Fil d'Ariane
La FAO alarmée par l’augmentation de la faim au Proche-Orient
L’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) s’est inquiétée, lundi, de l’augmentation de la faim au Proche-Orient.
La situation à Gaza, conjuguée aux crises prolongées au Soudan, en Syrie et au Yémen, est « très préoccupante », a déclaré lundi Qu Dongyu, Directeur général de la FAO, lors de son allocution à la 37e session de la Conférence ministérielle régionale de la FAO pour le Proche-Orient et l’Afrique du Nord (NENA).
« Dans la région NENA en particulier, nous observons une tendance inquiétante à l’augmentation continue de la faim et de la malnutrition au cours des dernières années », a-t-il ajouté.
La conférence, qui a réuni à Amman (Jordanie) des responsables gouvernementaux, des universitaires et des représentants du secteur privé et de la société civile de la région, s’est déroulée dans le contexte d’une hausse inquiétante des estimations de la faim et de la malnutrition.
Près de 60 millions de personnes sous-alimentées
La sous-alimentation dans la région de NENA a augmenté de 75,9% depuis l'an 2000
Selon les derniers chiffres de la FAO, la faim dans les Etats arabes a atteint sa valeur la plus élevée depuis le début du millénaire en 2022, avec 59,8 millions de personnes sous-alimentées. Cela représente une augmentation de 75,9% par rapport à 2000, ce qui correspond à 12,9% de la population, bien au-dessus de la moyenne mondiale de 9,2%.
Avec environ 60% de la population de la région souffrant de la faim et plus de la moitié de la population n’ayant pas les moyens de s’offrir un régime alimentaire sain, la région dépend fortement des importations de denrées alimentaires, ce qui entraîne une érosion rapide des sols et l’épuisement des ressources agricoles.
La situation a depuis atteint un point critique à Gaza, où la population connaît des niveaux catastrophiques d’insécurité alimentaire due au conflit et un risque élevé de famine. Selon cette institution onusienne basée à Rome, la crise de Gaza vient s’ajouter aux multiples défis auxquels la région est confrontée depuis longtemps.
Il s’agit notamment des effets négatifs de la crise climatique, de la faible disponibilité d’eau douce par habitant, de l’augmentation de la population et de l’urbanisation, ainsi que de la forte dépendance à l’égard des importations de denrées alimentaires.
Chevauchement de crises
En outre, les crises qui se chevauchent, telles que la pandémie de COVID-19, les effets des conflits et des guerres en cours dans d’autres parties du monde, ainsi que les défis économiques et fiscaux croissants, en particulier l’augmentation des prix des denrées alimentaires, ont aggravé ces difficultés.
Tous ces défis ont un impact sur les systèmes agroalimentaires mondiaux, soulignant la nécessité d’une transformation urgente de nos systèmes agroalimentaires pour qu’ils deviennent plus efficaces, plus inclusifs, plus résilients et plus durables, a affirmé la FAO.
« C’est la raison pour laquelle le thème de cette conférence régionale est « l’accélération de cette transformation - il ne pourrait être plus pertinent et plus opportun qu’aujourd’hui », a déclaré M. Qu.
Sauvegarder urgemment les systèmes agroalimentaires
La FAO estime ainsi qu’il n’y a plus de temps à perdre pour contrôler les dommages causés. Il s’agit de sauvegarder urgemment les systèmes agroalimentaires pour les générations actuelles et futures.
« Pour ce faire, nous avons besoin d’une vision commune, de prévoyance, d’appropriation, d’une stratégie de mise en œuvre et d’une voie claire menant à un impact et à des résultats à court, moyen et long terme », a conclu M. Qu lors de la conférence.