tués depuis octobre 2023

« Cela permettra de sauver des vies et d’éviter la famine : - Un cessez-le-feu maintenant - L’ouverture d’autres points de passage terrestres - Permettre à l’UNRWA, le principal fournisseur de services de secours, d’accéder au nord sans plus attendre », a dit sur X, Philippe Lazzarini, le chef de l’UNRWA. Selon l’agence onusienne, le temps ne joue pas en leur faveur et « les civils palestiniens de Gaza ne peuvent plus attendre ».

Ces derniers développements interviennent alors que les opérations d’aide à Gaza suscitent de nouvelles inquiétudes en matière de sécurité, après que la World Central Kitchen a signalé qu’une frappe aérienne israélienne sur l’un de ses véhicules a tué sept travailleurs humanitaires à Deir al-Balah, dans le centre de Gaza. Selon le Coordinateur humanitaire de l’ONU pour les territoires palestiniens occupés, Jamie McGoldrick, il ne s’agit pas d’un incident isolé.

Selon un décompte effectué le 20 mars, au moins 196 humanitaires ont été tués depuis octobre 2023. C’est presque trois fois plus que le nombre de morts enregistré dans n’importe quel conflit au cours d’une année.

Un climat de graves difficultés et de souffrances

« Depuis octobre 2023, le territoire palestinien occupé est devenu l’un des endroits les plus dangereux et les plus difficiles à travailler au monde. Il n’y a plus d’endroit sûr à Gaza », a fait valoir Jamie McGoldrick, rappelant qu’au 1er avril, le nombre total de collègues de l’UNRWA tués depuis le début des hostilités s’élevait à 176, dont plusieurs dans l’exercice de leurs fonctions.

Cette nouvelle escale survient à un moment de graves difficultés et de souffrances à Gaza. Sur le terrain, les obstacles à l’accès continuent de compromettre gravement la capacité des organisations humanitaires à atteindre les personnes dans l’enclave palestinienne. 

Selon le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA), les autorités israéliennes ont refusé 30% des missions d’aide humanitaire dans le nord de la bande de Gaza depuis le 1er mars. L’UNRWA est touchée de manière disproportionnée, les autorités israéliennes continuant à lui refuser l’accès au nord pour acheminer l’aide alimentaire d’urgence et d’autres fournitures de base.

Un employé de l'UNRWA à Gaza apporte des soins à un garçon.
© UNRWA
Un employé de l'UNRWA à Gaza apporte des soins à un garçon.

Dommages causés aux infrastructures

En mars, une moyenne quotidienne de 161 camions d’aide a traversé la bande de Gaza. Le record de ce mois a été atteint le 28 mars, lorsque 264 camions sont entrés à Gaza par les points de passage de Karem Abu Salem (Kerem Shalom) et de Rafah. Ce chiffre reste bien en deçà de la capacité opérationnelle des deux points de passage et de l’objectif de 500 camions par jour pour les populations de Gaza.

Par ailleurs, un nouveau rapport de la Banque mondiale et des Nations unies estime que le coût des dommages causés aux infrastructures essentielles au cours des quatre premiers mois de la guerre qu’Israël continue de mener contre le Hamas est estimé à environ 18,5 milliards de dollars.

Le rapport estime que les dommages sont équivalents à 97% du PIB combiné de la Cisjordanie et de la bande de Gaza occupées en 2022.

« Le niveau de destruction dans la bande de Gaza depuis octobre 2023 est sans précédent », indique la note intérimaire d’évaluation des dommages publiée mardi, qui qualifie le niveau de destruction à Gaza de « sans précédent », et « probablement une sous-estimation des dommages, des pertes et des besoins réels dans l’enclave palestinienne ».