Fil d'Ariane
Face à l’imminence de la famine à Gaza, le chef de l’ONU appelle à œuvrer pour une paix durable
Alors que la famine menace Gaza, le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres, a réitéré lundi son appel en faveur d’une fin durable du conflit et de la libération de tous les otages restants, dans un contexte de « dévastation sans précédent et continue » dans l’enclave palestinienne occupée.
« Les besoin sont urgents », a déclaré M. Guterres, qui s’est engagé à continuer à faire pression « pour la levée de tous les obstacles à l’aide vitale, pour plus d’accès et plus de points d’entrée » à Gaza, alors que des scènes de plus en plus terribles sont rapportées par les humanitaires de l’ONU et d’autres personnes, en particulier dans les gouvernorats du nord.
« Il faut se rendre à l’évidence : il n’y aura pas de solution humanitaire durable avec une guerre aussi sanglante que celle-ci », a souligné le chef de l’ONU. « Je le répète : rien ne justifie les attaques odieuses du 7 octobre et la prise d’otages par le Hamas, et rien ne justifie le châtiment collectif du peuple palestinien ».
Refus des convois d’aide humanitaire de l’ONU au nord de Gaza
L’appel du chef de l’ONU en faveur d’une paix durable et d’un cessez-le-feu humanitaire pour permettre l’acheminement de l’aide a été lancé alors que l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés palestiniens (UNRWA) a confirmé que les autorités israéliennes l’avaient empêchée de fournir une aide vitale au nord de la bande de Gaza.
Selon le chef de l’UNRWA, Philippe Lazzarini, « les autorités israéliennes avaient informé l’ONU qu’elles n’approuveraient plus aucun convoi alimentaire de l’UNRWA vers le nord de Gaza ».
« Malgré la tragédie qui se déroule sous nos yeux, les autorités israéliennes ont informé l’ONU qu’elles n’approuveraient plus aucun convoi alimentaire de l’UNRWA vers le nord ». a déclaré Philippe Lazzarini. « C’est scandaleux et cela montre l’intention délibérée d’entraver l’assistance vitale dans un contexte de famine provoquée par l’homme », a-t-il ajouté.
Dans ce contexte de restrictions, l’agence des Nations Unies a indiqué que les produits de base dans les gouvernorats du nord étaient désormais « 25 fois plus chers qu’avant la guerre ». Par exemple, un sac de farine de 25 kilogrammes coûte désormais plus de 400 dollars.
Le désespoir des agences humanitaires
Plus largement, l’UNRWA estime qu’il y a très peu de répit pour les Palestiniens de Gaza, même pendant le mois sacré du Ramadan, car le conflit dans la bande de Gaza se poursuit sans relâche. Les forces de sécurité israéliennes (ISF) poursuivent leurs opérations militaires dans la bande de Gaza, y compris dans le sud de la bande, avec des frappes aériennes et des bombardements à Rafah, où l’UNRWA estime qu’un total de 1,2 million de personnes vivent actuellement, la grande majorité d’entre elles dans des abris informels.
Alors que la famine menace l’enclave palestinienne, des agences humanitaires continuent de déplorer que les opérations d’aide dans le nord de la bande de Gaza deviennent de plus en plus difficiles.
Selon l’Agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens, après l’annonce de l’imminence de la famine, il n’y a pas eu de changement significatif dans le volume des fournitures entrant à Gaza ni d’amélioration de l’accès au nord. Au cours des 23 premiers jours de mars, une moyenne de 157 camions d’aide par jour a pénétré dans la bande de Gaza.
Toutes les demandes quotidiennes de l’UNRWA « rejetées sans raison »
Ce chiffre reste bien en deçà de la capacité opérationnelle des deux points de passage et de l’objectif de 500 camions par jour. L’Unrwa regrette ainsi des difficultés à Karem Abu Salem (Kerem Shalom) et à Rafah. « La sécurité de la gestion des points de passage a été gravement affectée par la mort de plusieurs policiers palestiniens lors de frappes aériennes israéliennes près des points de passage au début du mois de février », a détaillé l’UNRWA dans son dernier rapport de situation.
Les autorités israéliennes continuent de rejeter les convois alimentaires urgents de l’UNRWA vers le nord de Gaza. « Depuis le 21 mars, l’UNRWA a soumis des demandes quotidiennes aux autorités israéliennes, qui ont toutes été rejetées sans raison », a indiqué l’agence onusienne, relevant qu’une quatrième demande, soumise le 24 mars, a également été rejetée.
L’hôpital al-Amal assiégé par l’armée israélienne
Par ailleurs, le chef de l’Agence sanitaire mondiale de l’ONU (OMS) a confirmé lundi que les forces israéliennes, qui mènent une offensive aux abords du principal hôpital de Gaza, Al Shifa, ont assiégé dimanche d’autres établissements hospitaliers dans l’enclave palestinienne. Selon les rapports des médias, des véhicules militaires sont arrivés dimanche matin aux abords des hôpitaux Nasser et al-Amal, dans la ville de Khan Younis, dans le sud du territoire.
Depuis le début de la guerre contre le Hamas lancée en octobre, les forces israéliennes ont mené plusieurs opérations dans et autour d’hôpitaux, où elles expliquent être à la recherche de combattants palestiniens. « Une nouvelle attaque a été signalée contre l’hôpital Al-Amal à Gaza, une nouvelle situation où les patients et le personnel de santé sont en grand danger. Nous demandons leur protection immédiate et réitérons notre appel à un cessez-le-feu », a souligné sur le réseau social X, le Tedros Adhanom Ghebreyesus, chef de l’OMS.
Selon l’agence onusienne, un volontaire du Croissant-Rouge palestinien et une personne hébergée à l’hôpital auraient été tués. « La majorité des patients et des personnes hébergées à l’hôpital ont été contraints de quitter les lieux en raison des hostilités intenses qui se déroulent à proximité de l’hôpital ».
Les équipes de l’OMS et du Bureau des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA) n’ont pas été autorisées à se rendre à l’hôpital pour évaluer et faciliter le transfert des patients hier dimanche, mais elles ont pu aider neuf travailleurs de la santé qui ont marché d’Al-Amal au sud de la bande de Gaza en leur apportant de l’eau et des premiers soins.