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Plus d’enfants tués en 4 mois à Gaza qu’en 4 ans de conflits dans le monde

Avec 12.300 victimes, la guerre à Gaza a tué plus d’enfants en quatre mois qu’en quatre ans de conflits à travers le monde, selon l’Agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens (UNRWA), qui dénonce « une guerre contre les enfants » dans l’enclave palestinienne.

Cette alerte de l’Unrwa fait référence aux chiffres des Nations Unies selon lesquels 12.193 enfants ont été tués dans des conflits dans le monde entre 2019 et 2022. Dans le même temps, 12.300 enfants ont été tués à Gaza entre octobre 2023 et février 2024.

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« C’est stupéfiant. Le nombre d’enfants tués en un peu plus de 4 mois à Gaza est plus élevé que le nombre d’enfants tués en 4 ans de guerres dans le monde entier », a écrit le chef de l’UNRWA, Philippe Lazzarini sur X.

Ces nouveaux chiffres sur la mortalité infantile à Gaza interviennent alors que la situation dans l’enclave palestinienne est « catastrophique » et se « détériore de minute en minute ». Selon le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA), 25 personnes sont mortes de malnutrition et de déshydratation dans le nord de la bande de Gaza. 21 d’entre elles étaient des enfants.

D’autres enfants tués par la malnutrition et des maladies

« Nous appelons le monde à ne pas détourner le regard. Il est temps que l’humanité l’emporte », a dit l’UNRWA sur le réseau social X. « Cette guerre est une guerre contre les enfants. C’est une guerre contre leur enfance et leur avenir », a insisté pour sa part, Philippe Lazzarini, qui réclame un cessez-le-feu maintenant pour le bien-être des enfants de Gaza.

« Des enfants meurent de faim et de déshydratation à Gaza », avait également alerté le Fonds des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF) dans un rapport publié le 3 mars, appelant à un sursaut international pour éviter une famine généralisée, dont les enfants sont d’ores et déjà les premiers à payer le prix.

« A Gaza, des milliers d’enfants ont été blessés et tués, d’autres perdent la vie à cause de la malnutrition et des maladies, des centaines de milliers ont été déplacés. Tous les enfants de Gaza sont exposés à une destruction généralisée, à des événements profondément pénibles et à des traumatismes », fait valoir sur X l’UNICEF.

17.000 enfants non accompagnés ou séparés à Gaza

Cette guerre a commencé par l’attaque sans précédent du Hamas, le 7 octobre, qui a fait environ 1.200 morts en Israël, pour la plupart des civils israéliens et ressortissants étrangers. Au 12 mars, 247 soldats ont été tués et 1.475 soldats blessés à Gaza depuis le début de l’opération terrestre, selon l’armée israélienne.

Les bombardements de représailles et l’offensive terrestre d’Israël ont tué, entre le 7 octobre 2023 et le 12 mars 2024, 31.184 Palestiniens à Gaza, principalement des femmes et des enfants, selon le ministère de la Santé à Gaza

Par ailleurs, l’UNICEF a lancé un avertissement le 9 mars dernier. Selon l’agence onusienne, « il y a 600.000 enfants à Rafah, terrifiés par ce qui les attend ». « Du déplacement à la menace de bombardements, en passant par la famine et la maladie, ils sont si nombreux à souffrir de l’inimaginable, et maintenant ils sont piégés dans un espace surpeuplé où la mort se rapproche », a détaillé l’UNICEF.

De plus, l’agence onusienne estime que 17.000 enfants sont actuellement non accompagnés ou séparés à Gaza. Ce qui représente un pour cent de la population déplacée totale de 1,7 million de personnes.

Moyenne quotidienne de 155 camions entrant à Gaza début mars

Sur le front humanitaire, l’OCHA souligne que les six premiers jours de mars ont vu une augmentation du nombre de camions entrant à Gaza, avec une moyenne de 155 camions par jour. Ce chiffre reste bien en deçà de la capacité opérationnelle des deux postes frontières et de l’objectif de 500 camions par jour, avec des difficultés à la fois à Karem Abu Salem (Kerem Shalom) et à Rafah.

Les camions de l’UNRWA ont eu du mal à entrer dans la bande de Gaza en raison de la guerre et de l’ouverture irrégulière des deux points de passage. « La sécurité de la gestion des points de passage a été gravement affectée par la mort de plusieurs policiers palestiniens lors de frappes aériennes israéliennes près des points de passage au début du mois de février », a indiqué l’UNRWA.

Malgré ces restrictions et alors que la faim s’accroît dans la bande de Gaza, l’ONU et ses partenaires s’efforcent d’acheminer l’aide dont les habitants ont désespérément besoin, malgré les combats et les bombardements israéliens en cours, ainsi que l’insécurité, les fermetures fréquentes des frontières et les contraintes d’accès qui continuent d’entraver la sécurité et l’efficacité des opérations d’aide.

Une mère porte son enfant dans un quartier bombardé à l’ouest de la ville de Gaza.
© UNICEF/Omar Al-Qattaa
Une mère porte son enfant dans un quartier bombardé à l’ouest de la ville de Gaza.

Importance des routes terrestres et points d’entrée d’Israël à Gaza

La semaine dernière, 19 partenaires ont fourni une aide alimentaire à Gaza, qui a atteint en moyenne 200.000 personnes par jour.  Ils ont distribué, entre autres, des colis alimentaires et des repas chauds.  Plus des deux tiers d’entre eux se trouvaient à Rafah, le reste à Deïr el-Balah, Khan Younis et dans d’autres régions.

Sur un autre plan, Sigrid Kaag, Coordonnatrice de l’action humanitaire et de la reconstruction à Gaza, et Jorge Moreira da Silva, Directeur exécutif du Bureau des Nations Unies pour les services d’appui aux projets (UNOPS), se sont félicités conjointement hier mardi de l’ouverture d’un couloir maritime pour acheminer à Gaza, par voie maritime, une aide humanitaire supplémentaire indispensable. Une équipe technique conjointe de l’UNOPS et de la Coordonnatrice se trouve actuellement à Chypre, en collaboration avec les autorités nationales et les partenaires.

Ces deux hauts responsables ont expliqué que, pour acheminer l’aide à grande échelle, il n’y a pas de substitut significatif aux nombreuses routes terrestres et points d’entrée d’Israël à Gaza. 

Les routes terrestres en provenance d’Égypte, de Rafah en particulier, et de Jordanie restent également essentielles à l’effort humanitaire mondial.

Le corridor maritime apporte toutefois une complémentarité bien nécessaire et fait partie d’une réponse humanitaire soutenue visant à fournir une aide aussi efficacement que possible par toutes les routes possibles, ont déclaré les deux responsables.