Aller au contenu principal

Situation humanitaire toujours « extrêmement critique » à Gaza

Alors que plusieurs agences de l’ONU alertent sur les risques d’une augmentation des décès infantiles à Gaza, la situation humanitaire continue d’être catastrophique dans l’enclave palestinienne, ont indiqué jeudi les Nations Unies. 

Selon le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA), la situation humanitaire dans les gouvernorats et surtout dans le nord de Gaza, est « extrêmement critique ». 

« La situation de la sécurité alimentaire à Deir al Balah et dans les gouvernorats du sud est particulièrement grave, la majorité de la population souffrant d’une faim extrême », a souligné l’OCHA dans son dernier rapport de situation. 

À Rafah, la situation est de plus en plus « préoccupante ». Les habitants de cette ville du sud de l'enclave arrêteraient les camions d’aide pour prendre de la nourriture, soulignant la gravité de leur désespoir et de leur faim.

Déclenché le 7 octobre par une attaque sanglante de commandos du Hamas en Israël, le conflit entre Israël et le mouvement palestinien a plongé la bande de Gaza dans une situation humanitaire catastrophique.

Des familles ayant faim attendent de la nourriture à Deir Al Balah, à Gaza.
© UNRWA
Des familles ayant faim attendent de la nourriture à Deir Al Balah, à Gaza.

L’urgence d’augmenter la flotte de camions de livraison

L’immense majorité de la population - 2,2 millions de personnes - menacée de famine

Selon l’ONU, 2,2 millions de personnes, soit l’immense majorité de la population, y sont menacées de famine. Les agences humanitaires s’inquiètent notamment du sort de près de 1,5 million de Palestiniens massés à Rafah, située contre la frontière fermée avec l’Egypte.

Pour l’ONU, il est donc « urgent d’augmenter la flotte de camions de livraison afin de répondre aux besoins nutritionnels de l’ensemble de la population ». 

Il s’agit également d’améliorer les services de santé, notamment les services de santé primaire, la couverture vaccinale de routine et la fourniture de médicaments pour les maladies non transmissibles.

Sur le terrain, d’intenses bombardements israéliens aériens, terrestres et maritimes continuent d’être signalés dans la majeure partie de la bande de Gaza, entraînant de nouvelles victimes civiles, des déplacements de population et la destruction d’infrastructures civiles. Des opérations au sol et de violents combats entre les forces israéliennes et les groupes armés palestiniens continuent également d’être signalés, en particulier au sud de la ville de Gaza et dans la zone d’Al Mawasi au nord-ouest de Khan Younis, où se trouvent actuellement des dizaines de milliers de déplacés internes.

Des quartiers de Khan Younis, à Gaza, sont en ruines.
© OMS/Christopher Black
Des quartiers de Khan Younis, à Gaza, sont en ruines.

Comment relancer la production locale en temps de conflit ?

Dans ce climat de violences, les agences onusiennes ont alerté en début de semaine sur l’intensification des « niveaux catastrophiques d’insécurité alimentaire aiguë » dans la bande de Gaza. Des rapports montrent que de plus en plus de familles luttent pour nourrir leurs enfants, avec comme conséquences, « un risque croissant de décès dus à la faim dans le nord de la bande de Gaza ». 

La situation est particulièrement grave dans le nord de Gaza où un enfant de moins de deux ans sur six (15%) examiné dans les abris pour personnes déplacées et les centres de santé en janvier s’est avéré souffrir de malnutrition aiguë. 

Cette dégradation de l’état nutritionnel de la population est sans précédent au niveau mondial en trois mois. En comparaison, 5% des enfants de moins de deux ans à Rafah souffraient de malnutrition aiguë, ce qui prouve que l’accès à l’aide humanitaire peut contribuer à éviter les pires conséquences.

De plus, le secteur de la production alimentaire de Gaza est gravement touché, éliminant la production locale d’aliments frais essentiels tels que les œufs, les légumes et le lait.

« Il est impératif de relancer l’importation de ces intrants vitaux afin de relancer la production locale et de garantir la disponibilité d’une alimentation équilibrée, en particulier pour les enfants et l’ensemble de la population », a fait valoir l’OCHA, relevant que sans cela, « l’équilibre alimentaire reste un objectif inaccessible ».

Le personnel de l'ONU aide à transférer des patients hors de l'hôpital Nasser à Gaza.
© OMS/Christopher Black
Le personnel de l'ONU aide à transférer des patients hors de l'hôpital Nasser à Gaza.

Corridors humanitaires

En attendant, les partenaires s’efforcent de veiller à ce que l’aide parvienne à ces groupes vulnérables, notamment les enfants, les personnes âgées et les personnes souffrant de problèmes de santé sous-jacents.

Entre le 12 et le 18 février, 15 partenaires au total se sont engagés à fournir une aide alimentaire dans la bande de Gaza. Environ 1,7 million de personnes ont été touchées, le gouvernorat de Rafah recevant environ 32% de l’aide alimentaire totale, suivi par Deir al Balah (28%), Khan Younis (26 %) et le nord de la bande de Gaza (14%).

Toutefois, la mise en place de corridors humanitaires sûrs et ininterrompus à Gaza, avec le soutien du secteur privé et en mettant l’accent sur des ressources essentielles comme le carburant et le gaz de cuisine, est essentielle pour répondre aux besoins immédiats de la population touchée et soutenir l’ensemble de la réponse humanitaire.

D’autant que les frappes aériennes et les violents combats qui se déroulent actuellement à Gaza continuent d’affecter les flux d’approvisionnement alimentaire. Et les fréquentes fermetures de frontières, les restrictions et les problèmes de sécurité entravent la capacité à assurer un approvisionnement alimentaire cohérent et fiable, conclut l’OCHA.