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RCA : l’insécurité persiste dans certaines régions malgré les efforts des autorités, note un expert de l’ONU

A l’issue d’une visite en République centrafricaine, un expert de l'ONU a salué les efforts déployés par le gouvernement pour étendre la sécurité à d'importantes régions du pays, tout en soulignant les défis qui subsistent au-delà des zones urbaines.

« Malgré les progrès réalisés, l'insécurité persiste au quotidien en raison des groupes armés retranchés dans les régions reculées, en particulier les forêts et les sites miniers », a déclaré Yao Agbetse, Expert indépendant sur la situation des droits de l'homme en République centrafricaine, dans une déclaration à l'issue de sa visite qui a duré 10 jours.

Crimes de guerre

S'exprimant sur les incidents récents, l’expert a fait référence à l'attaque contre le village de Nzakoundou dans la préfecture de Lim-Pendé, où le groupe des 3R aurait ciblé les points de contrôle des forces armées centrafricaines (FACA), faisant des victimes et des morts parmi les civils. Condamnant les violences, il a souligné l'importance de demander des comptes aux auteurs de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité.

« L'utilisation d'engins explosifs dans diverses préfectures a encore aggravé la situation, faisant des victimes civiles, les enfants étant particulièrement touchés, et perturbant des activités essentielles telles que l'école et les activités agricoles », a déclaré l'expert. Il a appelé à soutenir les efforts de déminage et a appelé les partenaires techniques et financiers à fournir une assistance du Service d’action antimine des Nations Unies (UNMAS) et à intégrer les spécialistes du déminage au sein de la Mission des Nations Unies en RCA (MINUSCA).

M. Agbetse a souligné la nécessité d'une formation cohérente, d'un déploiement stratégique et d'un commandement efficace au sein des forces de défense et de sécurité pour répondre aux préoccupations plus larges en matière de sécurité. Il a également souligné l'importance de veiller à ce que les entreprises militaires et de sécurité privées rendent des comptes, en particulier en ce qui concerne les droits de l'homme et le droit international humanitaire.

Réforme du secteur de la sécurité

Tout en reconnaissant les efforts déployés par le couvernement dans le cadre de la feuille de route de l'Accord politique pour la paix et la réconciliation et de la Convention de Luanda, l'expert a souligné les défis qui subsistent dans les domaines de la décentralisation, de la justice, de la réforme du secteur de la sécurité et de la réconciliation. Il a souligné l'importance de mettre en œuvre les recommandations du Dialogue républicain pour faire avancer le processus de paix et de réconciliation afin d'ouvrir la voie à des élections locales.

M. Agbetse a également noté qu'un nombre important de demandeurs d'asile soudanais et de rapatriés centrafricains cherchaient refuge dans le nord-est de la République centrafricaine, ainsi que des réfugiés tchadiens dans le nord-ouest.

« J'exhorte le gouvernement et la communauté internationale à travailler ensemble pour faciliter des retours sûrs et durables, en mettant l'accent sur le soutien et l'autonomisation à long terme », a-t-il déclaré.

L'expert a également condamné les violations commises par les forces de sécurité contre les civils et a appelé à ce que les responsables rendent des comptes, y compris pour les violations commises par les forces bilatérales.

Prendre en compte les besoins des victimes

« Les besoins des victimes doivent être pris en compte et les mécanismes existants de lutte contre l'impunité doivent être renforcés et pleinement efficaces, y compris la Commission vérité, justice, réparation et réconciliation. M. Agbetse appelle la communauté internationale à prévoir un fonds de réparation pour les victimes.

S'agissant des droits de l'enfant et de l'éducation, l'expert a recommandé d'intégrer une stratégie nationale de protection de l'enfance dans le Plan national de développement 2024-2028 et de donner la priorité aux initiatives de reconstruction des infrastructures éducatives et de lutte contre les violences basées sur le genre. Il a également appelé à des réformes de la formation professionnelle afin de promouvoir l'entrepreneuriat des jeunes et de renforcer les partenariats avec le secteur des entreprises.

« J'exhorte le gouvernement à prendre l'initiative d'élaborer le Plan national de développement 2024-2028 et d'intégrer tous les thèmes prioritaires nationaux afin de promouvoir la justice, la paix, la réconciliation, la stabilité et le développement durable en République centrafricaine », a dit l'expert indépendant, appelant à un soutien accru des partenaires techniques et financiers pour atteindre les objectifs de développement durable en RCA.

NOTE

Les Experts indépendants et Rapporteurs spéciaux font partie de ce que l'on appelle les procédures spéciales du Conseil des droits de l'homme. Les titulaires de mandat des procédures spéciales sont des experts indépendants en matière de droits de l'homme nommés par le Conseil des droits de l'homme pour traiter soit de situations nationales spécifiques, soit de questions thématiques dans toutes les régions du monde. Ils ne font pas partie du personnel de l'ONU et sont indépendants de tout gouvernement ou organisation. Ils servent à titre individuel et ne reçoivent pas de salaire pour leur travail.