Fil d'Ariane
Combattants, espions, cuisiniers : les enfants continuent d'être recrutés pendant les conflits armés
Le recrutement et l'utilisation d'enfants par les forces armées et les groupes armés restent l'une des violations graves les plus répandues à l'encontre des enfants pendant les conflits armés, a déclaré la Représentante spéciale pour les enfants et les conflits armés, à l'occasion de la Journée internationale contre l'utilisation d'enfants soldats, communément appelée « Journée de la main rouge ».
S’appuyant sur le dernier rapport annuel du Secrétaire général sur les enfants et les conflits armés, Virginia Gamba a rappelé qu’en 2022, 7.622 enfants ont été recrutés et utilisés par des parties au conflit, la plupart en République arabe syrienne, en République démocratique du Congo, en Somalie, au Mali et en Afghanistan.
Une cruauté indicible
En 2023, les enfants ont continué à être recrutés et utilisés, que ce soit comme espions ou cuisiniers, dans des rôles de combat ou comme boucliers humains.
« Quel que soit leur rôle, les enfants utilisés par les parties au conflit sont exposés à une cruauté indicible, ce qui a de graves répercussions sur leur bien-être physique et psychologique », a souligné Mme Gamba.
« Bien que les garçons continuent d'être ciblés de manière disproportionnée, les filles sont également recrutées et utilisées par les forces armées et les groupes armés et sont souvent victimes de viols et d'autres formes de violence sexuelle, y compris l'esclavage sexuel, une fois qu'elles sont recrutées », a-t-elle ajouté.
Encore beaucoup à faire
Plus de 200.000 enfants ont été libérés de groupes et de forces armés, depuis la création du mandat « Enfants et conflits armés » il y a près de 20 ans, notamment grâce à l'action de l’ONU.
Aussi encourageants que soient ces chiffres, il reste encore beaucoup à faire, signale la Représentante spéciale, évoquant notamment la double victimisation des enfants recrutés.
« Les victimes subissent le traumatisme de la guerre tout au long de leur vie et sont souvent stigmatisées et doublement victimisées : d'abord par les groupes armés qui les recrutent, puis à leur retour dans leur communauté », a fait valoir Mme Gamba, appelant a faire de réintégration de ces enfants une priorité « pour garantir la paix et la sécurité à long terme ».
Elle a appelé la communauté internationale à poursuivre son soutien « politique, technique et financier à la réintégration durable de tous les enfants libérés par les parties au conflit et à leur fournir des programmes tenant compte du handicap, du sexe et de l'âge, y compris l'accès à l'éducation et aux services de santé ».
« Je rappelle que les enfants doivent toujours être traités avant tout comme des victimes, conformément aux normes internationales », a déclaré la défenseure des enfants.
Un cours gratuit ouvert à tout le monde
Afin de poursuivre les efforts visant à mettre fin aux violations graves commises à l'encontre des enfants et à les prévenir, et pour marquer la Journée de la main rouge de cette année, la Représentante spéciale est fière d'annoncer le lancement d'un cours en ligne, intitulé « Children and Armed Conflict Primer » (Les enfants et les conflits armés, un abécédaire).
Ce cours a été développé par le Bureau de la Représentante spéciale et l'École des cadres du système des Nations Unies grâce au soutien financier du ministère des Affaires étrangères et européennes et du Commerce de Malte, et s'appuie sur les enseignements tirés de l'Université d'été virtuelle pilote sur la protection des enfants dans les conflits armés organisée en 2022.
Cette initiative vise à accroître la sensibilisation et la connaissance de l'agenda sur les enfants et les conflits armés. Elle vise à donner aux participants les moyens de contribuer à la mise en œuvre de l'agenda par leur travail et leurs activités de plaidoyer, contribuant ainsi à mettre fin aux violations graves commises à l'encontre des enfants touchés par les conflits armés et à les prévenir.
Ce cours en ligne gratuit et autodidacte est ouvert à tous et s'adresse à un large éventail de professionnels, notamment des gouvernements, des Nations Unies, des organisations régionales, de la société civile et du monde universitaire.
« Ensemble, efforçons-nous de mettre fin à l'implication des enfants dans les conflits armés et de la prévenir, et de construire un avenir où les droits et le bien-être de chaque enfant seront préservés », a conclu Virginia Gamba.