Fil d'Ariane
RDC : l’ONU en quête de 2,6 milliards de dollars pour répondre à une crise humanitaire alarmante
La communauté humanitaire et le gouvernement congolais ont appelé, mardi, à mobiliser 2,6 milliards de dollars pour répondre à une crise humanitaire alarmante et financer le plan de réponse humanitaire 2024 de la République démocratique du Congo (RDC).
Ces fonds serviront à fournir une aide vitale et des services de protection à 8,7 millions de personnes dont la survie dépend largement de l’aide d’urgence.
Au-delà des crises immédiates qui méritent une attention urgente, il y aussi en RDC des besoins et des vulnérabilités chroniques, a rappelé le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU. En RDC, près de 25,4 millions de personnes sont cette année en situation d’insécurité alimentaire, alors que la malnutrition aiguë touche 8,4 millions de personnes, principalement des enfants de moins de 5 ans, des femmes enceintes et des femmes allaitantes.
Selon l’ONU, la crise humanitaire en RDC a atteint de nouveaux sommets cette année, du fait de l’aggravation de certains conflits, de l’émergence de nouveaux foyers de tension, et d’événements climatiques ayant entrainé des désastres. « Derrière toutes ces situations, il y a des hommes, des femmes et des enfants qui font face à de très hauts niveaux de vulnérabilité», a souligné Bruno Lemarquis, Coordonnateur humanitaire de l’ONU en RDC.
Situation « dramatique » dans l’Est de la RDC
Depuis plus d’un an, la crise humanitaire en République démocratique du Congo a pris des proportions alarmantes. De nouvelles flambées de violence, notamment à l’Est du pays, obligent les populations affectées à des déplacements répétés.
La province du Nord-Kivu, dont Goma est le chef-lieu, est en proie depuis fin 2021 à un conflit qui oppose le M23 ("Mouvement du 23 mars") à l’armée congolaise. Selon les rapports des médias, les affrontements se sont intensifiés ces derniers jours vers Sake, ville située à une vingtaine de km à l’ouest de Goma et considérée comme un « verrou » stratégique sur la route de la capitale provinciale.
La RDC compte actuellement 6.7 millions de personnes déplacées internes, dans un contexte où le pays fait face par ailleurs à de graves inondations et à une recrudescence d’épidémies de rougeole et de choléra, qui ont exacerbé la vulnérabilité des populations meurtries par plus de trois décennies de conflits armés.
Plus d’un million d’enfants ne vont plus à l’école du fait des conflits armés. « La situation est vraiment dramatique. Il faudrait que la communauté internationale tourne un regard vers la République démocratique du Congo. Avec son potentiel unique au monde sur plan environnemental, sur le plan minier et sur le plan touristique, le Congo peut beaucoup apporter au monde. Il faudrait qu’il retrouve la paix », a déclaré Modeste Mutinga Mutushayi, ministre des Affaires sociales et des Actions humanitaires.
Les Casques bleus de l’ONU renforcent leur présence à Goma
En 2023, l’appel de fonds de deux milliards n’a été financé qu’à 40%. Cela a permis d’assister plus de 5 millions de personnes mais de très nombreux besoins restent non couverts. « Cela entraine énormément de souffrances, de drames humains, de vies gâchées. Beaucoup de provisoire qui dure trop longtemps. Les gens veulent rentrer chez eux et retrouver une vie normale», a insisté Bruno Lemarquis.
L’appel de fonds des Nations Unies intervient alors que sa Mission dans ce pays (MONUSCO) a indiqué lundi avoir renforcé sa présence au cours du weekend à Goma, dans la province du Nord-Kivu, en raison de la nouvelle escalade des hostilités dans l’est du pays et réitéré son appel au groupe armé M23 à cesser son offensive.
Les Casques bleus de la MONUSCO continuent de soutenir l’armée congolaise en défendant les principales routes menant aux villes clés de Sake et Goma, a indiqué le porte-parole du Secrétaire général de l’ONU, Stéphane Dujarric, lors d’un point de presse à New York.
En raison de la détérioration de la situation sécuritaire autour de Sake et Goma, la Mission y renforce sa présence en y faisant venir des Casques bleus sud-africains de la Brigade d’intervention de sa Force, basée à Beni, dans le nord de la province, a-t-il ajouté.