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Des « salles d'urgence » dirigées par des jeunes apportent une lueur d'espoir dans un Soudan déchiré par la guerre

Alors que la guerre au Soudan a déclenché une violence et une instabilité généralisées, les salles d'intervention d'urgence (ERR) dirigées par des jeunes font partie d'un nombre croissant d'initiatives communautaires visant à aider les civils vulnérables à réparer les lignes électriques endommagées ou à tracer des itinéraires d'évacuation sûrs pour les millions de personnes fuyant le conflit.

A travers le pays, des équipes de médecins volontaires, d'ingénieurs et d'autres experts des situations d'urgence répondent aux besoins des civils dans le contexte actuel de violence et d'insécurité résultant des affrontements entre forces militaires rivales depuis avril 2023.

Jusqu'à présent, plus de quatre millions de civils ont bénéficié des ERR, qui s'affranchissent de la bureaucratie et trouvent des solutions innovantes.

ONU Info a rencontré trois jeunes volontaires qui se sont rendus au Siège de l'ONU à New York pour assister à des réunions avec des fonctionnaires et des acteurs du domaine humanitaire.

ERR est un groupe d'entraide communautaire au Soudan. Il a vu le jour après l'éclatement de la guerre au Soudan pour combler le vide créé par le départ des organisations humanitaires internationales.
© ERR
ERR est un groupe d'entraide communautaire au Soudan. Il a vu le jour après l'éclatement de la guerre au Soudan pour combler le vide créé par le départ des organisations humanitaires internationales.

S'attaquer aux risques de famine, de mort et de maladie

L'objectif est simple : atteindre les personnes confrontées aux risques de mort, de famine, de maladie et aux difficultés d'accès à l'eau potable, à l'électricité et aux services de communication.

Les besoins sont importants. Le conflit en cours a entraîné le départ des agences humanitaires, l'effondrement des institutions de l'État et l'interruption des services de base dans de vastes régions du pays, alors que le nombre de victimes civiles augmente et que les déplacements de population se multiplient. Plus de 7,4 millions de personnes ont été forcées de quitter leur foyer à la recherche de sécurité à l'intérieur et à l'extérieur du Soudan. 

Présents dans tous les États du pays, les ERR fonctionnent comme un « gouvernement local d'urgence ».

Unis par le travail humanitaire

Après le déclenchement de la guerre, Hanin Ahmed, une jeune activiste soudanaise titulaire d'une maîtrise en genre et spécialisée dans la paix et les conflits, a fondé une salle d'urgence dans la région d'Omdurman avec l'un de ses collègues.

Elle et ses collègues se sont rendus au Siège de l'ONU pour, entre autres, faire la lumière sur la question du Soudan qui, selon elle, ne reçoit pas assez d'attention malgré la détérioration catastrophique de la situation sur le terrain.

« Nous sommes unis par le travail humanitaire et le sentiment de répondre aux répercussions de la guerre et d'aider les gens », a-t-elle déclaré à ONU Info.

Les salles d'intervention d'urgence dirigées par des jeunes se sont agrandies après le déclenchement de la guerre au Soudan pour combler le vide créé par le départ des organisations humanitaires internationales.
© ERR
Les salles d'intervention d'urgence dirigées par des jeunes se sont agrandies après le déclenchement de la guerre au Soudan pour combler le vide créé par le départ des organisations humanitaires internationales.

Combler un vide

Les salles d'urgence contribuent à combler une partie du vide laissé par le départ des organisations humanitaires internationales, a expliqué Mme Ahmed.

Chaque initiative bénéficie d'une participation communautaire intense de la part de jeunes de toutes les orientations politiques, a-t-elle ajouté, soulignant certaines de leurs réussites, qu'il s'agisse de l'assistance aux victimes de violences sexuelles ou de la mise en place de voies d'accès à la sécurité.

« Grâce à nos réseaux de jeunes et à nos relations personnelles, nous avons pu ouvrir des couloirs de sécurité pour évacuer les citoyens des quartiers attaqués et les emmener dans des centres d'hébergement », a expliqué Mme Ahmed. « Nous en sommes fiers ».

« Mais nous sommes confrontés au vol et nous sommes exposés », a-t-elle ajouté. « Les jeunes sont pris pour cible, arrêtés et tués alors qu'ils travaillent dans des conditions très difficiles ».

