Fil d'Ariane
Méditerranée orientale : chaque dollar investi dans la lutte contre la polio en rapporte près de 39
Pour chaque dollar dépensé dans la lutte contre la poliomyélite dans les pays prioritaires de la région de la Méditerranée orientale, le retour sur investissement est de près de 39 dollars, a indiqué mercredi l’agence sanitaire mondiale de l’ONU.
Selon une étude de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), la pérennisation des investissements dans la lutte contre la poliomyélite offre un rendement élevé.
« Investir dans la transition vers la lutte contre la poliomyélite permet d’obtenir un rendement de 39 dollars pour chaque dollar investi et met en évidence la valeur économique et les avantages sociaux de la pérennisation des ressources consacrées à la lutte contre la poliomyélite et de leur intégration dans les systèmes de santé nationaux », a indiqué la branche méditerranéenne de l’OMS.
L’étude révèle que des avantages économiques et sociaux d’une valeur totale estimée à 289,2 milliards de dollars découlent du maintien des ressources consacrées à la poliomyélite et de leur intégration dans des programmes élargis de vaccination, de surveillance et d’intervention d’urgence dans huit pays de la région de la Méditerranée orientale.
Des systèmes de santé faibles
L’OMS a demandé à l’Institut d’études économiques stratégiques de Victoria, en Australie, de réaliser cette étude, qui est la première du genre. Elle couvre huit pays prioritaires de la Région dans la lutte contre la poliomyélite : Afghanistan, Iraq, Libye, Pakistan, Somalie, Soudan, Syrie et Yémen.
Nombre de ces pays sont fragiles et doivent faire face à des défis allant de la faiblesse des systèmes de santé à l’instabilité politique, en passant par une faible couverture vaccinale de routine.
L’étude s’appuie sur des projections des coûts actuels et des estimations des vies sauvées grâce aux programmes essentiels de vaccination, de surveillance et d’intervention d’urgence de la région.
Depuis des années, l’initiative mondiale pour l’éradication de la poliomyélite apporte un soutien technique et financier substantiel dans ces pays. Le retour sur investissement élevé que montre le rapport, incite fortement les gouvernements nationaux, les partenaires et les parties prenantes à continuer à soutenir ces fonctions de santé publique.
Il y a donc un retour de 38,70 dollars pour chaque dollar dépensé pour étendre les programmes nationaux de vaccination afin d’atteindre les objectifs de l’Agenda 2030 pour la vaccination ; et un rendement de 36,40 dollars pour chaque dollar dépensé pour renforcer les programmes de surveillance et d’intervention d’urgence en réaffectant les ressources du programme de lutte contre la poliomyélite.
Plus largement, le rendement global prévu est de 289 milliards de dollars pour un investissement de 7,5 milliards de dollars en coûts de base pour maintenir les fonctions de vaccination, de surveillance et d’intervention en cas de flambée épidémique.
Rougeole et tuberculose
« À l’OMS, nous insistons sur l’importance de renforcer les programmes essentiels, comme le programme national de vaccination systématique, mais aussi de renforcer les interventions d’urgence pour tirer parti de tous les atouts de la poliomyélite, et de renforcer les systèmes de santé », a déclaré dans un communiqué, la Dre Rana Hajjeh, Directrice de la gestion des programmes au Bureau régional de l’OMS pour la Méditerranée orientale.
A noter que ces huit pays sur lesquels porte l’étude, comptent plus de 24 millions de personnes déplacées internes. Près de 7 millions d’entre elles se trouvent en Syrie, et environ 4 millions de personnes déplacées vivent en Afghanistan, en Somalie, au Soudan et au Yémen.
D’une manière générale, le rapport indique que le nombre de décès évités grâce à la vaccination pour la période 2021-2030 dans les huit pays est estimé à 2,7 millions. Plus des deux tiers (69 %) des décès évités sont dus aux vaccins contre la rougeole (MCV1 et MCV2), dont 65 % au Pakistan.
La rougeole et la tuberculose présentent des niveaux élevés de décès évités, la rougeole ayant un schéma bien établi de flambées. La tuberculose présente également un niveau élevé de décès évités, dont la moitié environ survient en Somalie, où la prévalence de la maladie est élevée.