Fil d'Ariane
Qu’est-ce que l'Assemblée des Nations Unies pour l'Environnement et pourquoi est-ce important ?
Tous les deux ans, les 193 États membres des Nations Unies se retrouvent pour discuter des enjeux environnementaux auxquels la planète est confrontée. Cet événement, c'est l'Assemblée des Nations Unies pour l'Environnement (ANUE), dont la sixième édition se tient du 26 février au 1er mars à Nairobi, au Kenya.
Cette Assemblée est une sorte de « parlement mondial de l'environnement, » qui a pour objectif de définir les priorités des politiques environnementales et d'élaborer une législation internationale en la matière.
Pourquoi cette Assemblée est importante ?
Cette sixième Assemblée de l'environnement rassemble un nombre record de 6.000 délégués, dont sept chefs d'État, 139 ministres et vice-ministres, ainsi que des experts, des militants et des représentants de l'industrie.
Créée en 2012 à la suite de la Conférence des Nations Unies sur le développement durable (Rio+20) au Brésil, l’ANUE représente une nouvelle ère du multilatéralisme. Depuis sa création, les questions environnementales se voient accorder le même niveau d'importance que des préoccupations mondiales telles que la paix, la sécurité et la santé.
Au fil des ans, l'ANUE a approuvé d'importantes résolutions couvrant une gamme diversifiée de sujets tels que la lutte contre le trafic illégal d'espèces sauvages, la protection de l'environnement dans les zones de conflit armé, la mobilité urbaine durable, etc.
Grâce aux discussions de la session 2022 de l'Assemblée de l'environnement, des négociations ont été entamées en vue de créer le premier instrument international juridiquement contraignant visant à mettre fin à la pollution plastique, qui devrait être prêt d'ici la fin de 2024.
Quels sont les enjeux de cette 6ème Assemblée ?
Le thème central de l'Assemblée des Nations Unies pour l'Environnement (ANUE-6) sera les accords multilatéraux sur l'environnement et la manière dont ils peuvent aider à surmonter la triple crise planétaire du chaos climatique, de la perte de biodiversité et de la pollution.
Malgré les défis socio-économiques engendrés par la pandémie de COVID-19 et les tensions géopolitiques actuelles, les deux dernières années ont été marquées par des avancées significatives dans la coopération environnementale.
Par exemple, en 2022, l'Assemblée générale des Nations Unies a reconnu le droit universel de l'Homme à un environnement propre, sain et durable, ouvrant ainsi la voie à des changements constitutionnels et juridiques nationaux en faveur de l'environnement et de l'humanité.
La même année, le Cadre mondial pour la biodiversité Kunming-Montréal a été approuvé, mettant en place des mesures visant à protéger un million d'espèces animales et végétales en voie d'extinction.
En juin 2023, les 193 États membres des Nations Unies ont signé le traité sur la haute mer, une initiative visant à préserver la biodiversité marine dans les zones situées au-delà des juridictions nationales.
Un moment clé a été atteint lors de la COP28 en novembre dernier, avec l'annonce d'un accord tant attendu sur le financement des « pertes et dommages » pour les pays vulnérables touchés par le changement climatique.
Ces succès seront au cœur des discussions de l'ANUE-6, qui consacrera une journée à l'examen de ces réalisations, tout en explorant la manière dont les gouvernements peuvent prendre des mesures concrètes et unifiées, notamment en assurant un financement adéquat, pour mettre en œuvre les accords multilatéraux signés.
En même temps, l'ANUE-6 ne se concentrera pas seulement sur les nouveaux engagements, mais aussi sur le respect de tous ceux qui existent déjà.
Quels sont les thèmes prioritaires ?
En tant que Directrice exécutive du Programme des Nations Unies pour l'Environnement (PNUE), Inger Andersen a récemment exposé les six thèmes prioritaires qui dominent l'agenda de l'ANUE-6 : la pénurie d'eau; l'exploitation minière responsable; la gestion des minéraux, en particulier le phosphore; les technologies qui modifient le climat; le financement des actions environnementales; et la mise en œuvre du cadre de Kunming-Montréal.
Selon Inger Andersen, « il ne nous reste plus qu'à nous réunir et à mettre en œuvre les solutions globales que nous nous sommes promises les uns aux autres afin d'assurer l'avenir de l'humanité tout entière, qui vivra sur une planète saine et prospère».
Les négociations avant et pendant l'événement se concentrent sur les résolutions proposées par les États membres, ainsi que sur la déclaration ministérielle qui sera adoptée à la fin de l'Assemblée. Ces résolutions visent à identifier et à hiérarchiser les défis communs tout en proposant des solutions viables. Elles définiront également les secteurs prioritaires d'intervention du PNUE.
L'ordre du jour de l'ANUE-6 comprendra l'examen de 20 résolutions et 2 décisions. Parmi les sujets à débattre figurent la modification du rayonnement solaire, l'exploitation minière, la désertification, la circularité de l'agro-industrie de la canne à sucre, les pesticides hautement dangereux, l'augmentation de la résilience des écosystèmes et des communautés à la sécheresse, la coopération régionale pour la qualité de l'air, parmi d'autres enjeux clés.
Qu'en est-il des négociations ?
À l'Assemblée de l'environnement, les résolutions sont censées être approuvées par consensus. En pratique, cela signifie que chaque membre présent a le droit d'opposer son veto à une décision. Par conséquent, la semaine précédant la conférence est essentielle pour permettre aux délégations d'examiner les projets de textes, cherchant à éviter les impasses qui pourraient entraver la prise de décision. Les négociations souvent délicates se prolongent souvent pendant la semaine de la conférence, avec des sessions à huis clos qui peuvent se prolonger jusque tard dans la nuit.
En tant qu'organe décisionnel le plus élevé au monde en matière d'environnement, l'ANUE a pour objectif de rétablir l'harmonie entre l'humanité et la nature, en améliorant les conditions de vie des populations les plus vulnérables de la planète.
En parallèle, le Programme des Nations Unies pour l'environnement (PNUE) adopte une approche proactive pour minimiser l'empreinte carbone de l'événement. Il prévoit l'achat de crédits carbone certifiés afin de compenser les émissions générées par les déplacements des participants, inscrivant cette démarche dans son processus d'inventaire environnemental annuel visant à compenser les émissions de gaz à effet de serre ainsi que plusieurs autres mesures visant à réduire l'impact de la conférence sur l'environnement.