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Gaza attend toujours plus d’aide humanitaire

Alors que l’intensification des frappes aériennes à Rafah, dans le sud de Gaza, risque d'entraver davantage les opérations humanitaires, seuls quelques camions ont pu amener du ravitaillement ces derniers jours, cette aide restant largement en-dessous des besoins de la population, a alerté lundi une agence des Nations Unies.

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Selon l’Agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens (UNRWA), le nombre de camions entrant dans la bande de Gaza reste bien inférieur à l’objectif de 500 par jour. Une façon de rappeler les difficultés rencontrées par les différentes agences humanitaires pour acheminer des fournitures par Karem Abu Salem (Kerem Shalom) et Rafah.

« Le groupe sectoriel de la sécurité alimentaire a indiqué que les fréquentes fermetures de frontières continuaient d’entraver l’approvisionnement régulier en nourriture de l’ensemble de la population », a indiqué l’UNRWA dans son dernier rapport de situation. 

Selon le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA), la moitié des missions prévues par l’UNRWA et les partenaires humanitaires pour fournir de l’aide au nord de Gaza se sont vu refuser l’accès par les autorités israéliennes, depuis le début de l’année 2024 jusqu’au 12 février.

Insécurité alimentaire au nord de Gaza

A ce sujet, le groupe sectoriel de la sécurité alimentaire note que l’insécurité alimentaire au nord de Gaza a atteint « un état extrêmement critique, compte tenu des restrictions importantes imposées à l’acheminement de l’aide humanitaire ». Cette alerte de l’UNRWA intervient alors que les agences humanitaires redoutent les conséquences d’une intensification des combats à Rafah où vivent près de 1,5 million de personnes, soit six fois plus qu’avant le 7 octobre.

Par ailleurs, l’hôpital Nasser de Khan Younis continue d’être assiégé par les chars israéliens. Il y aurait 10.000 personnes déplacées dans l’enceinte de l’hôpital, dont 300 membres du personnel médical.

De plus, les « combats intenses » qui se déroulent depuis quatre semaines à Khan Younis (au sud-ouest de Gaza) et dans ses environs causent des pertes en vies humaines et des dommages aux infrastructures civiles, notamment au plus grand centre d’hébergement de l’UNRWA dans la zone sud, le Khan Younis Training Centre (KYTC). Cela oblige des milliers de Palestiniens à fuir plus au sud vers Rafah, qui est gravement surpeuplé.

Dans le même temps, des mouvements de population hors de Rafah et vers les camps de réfugiés de Deir Al Balah et Nuseirat dans la zone intermédiaire ont été signalés, suite à l’intensification des frappes aériennes sur Rafah. Depuis le 17 février, jusqu’à 1,7 million de personnes (plus de 75% de la population) ont été déplacées dans la bande de Gaza, parfois à plusieurs reprises.

Des vêtements chauds sont fournis aux enfants déplacés à Rafah par l'UNICEF et l'Union européenne.
© UNICEF/Eyad El Baba
Des vêtements chauds sont fournis aux enfants déplacés à Rafah par l'UNICEF et l'Union européenne.

Agressions sexuelles

De leur côté, des experts des Nations Unies ont exprimé lundi leur inquiétude face aux allégations crédibles de violations flagrantes des droits humains dont les femmes et les filles palestiniennes continuent d’être victimes dans la bande de Gaza et en Cisjordanie. Ils se sont dits particulièrement « choqués » par les informations selon lesquelles des femmes et des filles palestiniennes détenues ont été soumises à de multiples formes d’agression sexuelle.

Parmi ces allégations d’abus figurent le sort des femmes déshabillées et fouillées par des officiers masculins de l’armée israélienne. « Au moins deux détenues palestiniennes auraient été violées et d’autres auraient été menacées de viol et de violence sexuelle, ont déclaré dans un communiqué ces experts dont ceux du Groupe de travail sur la discrimination à l’égard des femmes, Francesca Albanese, Rapporteure spéciale sur les droits de l’homme en Palestine, et Reem Alsalem, Rapporteure spéciale sur la violence contre les femmes.

Les experts ont fait état de photos de détenues prises « dans des conditions dégradantes et mises en ligne par l’armée israélienne ».

Les experts ont exprimé leur vive inquiétude face à la détention arbitraire de centaines de défenseurs des droits de l’homme, de journalistes et des travailleurs humanitaires, à Gaza et en Cisjordanie depuis le 7 octobre. Nombre d’entre eux auraient été soumis à des traitements inhumains et dégradants, et sévèrement battus. « À une occasion au moins, des femmes palestiniennes détenues à Gaza auraient été enfermées dans une cage sous la pluie et dans le froid, sans nourriture ».

Crimes graves

Selon les informations reçues, des femmes et des filles palestiniennes auraient été exécutées arbitrairement à Gaza, souvent avec des membres de leur famille, y compris leurs enfants. « Nous sommes choqués par les informations faisant état du ciblage délibéré et de l’exécution extrajudiciaire de femmes et d’enfants palestiniens dans des lieux où ils ont cherché refuge ou alors qu’ils fuyaient », ont affirmé les experts, relevant que certains d’entre eux auraient tenu des morceaux de tissu blanc lorsqu’ils ont été tués par l’armée israélienne.

Les experts se sont dits préoccupés par le fait qu’un nombre indéterminé de femmes auraient disparu après avoir été en contact avec l’armée israélienne à Gaza. « Des rapports inquiétants font état d’au moins un bébé de sexe féminin transféré de force par l’armée israélienne en Israël, et d’enfants séparés de leurs parents, dont on ne sait pas où ils se trouvent ».

« Pris dans leur ensemble, ces actes présumés peuvent constituer de graves violations des droits de l’homme et du droit humanitaire international, et équivalent à des crimes graves au regard du droit pénal international qui pourraient faire l’objet de poursuites en vertu du Statut de Rome », ont averti les experts, insistant sur la reddition des comptes.