Fil d'Ariane
En Haïti, ONU Femmes facilite l’autonomisation des femmes et des filles en pleine crise humanitaire
Cette année la Journée internationale des femmes est placée sous le thème Investir en faveur des femmes : accélérer le rythme et pour cause, si les tendances actuelles se poursuivent, plus de 342 millions de femmes et de filles pourraient tomber sous le seuil de pauvreté d’ici 2030.
Qu’il s’agisse des conflits géopolitiques, de la forte recrudescence de la pauvreté, ou encore de l’aggravation des effets du changement climatique, le monde est confronté à de nombreuses crises.
Pour ONU Femmes, ces défis nécessitent des solutions qui renforcent l’autonomie des femmes. En investissant en faveur des femmes, ONU Femmes estime que nous pouvons susciter des changements et accélérer la transition vers un monde plus sain, plus sûr et plus égalitaire pour tous.
C’est ainsi que l’agence onusienne facilite l’autonomisation des femmes et des filles haïtiennes en pleine crise humanitaire, comme l’illustre leur reportage que nous partageons avec vous à l'occasion de cette Journée.
Les troubles civils en Haïti ont débouché sur une crise humanitaire profonde, avec plus de 300.000 personnes déplacées de leurs foyers, dont 170.000 enfants, selon les estimations. Ces déplacements compromettent les droits, les perspectives économiques et la vie des femmes et des filles.
Tout au long de cette crise, des groupes de femmes ont travaillé pour rester actifs en Haïti, et ONU Femmes collabore avec des organisations partenaires pour apporter un soutien économique et psychologique, et d’autres formes d’appui aux femmes et aux filles dans le pays.
L'appui aux survivantes de violences sexistes
L’un de ces projets est mené à la Cité Soleil, dans l’agglomération de la capitale, Port-au-Prince. Là-bas, ONU Femmes collabore avec Rapha International et des groupes locaux depuis fin 2022, avec des financements du Fonds de consolidation de la paix des Nations Unies, pour fournir un appui d’urgence aux femmes qui ont survécu à des violences sexistes et sexuelles, notamment par des services de conseils psychologiques, une aide médicale, une relocalisation et un financement économique,.
Le programme a également mis en place un système de signalement en ligne sécurisé permettant aux victimes de violences fondées sur le genre de se connecter en toute sécurité et anonymement à des prestataires de services pour des soins médicaux, des services psychosociaux, de nouveaux logements et un soutien économique.
Plus de 2.000 personnes ont utilisé ce système depuis qu’il a été lancé, ce qui a permis à 230 femmes et filles fuyant la violence de gangs de recevoir des aliments et des trousses d’hygiène. En parallèle, un programme d’orientation communautaire a permis à près de 1 000 femmes et filles de bénéficier d’une aide, dont 524 qui ont reçu un soutien psychosocial direct et 436 qui ont pu accéder à d’autres formes d’assistance.
Le partenariat avec Rapha International comprenait également la formation de 10 dirigeants.es de communautés et 86 autres parties prenantes, notamment des directeurs.trices d’école, d’hôpital et de clinique, auxquels on a appris à reconnaître les signes d’abus sexuels et les meilleurs moyens de les signaler.
Des associations d'épargne et de crédit
Par ailleurs, dans le département du Sud d’Haïti, le Fonds des femmes pour la Paix et l’Action Humanitaire, un partenariat entre les Nations Unies et les groupes locaux de la société civile – a financé un projet qui a permis à environ 54 femmes de zones rurales d’accéder pour la première fois à des institutions financières en lançant deux Associations d'épargne et de crédit villageoises qui sont auto-gérés et autofinancés utilisant les économies des membres pour se prêter mutuellement de l'argent.
Un tel renforcement financier a donné aux femmes une plus grande indépendance et autonomie, qu'elles n'avaient pas auparavant.
« Ces femmes ont maintenant une présence et une représentation plus solides dans leur communauté », a déclaré Marc-Aurèle François, coordonnateur de MOJDDE, une organisation locale de la commune de Port-à-Piment dans le Sud, qui a travaillé avec les femmes se remettant du séisme survenu en 2021.
