Fil d'Ariane
« La guerre en Ukraine demeure une plaie ouverte au cœur de l’Europe » - Guterres
Depuis deux ans, et dix ans après l’annexion illégale par la Russie de la République autonome de Crimée et de la ville de Sébastopol, « la guerre en Ukraine demeure une plaie ouverte au cœur de l’Europe », a déclaré vendredi le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres.
L’invasion à grande échelle de l'Ukraine par la Russie a commencé le 24 février 2022. Des milliers de personnes ont été tuées et blessées, des millions d’autres ont été déracinées et des écoles, hôpitaux et autres infrastructures critiques ont été endommagés. De nombreux enfants ukrainiens ont également été emmenés de force vers la Russie.
Instaurer la paix
« Il est grand temps d’instaurer la paix, une paix juste, fondée sur la Charte des Nations Unies, le droit international et les résolutions de l’Assemblée générale », a affirmé le Secrétaire général lors d’une réunion du Conseil de sécurité.
Il a rappelé que la Charte des Nations Unies est sans ambiguïté : l’ONU est fondée sur le principe de l’égalité souveraine de tous ses membres ; les différends internationaux sont réglés par des moyens pacifiques ; et tous les membres s’abstiennent de recourir à la menace ou à l’emploi de la force contre l’intégrité territoriale ou l’indépendance politique de tout autre État.
Au Chapitre VI de la Charte, on trouve des mécanismes de règlement des différends qui sont, entre autres, la négociation, l’enquête, la médiation, la conciliation, l’arbitrage, le règlement judiciaire et le recours aux organismes ou accords régionaux. « Ce sont là les outils que nous devons utiliser pour apaiser les querelles », a souligné le chef de l'ONU.
Alors que le monde connaît « un moment de chaos », il a jugé est important de s’entendre sur l’avenir et « pour s'accorder sur cet avenir, le droit international et les principes énoncés dans la Charte de l’ONU – notamment le respect de l'intégrité territoriale et de l'indépendance politique des États – sont fondamentaux ».
Précédent dangereux
C'est pourquoi, selon M. Guterres, l'invasion russe de l'Ukraine constitue un précédent si dangereux.
Dans son discours, il a souligné combien « le peuple ukrainien souffre terriblement de la guerre que lui inflige la Russie », avec plus de 10.500 civils été tués (le nombre réel étant probablement beaucoup plus élevé), des dégâts énormes causés aux infrastructures civiles, et des millions de déplacés.
Il a noté que la guerre « fait également du mal à la population russe », des milliers de jeunes Russes ayant trouvé la mort sur le front et les civils touchés par les frappes sur les villes russes souffrant aussi.
Selon le Secrétaire général, le risque que le conflit s’aggrave et se répande « est bien réel », la guerre accentuant les clivages géopolitiques ; attisant l’instabilité régionale ; réduisant l’espace disponible pour traiter d’autres problèmes mondiaux urgents ; et sapant les normes et les valeurs communes.
Crise mondiale du coût de la vie
Il a noté que le conflit a accéléré une flambée des prix alimentaires, des chocs économiques et une crise mondiale du coût de la vie, frappant de plein fouet les pays en développement qui sont encore en train de se relever de la COVID-19.
« En outre, la possibilité que cette guerre entraîne un accident nucléaire glace le sang du monde entier. Les deux parties au conflit doivent prendre toutes les mesures possibles pour empêcher cela – et ce sur tous les sites nucléaires du pays », a-t-il ajouté.
Avant la réunion du Conseil, le Secrétaire général a rencontré le ministre des Affaires étrangères de l'Ukraine, Dmytro Kuleba, avec qui il a discuté de l’impact dévastateur persistant de la guerre sur les civils et les infrastructures critiques. « Le Secrétaire général a souligné les efforts continus des Nations Unies pour fournir une aide humanitaire aux communautés vulnérables » et « a réitéré le plein engagement de l’ONU en faveur de la souveraineté, de l’indépendance et de l’intégrité territoriale de l’Ukraine, à l’intérieur de ses frontières internationalement reconnues », a précisé son porte-parole dans un compte rendu de cette rencontre.
Appel à la solidarité
Vendredi matin, lors d’une session de l’Assemblée générale des Nations Unies pour marquer les deux ans de l’invasion russe de l’Ukraine, le Président de l’Assemblée générale, Dennis Francis, a exhorté les pays à se tenir aux côtés du peuple ukrainien « dans sa quête de justice et de paix ».
« Alors que nous réfléchissons à ces deux années d’angoisse et de difficultés, sortons de cet endroit avec un message retentissant de solidarité et de soutien indéfectible au peuple résilient d’Ukraine », a-t-il déclaré.
S'adressant aux représentants des 193 États membres de l'ONU réunis dans la salle de l'Assemblée générale, M. Francis a estimé qu'ils « ne peuvent ni rester aveugles face à la destruction et à la dévastation en cours, ni ignorer le sort du peuple ukrainien ». « Cela est d’autant plus vrai que cette année coïncide également avec le dixième anniversaire de la tentative d’annexion illégale de la Crimée et d’autres territoires ukrainiens par la Fédération de Russie en 2014 », a-t-il ajouté.
Une guerre inutile
M. Francis a affirmé que l'impact de cette « guerre inutile » s'étend bien au-delà des frontières de l'Ukraine, car l'environnement est également « la victime silencieuse du conflit », alors que le risque réel d'un accident nucléaire persiste. « Et, en fin de compte, la guerre a affecté tous les États membres réunis dans cette salle – que ce soit sous la forme de la flambée des prix des denrées alimentaires ou dans le contexte de l’insécurité énergétique ».
En outre, le conflit a été un catalyseur important dans la refonte de la géopolitique et de la géoéconomie mondiales, a-t-il poursuivi, car il nuit directement aux pays impliqués tout en entravant le progrès dans de nombreux autres pays, en particulier dans les pays en développement.
« Cela sape activement les fondements mêmes de notre Charte des Nations Unies – menaçant les principes de souveraineté et d’intégrité territoriale que nous nous sommes tous engagés à chérir et à défendre », a-t-il déclaré. « Cela a perturbé l’équilibre délicat des relations internationales – à une époque où l’unité, la solidarité et la coopération sont absolument essentielles à la résolution des problèmes multilatéraux ».
Le Président de l’Assemblée a appelé à redoubler d’efforts « pour mettre fin aux guerres et ouvrir la voie à un avenir d’espoir, de promesses et de prospérité pour les peuples d’Ukraine et de Russie, ainsi qu’ailleurs, sans exception ».