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Islamophobie : le chef de l’ONU appelle à éradiquer le fléau du sectarisme antimusulman

Le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres, a saisi la Journée internationale de lutte contre l’islamophobie, célébrée ce vendredi, et le mois du Ramadan en cours, pour appeler à la solidarité et à l’empathie avec les musulmans du monde entier.

« Le Ramadan est un temps de réflexion et de solidarité… mais pour de nombreux musulmans de par le monde, cette période est également synonyme d’angoisse et de peur », a commencé le Secrétaire général dans une allocution lors d’une cérémonie célébrant cette Journée au siège des Nations Unies à New York. 

« Dans l’esprit du Ramadan, j’ai appelé à faire taire les armes à Gaza et au Soudan. Aujourd’hui, à l’occasion de cet important événement, j’appelle tous les responsables politiques, religieux et communautaires à se joindre à notre appel », a-t-il ajouté. 

« Il est temps que la paix soit une réalité. »

Source essentielle de culture, de philosophie et de science

Rappelant que pendant des siècles, les musulmans ont été une source essentielle de culture, de philosophie, d'érudition et de science, M. Guterres a salué les innombrables contributions de musulmans comme Avicenne, Al-Khwarizmi et Averroès dans tous les domaines de la science, de la technologie et de la médecine à la littérature, à l'art, à la musique et à l'architecture. 

« L'événement d'aujourd'hui met en lumière un fléau vicieux, qui représente un déni et une ignorance totale de l'islam et des musulmans et de leurs contributions indéniables : le fléau de l'islamophobie », a déclaré le Secrétaire général.

« Partout dans le monde, nous assistons à une montée de la haine et du sectarisme antimusulmans », a-t-il constaté, pointant « la discrimination structurelle et systémique, l’exclusion socioéconomique, les politiques d’immigration déséquilibrées, une surveillance et un fichage injustifiés et les restrictions d’accès à la citoyenneté, à l’éducation, à l’emploi et à la justice ».

Il a dénoncé « ceux qui exploitent honteusement la haine antimusulmane et les politiques d’exclusion à des fins politiques » et « ceux qui se spécialisent dans les discours haineux… pour amplifier et diffuser leurs idéologies méprisables ».

Alors que des millions de personnes à travers le monde commencent à observer le mois sacré du Ramadan, à Gaza et dans toute la région, nombreux sont ceux qui, malheureusement, seront confrontés au conflit, au déplacement et à la peur.
© UNRWA
Alors que des millions de personnes à travers le monde commencent à observer le mois sacré du Ramadan, à Gaza et dans toute la région, nombreux sont ceux qui, malheureusement, seront confrontés au conflit, au déplacement et à la peur.

Nous ne pouvons rester les bras ballants

De même, M. Guterres a mis en garde contre « les plateformes en ligne qui sont devenues le terrain de prédilection des idéologies extrémistes et du harcèlement ».

« Nous ne pouvons rester les bras ballants face à ce déchaînement de haine et de sectarisme », a déclaré le Secrétaire général, exhortant à « affronter et éradiquer le fléau du sectarisme antimusulman ».

« Les dirigeants politiques doivent montrer la voie et cultiver la cohésion sociale, et non la peur », a-t-il ajouté. « Les gouvernements doivent condamner les discours incendiaires et préserver la liberté de religion, en particulier pour les minorités ».

Le chef de l’ONU a également estimé que « les plateformes numériques doivent modérer les contenus haineux et empêcher qu’ils ne se répandent, tout en protégeant leurs utilisateurs du harcèlement ». Selon lui, « l’intelligence artificielle doit réduire les préjugés et les stéréotypes, et non les reproduire ».

Mettre fin à l’islamophobie

De son côté, le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme s'est aussi alarmé de la montée de l'antisémitisme et de l'islamophobie, depuis le début de l'opération militaire israélienne à Gaza en réponse à l'attaque de groupes armés palestiniens contre Israël le 7 octobre 2023. 

« Aux États-Unis et en Europe, des rapports font état d’une augmentation de 600% des incidents islamophobes », a déclaré Volker Türk, qui a condamné « la forte augmentation des cas de discours de haine, de violence et de discrimination, à la fois en ligne et hors ligne ».

Le Haut-Commissaire, qui s’exprimait à Genève, a rappelé aux États Membres « la nécessité de mettre en œuvre la résolution 76/254 adoptée par l’Assemblée générale des Nations Unies qui appelle à mettre fin à l’islamophobie ».

Il a également noté que la résolution 16/18 du Conseil des droits de l’homme fournit un plan d’action pour combattre l’intolérance religieuse et que le Processus d’Istanbul offre un mécanisme de mise en œuvre.

« Le Haut-Commissariat aux droits de l’homme a également développé un guide pratique pour élaborer des lois contre les discriminations », a dit M. Türk en conclusion.