Un nouvel espace de travail accessible
Également dans le département du Sud, le Réseau associatif national pour l’intégration des personnes handicapées (RANIPH Sud), un partenaire d’ONU Femmes, a travaillé pour étendre ses programmes afin d’atteindre les personnes handicapées, en ouvrant un nouvel espace de travail accessible. Celui-ci est désormais utilisé par huit organisations locales qui, collectivement, réunissent 800 membres, y compris une association locale d’épargne et de crédit et des groupes d’autonomisation des femmes et des personnes handicapées.
« Cet appui institutionnel a considérablement renforcé la présence du RANIPH et a permis à l'organisation d’apporter un soutien amélioré aux personnes handicapées de la région », a déclaré le coordonnateur du RANIPH, Semé Jean, à propos du partenariat avec ONU Femmes.
Aux Cayes, une commune du Sud d’Haïti, ONU Femmes et le Fonds des Femmes pour la Paix et l'Action Humanitaire ont également soutenu un projet visant à aider les femmes et les filles à acquérir des compétences entrepreneuriales et à renforcer leur indépendance économique.
Des compétences entrepreneuriales
Depuis son lancement en 2022, le projet a bénéficié à 200 femmes et filles, leur fournissant des formations et des conseils sur les meilleures pratiques agricoles, la gestion d’entreprise et d’autres sujets, notamment l’égalité des sexes et le leadership des femmes. Selon Dormevil Onicia, une femme de 46 ans, mère de cinq enfants qui a participé à ces formations, le programme lui a non seulement permis d’acquérir de précieuses compétences, mais les cours sur les droits des femmes ont également renforcé son sentiment d’autonomie.
« Avant, je ne participais pas à des réunions publiques et je ne prenais pas la parole devant de grands groupes de personnes. Avec l’arrivée de ce projet, j’ai commencé à participer aux réunions organisées par les responsables, et les approches participatives et inclusives m’ont beaucoup aidée dans mon épanouissement personnel », a-t-elle confié. « Je suis fière d’avoir fait partie de ce programme ».
Avec les bonnes méthodes agricoles, j’ai cultivé sur une plus petite surface qu’auparavant tout en gagnant plus d’argent.
Mme Onicia a déclaré que les formations l’avaient encouragée à passer de la culture du maïs – qui nécessitait beaucoup d’espace – à l’élevage d’animaux de petite taille et de moutons, ainsi qu’à la culture de plantes plus économes en ressources, en recourant à des techniques de compostage et de paillage. Le programme lui a apporté un appui technique et lui a donné des semences ainsi que deux moutons pour lancer sa nouvelle entreprise.
« Avec les bonnes méthodes agricoles, j’ai cultivé sur une plus petite surface qu’auparavant tout en gagnant plus d’argent », a-t-elle déclaré, ajoutant qu’elle avait également étendu son entreprise pour inclure un moulin, où elle moud du maïs et des céréales pour les vendre ensuite sur un marché local.
« Les restes de maïs et de millet sont également vendus aux agriculteurs, rien n’est perdu », a-t-elle indiqué. « Avec le revenu que je génère, je paye les frais de scolarité de mes enfants, notamment pour mon fils qui est en première année à l’université ».
Redonner confiance et espoir
Une autre femme du Sud d’Haïti, Florence, a souligné que les programmes proposés par ONU Femmes, avec l’appui du Fonds des Femmes pour la Paix et l'Action Humanitaire et des partenaires locaux, lui avaient donné une deuxième chance dans la vie après avoir survécu à des violences sexistes et sexuelles.
Elle a participé au programme de la Cellule d’appui stratégique de développement agricole (CASDA), axé sur l’autonomisation des femmes qui ont survécu à des violences fondées sur le genre. Ce programme comprenait des formations professionnelles, des services de conseils, des ateliers sur l’autonomisation des femmes et leurs droits, ainsi que des initiatives visant à renforcer leur résilience et leur indépendance économique.
« Je vivais dans la peur et l’incertitude. La violence que j’ai subie m’avait fait perdre tout espoir », a-t-elle confié. « Mais grâce à l’opportunité offerte par la CASDA, j’ai pu démarrer ma propre petite entreprise. Aujourd’hui, je suis fière de dire que je suis financièrement indépendante et que je peux répondre aux besoins de ma famille ».
« Ce projet m’a donné confiance en moi-même et dans l’avenir », a-t-elle ajouté. « Je suis reconnaissante à tous ceux qui ont rendu cela possible ».