Fil d'Ariane
Israël continue de bloquer l'aide au nord de Gaza frappé par la famine
Alors que la guerre qui dure depuis près de six mois à Gaza se poursuit, les forces israéliennes bloquent les livraisons d'aide dans le nord de l'enclave frappé par la famine, malgré les demandes récentes de la Cour internationale de Justice et du Conseil de sécurité réclamant un accès sans entrave aux livraisons de nourriture, un cessez-le-feu temporaire et la libération de tous les otages pris en octobre.
Plus d’une douzaine de Palestiniens ont été tués lors de largages aériens effectués par plusieurs pays tentant de fournir de l'aide face à la lenteur d'Israël à laisser passer les livraisons de nourriture par les points de passage vers Gaza, selon les médias.
Les victimes seraient mortes noyées alors qu'elles tentaient de récupérer des colis de nourriture dans la mer ou auraient été mortellement frappées par la chute de boîtes d'aide.
Dans le même temps, des rapports des agences des Nations Unies sur le terrain à Gaza indiquent une poursuite des frappes aériennes et des attaques.
Dans ce contexte, les appels sont de plus en plus forts réclamant un cessez-le-feu humanitaire immédiat et qu'Israël respecte à la fois la résolution du Conseil de sécurité appelant à la cessation des hostilités pendant le Ramadan, qui se termine le 10 avril, et les ordonnances de la Cour internationale de Justice (CIJ) de vendredi dernier, demandant au pays de respecter ses obligations en tant que signataire de la Convention sur le génocide et d'ouvrir les postes frontières pour permettre la livraison d'une aide suffisante dans l'enclave.
Champs de bataille
Dans son dernier rapport de situation, l'agence de secours des Nations Unies pour les Palestiniens, l'UNRWA, a déclaré que l'armée israélienne poursuivait ses opérations militaires dans la bande de Gaza, entraînant de nouvelles victimes civiles, des déplacements et la destruction de maisons et d'autres infrastructures civiles.
Les attaques israéliennes ont tué plus de 32.000 personnes à Gaza depuis le début de la guerre en octobre, selon le ministère de la Santé de l'enclave, à la suite d'une attaque sanglante du Hamas en Israël qui a fait près de 1.200 morts et plus de 240 personnes prises en otage.
Les frappes aériennes et les bombardements se poursuivent dans le nord de Gaza, à Khan Younis et à Rafah, dans le sud, où l'UNRWA estime qu'un total de 1,2 million de personnes vivent désormais, la grande majorité dans des abris formels et informels, a rapporté l'agence des Nations Unies.
Plus de 100 écoles de l'UNRWA ont été touchées directement ou indirectement, certaines étant gravement endommagées. Beaucoup d’entre elles servent d’abris aux familles déplacées depuis le début de la guerre.
« Aucun endroit n’est sûr dans la bande de Gaza. C'est une guerre contre les enfants. Contre leur enfance et leur avenir. Cessez-le-feu maintenant », a publié l’UNRWA sur les réseaux sociaux.
Accès à l’aide entravé
Les obstacles à l'accès à l'aide continuent de compromettre gravement la capacité des agences humanitaires à atteindre la population à Gaza, a déclaré l'UNRWA.
Selon le Bureau de coordination humanitaire des Nations Unies, OCHA, depuis le 1er mars, 30% des missions d'aide humanitaire dans le nord de Gaza ont été refusées par les autorités israéliennes.
L'UNRWA est touchée de manière disproportionnée, les autorités israéliennes continuant de lui refuser l'accès au nord de Gaza pour fournir une aide alimentaire d'urgence depuis qu'elles ont annoncé la semaine dernière qu'elles n'approuveraient plus ces livraisons.
Il n’y a eu aucun changement significatif dans le volume de fournitures humanitaires entrant à Gaza ni d’amélioration de l’accès au nord, a indiqué l’UNRWA, notant que du 1er au 30 mars, une moyenne quotidienne de 159 camions d’aide sont entrés à Gaza chaque jour.
Avant la guerre, environ 700 camions de livraison entraient quotidiennement à Gaza.
Le Programme alimentaire mondial (PAM) des Nations Unies fournit de la nourriture dont 1,45 million de personnes à Gaza ont désespérément besoin, mais affirme que « ce n’est pas suffisant ». « Sans cessez-le-feu et sans accès total, des vies sont en danger », a déclaré l'agence des Nations Unies.
« Les tentatives visant à marginaliser l’UNWRA doivent cesser »
Le Coordonnateur des secours d'urgence de l'ONU, Martin Griffiths, a critiqué toute tentative visant à limiter le travail l'UNRWA, mandaté par l'Assemblée générale de l'ONU.
« Les tentatives visant à marginaliser l’UNRWA doivent cesser », a-t-il déclaré. « L'UNRWA est l'épine dorsale de l'opération humanitaire à Gaza. Sans elle, tout effort visant à distribuer l’aide est tout simplement voué à l’échec ».
Les hôpitaux doivent être protégés
Le chef de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a rapporté ce week-end qu'au moins quatre personnes avaient été tuées et 17 autres blessées après qu'une frappe aérienne israélienne a touché l'hôpital Al-Aqsa, au centre de la bande de Gaza.
« L’équipe de l’OMS était en mission humanitaire à l’hôpital Al-Aqsa à Gaza, lorsqu’un camp de tentes à l’intérieur de l’enceinte de l’hôpital a été touché dimanche par une frappe aérienne israélienne », a dit Tedros Adhanom Ghebreyesus dans un message sur les réseaux sociaux.
« Le personnel de l'OMS est présent », a-t-il expliqué, ajoutant que l'équipe était à l'hôpital pour évaluer les besoins et collecter des incubateurs à envoyer au nord de Gaza.
« Nous appelons une fois de plus à la protection des patients, du personnel de santé et des missions humanitaires », a-t-il insisté. « Les attaques en cours et la militarisation des hôpitaux doivent cesser. Le droit international humanitaire doit être respecté ».
Il a appelé à la fin immédiate des hostilités. « Nous exhortons les parties à respecter la résolution du Conseil de sécurité de l’ONU et le cessez-le-feu ! »
Le chef de l'OMS s'est prononcé contre le siège israélien de l'hôpital Al-Shifa, dans le nord de Gaza. L'opération militaire, qui a duré deux semaines, a fait de nombreux morts et blessés, selon les médias.
« Les hôpitaux doivent être respectés et protégés ; ils ne doivent pas être utilisés comme champs de bataille », a-t-il déclaré.