Fil d'Ariane
Gaza : le chef des droits de l’homme de l’ONU met en garde contre une opération israélienne à Rafah
Le chef des droits de l'homme des Nations Unies, Volker Türk, a prévenu lundi qu’une éventuelle incursion militaire israélienne à grande échelle à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, risque d’entraîner la mort et de blesser de nombreux civils, pour la plupart des enfants et des femmes.
Dans une déclaration à la presse, le Haut-Commissaire aux droits de l’homme a rappelé que quelque 1,5 million de Palestiniens sont entassés à Rafah le long de la frontière avec l’Egypte et « n’ont nulle part où fuir ».
« Au-delà de la douleur et des souffrances causées par les bombes et les balles, cette incursion dans Rafah pourrait également signifier la fin de la maigre aide humanitaire qui est entrée et a été distribuée, avec d'énormes implications pour l'ensemble de Gaza, y compris pour les centaines de milliers de personnes qui risquent d’être affamées et de mourir de faim dans le nord », a déclaré M. Türk.
Il a rappelé que son bureau a mis en garde à plusieurs reprises contre les actions qui violent les lois de la guerre. « La perspective d’une telle opération à Rafah, dans l’état actuel des choses, risque de provoquer de nouvelles atrocités criminelles », a-t-il dit. « Israël doit se conformer aux ordonnances juridiquement contraignantes émises par la Cour internationale de Justice et à l’ensemble du droit humanitaire international. Ceux qui défient le droit international ont été mis en demeure. La responsabilité doit suivre ».
« Le monde ne doit pas permettre que cela se produise. Ceux qui ont de l’influence doivent restreindre plutôt que permettre. Il doit y avoir un cessez-le-feu immédiat. Tous les otages restants doivent être libérés. Et il faut une détermination collective renouvelée pour parvenir à une solution politique », ajouté le chef des droits de l’homme.
Deux otages sauvés
Par ailleurs, alors que l'on apprenait lundi que deux otages avaient été sauvés lors d'un raid des forces spéciales israéliennes dans la ville de Rafah, le Directeur de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) a déclaré que la crise humanitaire qui s'aggrave dans la bande de Gaza ne bénéficiait toujours pas d'une aide suffisante.
« Jusqu'à présent, nous avons livré 447 tonnes de fournitures médicales à Gaza, mais ce n'est qu'une goutte d'eau dans l'océan des besoins, qui ne cessent de croître chaque jour », a déclaré Tedros Adhanom Ghebreyesus.
Hôpitaux en crise
Seuls 15 des 36 hôpitaux sont encore « partiellement ou minimalement fonctionnels » dans l'enclave, a déclaré Dr. Tedros, alors que de nouvelles informations font état de la poursuite des bombardements intenses par l'armée israélienne dans le sud de Gaza, qui ont accompagné la mission de sauvetage de deux otages israéliens du deuxième étage d'un bâtiment à Rafah.
« Les travailleurs de la santé font de leur mieux dans des circonstances impossibles », a poursuivi le Directeur général de l'OMS, qui s'est fait l'écho des préoccupations de la communauté internationale concernant les récentes attaques sur Rafah, « où la majorité de la population de Gaza a fui les destructions au nord ».
Nouveaux appels
L'OMS continue d'appeler à un accès sûr pour le personnel et les fournitures humanitaires, « Nous continuons d'appeler à la libération des otages détenus par le Hamas et nous continuons d'appeler à un cessez-le-feu », a dit également Dr. Tedros, dans son discours au Sommet mondial des gouvernements à Dubaï.
Dans le même ordre d'idées, l'agence des Nations Unies pour les réfugiés palestiniens (UNRWA) a indiqué ce week-end qu'une cargaison de nourriture destinée à 1,1 million de personnes restait « bloquée dans un port israélien » en raison des récentes restrictions imposées par les autorités israéliennes.
« Quelque 1.049 conteneurs de riz, de farine, de pois chiches, de sucre et d'huile de cuisson sont bloqués alors que les familles de Gaza sont confrontées à la faim et à la famine », a déclaré l'agence de l'ONU dans un message sur la plateforme X.
Rafah dans la tourmente
Quelque 1,5 million de personnes sont réfugiées actuellement à Rafah, près de la frontière avec l'Égypte. Cela représente six fois la population d'avant-guerre, a indiqué l'UNWRA dans sa dernière mise à jour sur la guerre, qui a été déclenchée par les attaques sanglantes menées le 7 octobre par le Hamas, qui ont fait quelque 1.200 victimes israéliennes et étrangères et plus de 250 otages.
Outre les frappes aériennes « accrues » à Rafah, l'agence des Nations Unies a indiqué que des combats meurtriers intenses se sont poursuivis dans et autour de Khan Younis, plus au nord, et que le plus grand abri de l'UNWRA dans le sud de l'enclave, le Centre de formation de Khan Younis, a été endommagé, ce qui a poussé des milliers de Palestiniens à se rendre à Rafah.
L'UNRWA « ne sera pas en mesure de mener des opérations de manière efficace ou sûre à partir d'une ville soumise à l'assaut de l'armée israélienne », a affirmé l'agence, citant Thomas White, Directeur des affaires de l'UNRWA à Gaza.
Soulignant le besoin désespéré d'une augmentation des livraisons d'aide humanitaire dans la bande de Gaza, l'agence des Nations Unies a noté que le point de passage de Kerem Shalom à la frontière avec Israël était resté fermé depuis le mercredi 7 février parce que des manifestants avaient continué à le bloquer.
« Des fournitures essentielles pour faire face à l'insécurité alimentaire continuent d'être bloquées en raison de l'absence d'autorisation des autorités israéliennes pour acheminer de la farine du port israélien d'Ashdod vers la bande de Gaza », indique également le rapport de situation de l'UNWRA.