Fil d'Ariane
En visite au Burkina Faso, Volker Türk appelle à ne pas perdre de vue la grave situation dans ce pays
A l’issue d’une visite au Burkina Faso, le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme, Volker Türk, a expliqué jeudi être venu exprimer sa solidarité avec le peuple burkinabè « en ces temps difficiles » et s'engager au plus haut niveau sur la situation des droits humains.
Lors d’un point de presse à Ouagadougou, M. Türk a remercié le Président de la transition, Capitaine Ibrahim Traoré, « pour les discussions approfondies et étendues que nous avons eues aujourd'hui sur la grave situation sécuritaire, la situation socio-économique et humanitaire, le changement climatique et la dégradation de l'environnement, l'espace civique, les inégalités, la nécessité de forger un nouveau contrat social et d'assurer une participation inclusive de toutes et tous les Burkinabè au processus de transition ».
Plus de 6 millions de personnes ont besoin d'assistance
Le chef des droits de l’homme a souligné que la souffrance de millions de burkinabè « est déchirante ».
Il y a 2,3 millions de personnes qui sont en insécurité alimentaire, plus de deux millions de personnes déplacées internes, ainsi que 800.000 enfants non scolarisés. Au total, 6,3 millions de personnes sur une population de 20 millions sont dans le besoin d’assistance humanitaire.
« Pourtant, cette question a disparu de l’agenda international et les ressources mises à disposition sont totalement insuffisantes pour répondre à l’ampleur des besoins des populations », a observé M. Türk.
Il a également noté que la situation sécuritaire était « plus qu'alarmante », une grande partie du pays étant terrorisée par des groupes armés.
Protéger les civils
En 2023, son Bureau a documenté 1335 violations et abus des droits humains et du droit humanitaire, avec au moins 3800 victimes civiles. Les groupes armés sont responsables de la grande majorité des violations commises contre les civils – il s’agit d’incidents impliquant plus de 86 % des victimes.
« La protection des civils est primordiale. Une telle violence gratuite doit cesser et les auteurs doivent répondre de leurs actes », a affirmé M. Türk.
Il a dit comprendre les graves défis auxquels sont confrontés les forces de défense et de sécurité au Burkina Faso, et s’est dit encouragé par les déclarations selon lesquelles des mesures sont prises pour veiller à ce que leur comportement soit pleinement conforme au droit international humanitaire et au droit international des droits de l’homme
Il s’est dit reconnaissant de ces assurances « qui arrivent en même temps que des rapports faisant état de violations graves commises par les forces de sécurité et les Volontaires pour la défense de la Patrie (VDP), qui doivent faire l'objet d'enquêtes approfondies et de mesures correctives ».
« Cela est essentiel pour instaurer un climat de droit et d'ordre, pour bâtir la confiance entre les civils et les autorités et pour éviter l'impunité », a-t-il estimé.
Participation des femmes et des jeunes
Dans le contexte de la transition au Burkina Faso, il a également jugé « essentiel de garantir la participation significative et inclusive, y compris des femmes, des jeunes et de toutes les communautés, même les plus marginalisées » et « de créer un environnement favorable aux acteurs de la société civile et d'écouter les points de vue divergents, afin que chacun puisse exercer ses droits humains sans crainte de représailles ».
Il a dit que bureau des droits de l’homme de l’ONU au Burkina Faso, qui existe depuis 2021, « fera de son mieux pour accompagner le peuple burkinabè dans les prochaines étapes de la transition, ancrées dans les droits humains ».
En conclusion, il a appelé « la communauté internationale à ne pas perdre de vue la grave situation à laquelle sont confrontés les gens ici ».