Fil d'Ariane
Gaza : les forces israéliennes accusées d’avoir bloqué un convoi d’évacuation
Les agences humanitaires des Nations Unies opérant à Gaza ont exprimé mardi leur profonde frustration face aux restrictions d’accès à l’aide qui leur sont imposées par l’armée israélienne, après que des ambulances transportant des patients d’un hôpital ont été arrêtées pendant plusieurs heures, tandis que le personnel soignant était fouillé et détenu.
Le Bureau des affaires humanitaires des Nations Unies (OCHA) affirme que l’armée israélienne a bloqué un convoi d’évacuation médicale dans la ville de Khan Younis, dans le sud de la bande de Gaza, détenant un secouriste et forçant les autres à se déshabiller.
L’incident s’est produit dimanche lors de l’évacuation de patients de l’hôpital al-Amal de la ville, qui est assiégé par les forces israéliennes. Selon l’ONU, ce nouvel incident lors de l’évacuation médicale à l’hôpital Al Amal met en évidence des conditions de sécurité inacceptables pour l’acheminement de l’aide humanitaire.
« Il ne s’agit pas d’un incident isolé. Les convois d’aide sont la cible de tirs et se voient systématiquement refuser l’accès aux personnes dans le besoin », a affirmé l’équipe humanitaire des Nations Unies en Palestine.
2 secouristes du Croissant-Rouge palestinien toujours détenus
Le 25 février, le Croissant-Rouge palestinien et les Nations Unies ont tout de même réussi à évacuer 24 patients de l’hôpital Al Amal, dont une femme enceinte, une mère et un nouveau-né. L’hôpital est l’épicentre des opérations militaires à Khan Younis depuis plus d’un mois.
D’une manière générale, les convois d’aide essuient des tirs et se voient systématiquement refuser l’accès aux personnes dans le besoin. Des travailleurs humanitaires ont été harcelés, intimidés ou détenus par les forces israéliennes, et des infrastructures humanitaires ont été touchées.
« Malgré une coordination préalable avec la partie israélienne pour tous les membres du personnel et les véhicules, les forces israéliennes ont bloqué le convoi [de l’Organisation mondiale de la santé] dirigé par l’OMS pendant de nombreuses heures dès qu’il a quitté l’hôpital », a déclaré lors d’un point de presse régulier de l’ONU à Genève, Jens Laerke, porte-parole d’OCHA.
Finalement, « les militaires israéliens ont forcé les patients et le personnel à sortir des ambulances et ont déshabillé tous les auxiliaires médicaux », a ajouté M. Laerke. Trois secouristes de la Société du Croissant-Rouge palestinien ont ensuite été arrêtés, bien que leurs coordonnées aient été communiquées à l’avance aux forces israéliennes. M. Laerke a ajouté qu’un secouriste avait été libéré par la suite et a lancé un appel pour la libération des deux autres et de tous les autres membres du personnel de santé emprisonnés.
L’incident de l’hôpital Al Amal pas un cas isolé
Pour l’ONU, il ne s’agit pas d’un incident isolé. Juste avant l’incident de dimanche, deux membres de la famille d'employés de Médecins Sans Frontières ont été tués lors d’une attaque impromptue des forces israéliennes contre un complexe où dormaient des membres de son personnel et leur famille.
Le manque de facilitation pour l’acheminement de l’aide dans la bande de Gaza signifie que les travailleurs humanitaires sont soumis à des risques inacceptables et évitables d’être détenus, blessés ou pire encore, ce qui empêche l'ONU, ainsi que ses partenaires, d’atteindre en toute sécurité le nord de la bande de Gaza et, de plus en plus, certaines parties du sud de l'enclave palestinienne.
L’hôpital Al Amal - un établissement géré par le Croissant-Rouge palestinien (PCRS), partenaire de l’ONU - a été au centre des opérations militaires pendant plus d’un mois, subissant 40 attaques entre le 22 janvier et le 22 février qui ont fait au moins 25 morts et des travailleurs de la santé trop effrayés pour quitter l’enceinte médicale pendant des semaines, a déclaré l’équipe de pays des Nations Unies dans un communiqué.
Malgré ces restrictions, une mission de secours de l’ONU à Al Amal a réussi à livrer samedi dernier des fournitures médicales, des médicaments et des antibiotiques qui faisaient cruellement défaut, ainsi que de la nourriture, de l’eau et du carburant pour les générateurs.
Seuls 12 des 36 hôpitaux de Gaza fonctionnent partiellement
« Les agents de santé ont confirmé qu’ils avaient pu sortir des bâtiments de l’hôpital à l’intérieur de l’enceinte samedi, après un mois passé à l’intérieur », a indiqué l’OMS. « Ils craignaient pour leur vie, car il y avait des combats autour de la zone et l’hôpital avait été touché à plusieurs reprises ».
Plus largement, seuls 12 des 36 hôpitaux de Gaza « fonctionnent partiellement », a déclaré pour sa part, Christian Lindmeier, porte-parole de l’OMS, relevant que « six sont dans le sud et six dans le nord (mais) 23 hôpitaux ne fonctionnent pas du tout ».
Quinze équipes médicales d’urgence supplémentaires ont également été déployées dans le sud de la bande de Gaza, avec quatre hôpitaux de campagne d’une capacité totale de 305 lits, a poursuivi M. Lindmeier.
« Il s’agit là d’importantes poches d’aide, mais il serait bien sûr plus important de remettre le système de santé de Gaza sur pied et de faire en sorte que tous les travailleurs de la santé qui sont là et qui sont formés - et qui, même dans ces circonstances, sont prêts à travailler - soient en mesure de travailler », a-t-il dit.
Face aux restrictions notés sur le terrain, les Nations Unies indiquent avoir fait part aux autorités israéliennes des conditions requises pour faciliter véritablement les opérations de secours dans la bande de Gaza.
« Le strict minimum est le suivant : la notification préalable d’une mission humanitaire s’accompagne de la responsabilité de faciliter un passage sûr, fluide et rapide sur le terrain », a conclu l’OCHA, relevant l’engagement de l’ONU auprès des forces israéliennes pour que « ces exigences soient respectées et que la réponse humanitaire soit possible ».