Fil d'Ariane
Haïti : des hôpitaux toujours ciblés par les gangs armés à Port-au-Prince
Alors que 53.000 Haïtiens ont fui les violences perpétrées par des gangs ces dernières semaines, la situation est toujours dramatique dans le pays, avec notamment la poursuite des attaques contre les hôpitaux, ont alerté les Nations Unies.
Selon le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA), les attaques contre les établissements de santé par des gangs se poursuivent dans la zone métropolitaine de Port-au-Prince, restreignant encore davantage l’accès aux soins de santé. L’hôpital Delmas 18 et le centre de santé Saint-Martin ont été pillés par des groupes armés les 26 et 27 mars 2024, respectivement.
Des groupes armés ont également attaqué la semaine dernière une dizaine de pharmacies près d’un hôpital public, ce qui a aggravé la capacité de la population à se procurer les médicaments dont elle a besoin.
Surcharge de travail dans les hôpitaux opérationnels
Ces attaques contre les centres soins et les pharmacies interviennent alors que l’hôpital universitaire d’État d’Haïti, dont la réouverture était prévue le 1er avril, et l’hôpital Bernard Mevs, restent fermés. En attendant, seul l’hôpital universitaire La Paix reste opérationnel avec le soutien de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), qui comprend la fourniture de médicaments et de fournitures médicales, de carburant et d’autres formes d’aide logistique pour assurer la continuité des opérations.
Cependant, en raison de la fermeture de l’hôpital public, il est confronté à une pression importante en raison de la surcharge de travail. La branche panaméricaine de l’OMS entend orienter ses fonds « limités » vers les services de santé d’urgence et essentiels dans les hôpitaux, notamment pour les femmes enceintes et les personnes déplacées.
Haïti est ravagé depuis des décennies par des catastrophes naturelles, l’instabilité politique et la violence des gangs. Depuis fin février, les puissants gangs haïtiens se sont associés pour attaquer les postes de police, les prisons, l’aéroport et le port maritime dans le but d’évincer le Premier ministre Ariel Henry. Ce dernier a annoncé le 11 mars qu’il démissionnerait pour laisser la place à un « conseil de transition ».
Plus de 50.000 Haïtiens ont fui Port-au-Prince en trois semaines
Dans ce climat d’insécurité, les sites de services de lutte contre le VIH et la tuberculose continuent d’être touchés principalement dans la zone métropolitaine de Port-au-Prince, le dépistage du VIH étant le service le plus touché.
Face à la violence des gangs, plus de 50.000 Haïtiens ont fui Port-au-Prince entre le 8 et le 27 mars dernier. Ces déplacés sont allés grossir les sites des départements du Grand Sud qui accueillent déjà 116.000 déplacés ayant fui les mois passés. Le précédent chiffre de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) faisait état de 33.000 personnes ayant fui entre le 8 et le 20 mars.
Sur un autre plan, l’ONU et ses partenaires continuent de fournir une aide d’urgence aux gens affectés par la crise à Port-au-Prince.
Le 30 mars, le Programme alimentaire mondial (PAM) et ses partenaires ont affrété un bateau de Port-au-Prince aux Gonaïves. La cargaison de 18 camions contenait, entre autres, des médicaments et des fournitures médicales pour plus de 100 partenaires de la santé dans la région du Nord et de la nourriture pour réapprovisionner près de 30 centres de distribution dans le département du Nord-Ouest, y compris des écoles et des hôpitaux.
Plus de 30.000 repas chauds aux déplacés de Port-au-Prince
Certaines de ces structures n’avaient pas reçu de nouvelles fournitures depuis août 2023. L’envoi a également permis à l’OIM d’aider quelque 5.000 migrants qui ont été renvoyés de la République dominicaine.
Le PAM a aussi distribué lundi dernier plus de 30.000 repas chauds aux déplacés dans la capitale, soit le nombre le plus élevé en un seul jour depuis le début de la crise.
L’agence onusienne basée à Rome a aussi fourni des repas à près de 80.000 écoliers dans la région des Gonaïves, dans le nord, et de l’argent liquide à 1.200 personnes à Jérémie, dans le sud.
La violence en cours à Port-au-Prince touche également l’extérieur de la capitale, étant donné que les services de transport terrestre et maritime, essentiels pour acheminer l’aide dans tout le pays, sont lourdement affectés.