Hanin Ahmed (à gauche) et Muhammad Al-Ebaid travaillent dans des salles d'intervention d'urgence au Soudan.
© ERR
Hanin Ahmed (à gauche) et Muhammad Al-Ebaid travaillent dans des salles d'intervention d'urgence au Soudan.

Une structure simple et pratique, loin de la bureaucratie

L'initiative des salles d'urgence a commencé à utiliser les vastes réseaux de jeunes construits dans le sillage de la révolution de décembre 2018 en réponse à la pandémie de COVID-19 », a expliqué Muhammad Al-Ebaid, chef du comité de signalement dans l'État de Khartoum.

Les efforts se sont intensifiés après le déclenchement de la guerre en avril. « Nous avons essayé de trouver une structure simple et pratique pour mener à bien les tâches, loin de la bureaucratie », a-t-il déclaré. « Jusqu'à présent, nous avons pu fournir de la nourriture, de l'électricité, de l'eau et des services de protection à près de quatre millions de personnes au Darfour et à Khartoum ».

Là où il y a un besoin, les ERR agissent. Les services d'électricité instables sont pris en charge par des volontaires qui effectuent des opérations de maintenance.

Jusqu'à présent, nous avons pu fournir de la nourriture, de l'électricité, de l'eau et des services de protection à près de quatre millions de personnes au Darfour et à Khartoum

Au milieu de la violence qui s'étend, les salles d'urgence ont jusqu'à présent été en mesure d'évacuer environ 12.000 personnes, dont plus de 800 de la zone d'Al-Fitaihab à Omdurman en décembre, a déclaré M. Al-Ebaid.

Un gouvernement local d'urgence

Le Coordinateur des salles d'urgence du Darfour, AbuZar Othman, a souligné que ces initiatives constituent « un gouvernement local d'urgence » qui cherche à fournir des services humanitaires continus gérés par des Soudanais et des Soudanaises « afin de construire une solidarité qui préserve notre tissu social et notre dignité et qui couvre nos besoins ».

Soulignant les énormes souffrances endurées par la population du Darfour en raison des conflits armés depuis 2003 jusqu'à la guerre actuelle, AbuZar Othman a déclaré que les violations commises à l'encontre des civils « ont été qualifiées de crimes de génocide et de nettoyage ethnique, laissant derrière elles une réalité humanitaire, économique et sociale extrêmement complexe ».

Alors que la guerre s'étend et que les défis s'entremêlent, il a déclaré que la mise en place de salles d'urgence dans quatre Etats est une étape décisive pour fournir le soutien nécessaire et une réponse rapide aux besoins des citoyens.

Des personnes déplacées arrivent au Sud-Soudan en provenance du Soudan par le poste frontière de Joda.
© UNHCR/Ala Kheir
Des personnes déplacées arrivent au Sud-Soudan en provenance du Soudan par le poste frontière de Joda.

Trouver des solutions innovantes

De la propagation des armes aux tensions ethniques, M. Othman a affirmé que les défis sont vastes, y compris la résolution des crises actuelles dans les secteurs de l'agriculture et des pâturages, les interruptions des réseaux de communication et le manque de services de santé.

Au Siège de l'ONU, les trois volontaires ont appelé la communauté internationale à reconnaître les services d'urgence comme un acteur du domaine humanitaire et à leur apporter un soutien.

« Nous essayons de nous adapter à tous les défis qui existent et de trouver des solutions innovantes, mais nous avons toujours besoin de développement, et nous avons besoin d'un système solide qui soit compatible avec tous ces défis », a déclaré Mme Ahmed.

« C'est pourquoi nous demandons à la communauté internationale et aux organisations internationales de faire la lumière sur la question soudanaise et de faire pression pour faire taire le bruit des armes, protéger les civils et apporter davantage de soutien aux personnes touchées par la guerre », a-t-elle ajouté.

En bref

Que sont les salles d'intervention d'urgence (ERR) ?

  •  Initiatives informelles menées par les communautés au Soudan
  •  Dirigées par des acteurs locaux, dont un nombre croissant de jeunes
  •  Mobilisées pendant la pandémie de COVID-19
  •  Développées après l'éclatement de la guerre en 2023
  •  Leur objecif : répondre rapidement aux besoins urgents
  •  Fournir des services humanitaires essentiels aux populations touchées