Fil d'Ariane
Peu d’hôpitaux fonctionnels à Gaza, et parfois dans « conditions inimaginables »
Alors que Gaza était le théâtre jeudi de raids aériens et d’affrontements entre l’armée israélienne et des combattants palestiniens du Hamas, deux tiers des 36 hôpitaux de Gaza sont « non fonctionnels », quand d’autres restent ouverts, mais sont soit « minimalement », soit « partiellement fonctionnels », a alerté une agence des Nations Unies, qui fait état de « conditions inimaginables » dans certains hôpitaux.
« La Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge avertit que les services de santé du nord de la bande de Gaza ont été largement détruits et que le système de santé du sud de la bande de Gaza est au bord de l’effondrement », a indiqué dans son dernier rapport de situation le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations Unies (OCHA).
Deux tiers des 36 hôpitaux de Gaza ne fonctionnent plus
Selon l'OCHA, le système de santé de Gaza s’effondre en raison des hostilités en cours et des difficultés d’accès, ce qui se traduit par un nombre croissant d’hôpitaux hors service.
Si 24 des 36 hôpitaux de Gaza ne fonctionnaient pas, deux sont peu fonctionnels et 10 sont partiellement fonctionnels – quatre dans le nord et six dans le sud de la bande, selon un décompte effectué mercredi 27 mars 2024.
Depuis plusieurs jours, les combats qui opposent l’armée israélienne au Hamas dans l’enclave palestinienne se cristallisent autour des complexes hospitaliers, notamment ceux des villes de Gaza et de Khan Younis.
Pour les agences humanitaires, l’intensité des affrontements n’a pas baissé malgré le vote, lundi 25 mars à New York, d’une résolution du Conseil de sécurité de l’ONU appelant à un « cessez-le-feu immédiat ».
Des conditions qui « dépassent l’entendement »
Les détails contenus dans le dernier rapport de situation d’OCHA sont alarmants. Le document fait ainsi état des conditions à l’hôpital européen de Gaza (HEG) à Khan Younis. Elles y sont décrites comme « inimaginables » et « dépassant l’entendement ».
Témoins de scènes horribles de patients mourant d’infections, ils soulignent à quel point l’hôpital est submergé de patients. Conçu avec une capacité de seulement 200 lits, l’hôpital s’est agrandi à 1.000 lits, mais cette capacité accrue reste insuffisante pour répondre aux besoins en raison d’une grave pénurie de fournitures médicales de base, des dommages subis par les infrastructures et des contraintes qui pèsent sur l’accès à l’aide.
Environ 22.000 personnes déplacées ont également trouvé refuge et sécurité à l’hôpital, « s’abritant dans les couloirs et dans des tentes à l’intérieur de l’hôpital ».
A l’hôpital Kamal Adwan de Gaza, quinze enfants souffrant de malnutrition y sont accueillis chaque jour, s’efforçant de maintenir ses services dans un contexte de pénurie d’eau, de nourriture et d’assainissement. Le seul générateur de l’hôpital a été gravement endommagé, et les agents de santé et patients ont désespérément besoin d’une assistance en nourriture, en eau et en installations sanitaires.
L’hôpital Al-Shifa assiégé depuis 10 jours
L’hôpital Al-Shifa est assiégé depuis 10 jours et les forces israéliennes ont confiné le personnel et les patients dans un bâtiment utilisé par les ressources humaines, qui « n’est pas conçu pour la fourniture de soins de santé ».
À Khan Younis, au cours d’opérations militaires intensives, l’armée israélienne a forcé le personnel hospitalier et les patients blessés à évacuer l’hôpital Al Amal et a fermé les entrées avec des barrières de terre. Mardi, l’hôpital et le siège de la Société du Croissant-Rouge palestinien, situé à proximité, ont cessé de fonctionner.
« La Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (FICR) a indiqué que la fermeture forcée de l’hôpital Al Amal, l’une des rares installations médicales restantes dans le sud [et le deuxième hôpital du Croissant-Rouge palestinien à fermer], a de profondes implications, mettant en danger d’innombrables vies », a regretté l’OCHA.