Fil d'Ariane
Climat : l’Organisation métérologique mondiale sonne « l’alerte rouge »
L’Organisation météorologique mondiale (OMM) a sonné « l’alerte rouge dans le monde » dans son nouveau rapport annuel sur l’état du climat global, publié ce mardi. Il confirme une fois de plus que l’année 2023 a été la plus chaude jamais enregistrée depuis 174 ans (l’époque de l’apparition des relevés météo).
La température moyenne en surface de la Terre a grimpé à 1,45° Celsius de plus que les niveaux pré-industriels de 1850-1900.
« Jamais nous n’avons été aussi proches – quoique sur une base temporaire pour le moment – de la limite de 1,5° Celsius fixée par l’Accord de Paris sur le changement climatique », a affirmé Celeste Saulo, la Secrétaire générale de l’OMM.
Fonte des glaces, hausse des températures des océans
Des records ont encore été battus, et dans certains cas « écrasés », aussi bien pour la température des océans que leur acidification, la montée du niveau des mers, ou encore la fonte des glaces de l’Antarctique et le volume des émissions, souligne le rapport.
La montée du niveau des mers est plus de deux fois plus rapide sur la période 2014-23 qu’au cours de la décennie 1993-2002.
La surface couverte par les glaces de l’Antarctique a été en février 2023 la plus basse jamais enregistrée depius le début de l’observation par satellite en 1979, avec 1 million de kilomètres carrés de moins que lors du record précédent, soit la taille de la France et de l’Allemagne.
Quant à la fonte des glaciers, elle est sans précédent depuis 1950. En Suisse, les glaciers ont perdu 10 % de leur volume restant au cours des deux dernières années.
Multiplication des catastrophes liées au climat
Canicules, inondations, sécheresses, incendies et cyclones tropicaux représentent autant d’événements extrêmes qui entravent le développement. Le nombre de personnes ayant souffert de l’insécurité alimentaire a plus que doublé, passant de 149 à 333 millions entre 2019 et 2023, dans 78 pays suivis par le Programme alimentaire mondial (PAM).
Par exemple, le cyclone tropical Mocha, en mai 2023, a été l’un des plus intenses jamais observés dans la Baie du Bengale. Il a contraint 1,7 million de personnes à se déplacer dans la sous-région. De même, l’ouragan Otis s’est très rapidement intensifié, touchant Acapulco au Mexique le 24 octobre 2023, où au moins 47 personnes ont été tuées.
Au Canada, les feux de forêt ont vu 14,9 millions d’hectares partir en fumée, plus que sept fois la moyenne sur le long terme. L’incendie le plus mortel s’est produit à Hawaï, avec au moins 100 morts et des dommages estimés à 5,6 milliards de dollars.
Seul motif d’espoir : les énergies renouvelables
Seule bonne nouvelle : la transition vers les énergies renouvelables apporte une « lueur d’espoir », indique l’OMM. Les capacités de production ajoutées en 2023 ont en effet augmenté de presque 50% par rapport à 2022. L’enjeu, désormais, est de voir les contributions déterminées au niveau national entrer en vigueur, dans un contexte où les émissions de gaz à effet de serre continuent d’augmenter.
Une nouvelle campagne d’action pour le climat sera lancée le 21 mars par l’OMM et le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), en vue de la rencontre ministérielle de Copenhague sur le climat, les 21 et 22 mars.
Six fois plus d’investissements nécessaires
En 2021-22, les flux financiers liés au climat global ont presque doublé par rapport à 2019-20, mais ne représentent que 1% du PIB mondial, selon l’organisation Climate Policy Initiative, citée par l’OMM.
Ces flux financiers s’élèvent à 1.300 milliards de dollars – soit l’équivalent du PIB de l’Indonésie et environ la moitié du PIB de la France, à titre de comparaison. Or, les investissements doivent être multipliés par six et atteindre 9.000 milliards de dollars d’ici 2030 (autrement dit, trois fois le PIB actuel du Royaume-Uni), afin de rester dans la cible de 1,5° Celsius fixée par l’Accord de Paris.
Car « le coût de l’inaction est plus élevé que le celui de l’action climatique », avertit l’OMM.
Sur la période 2025-2100, si rien n’est fait pour rester dans la cible de l’Accord de Paris, le coût total de l’inaction s’élèvera à 1.266 billions de dollars – soit plus de 12 fois le PIB annuel mondial actuel. Un chiffre qui reste sans doute « dramatiquement sous-estimé », précise l’OMM.