Fil d'Ariane
L’envoyée de l’ONU au Kosovo appelle au dialogue entre communautés
La Cheffe de la Mission des Nations Unies au Kosovo (MINUK), Caroline Ziadeh, a plaidé jeudi, lors d’une réunion du Conseil de sécurité, à un dialogue entre la majorité albanaise et la minorité serbe au Kosovo, alors que les négociations sont dans l’impasse entre Pristina et Belgrade.
Elle a rappelé qu’il y a près d’un an, deux accords ont été conclus, à Bruxelles le 27 février et à Ohrid le 18 mars, ouvrant la voie à des négociations et à un engagement mutuel. Cependant, en raison de désaccords sur le calendrier de mise en œuvre, les progrès ont été bloqués.
Les développements ultérieurs tels que les élections partielles dans quatre municipalités du nord du Kosovo, qui ont abouti à l'élection des maires par à peine 3,47 % des électeurs éligibles, les affrontements qui ont suivi autour des bâtiments de ces municipalités le 29 mai et qui ont fait d'importants blessés parmi les civils et parmi les 93 membres de la force multinationale KFOR, et le grave incident de sécurité survenu à Banjska/Banjskë le 24 septembre, qui a fait des morts, ont constitué « de sérieux revers ».
« Malgré une certaine dynamique positive qui a réapparu à la fin de l'année dernière avec les progrès réalisés en matière de plaques d'immatriculation des véhicules, la « feuille de route énergétique », les documents douaniers et la participation des Serbes du Kosovo au lancement du référendum pour destituer les maires, les actions unilatérales sur les questions qui relèvent clairement du processus de dialogue politique et de ses accords directeurs sont très préoccupantes », a estimé la Représentante spéciale du Secrétaire général pour le Kosovo.
Environnement d'insécurité et de méfiance
Selon elle, quel que soit le camp qui les adopte et les justifications avancées, et en l’absence de communications publiques sans ambiguïté, « de telles actions exacerbent, comme on pouvait s’y attendre, un environnement d’insécurité et de méfiance ».
Récemment, le 27 décembre 2023, le Conseil de la Banque centrale du Kosovo a adopté un règlement et annoncé qu'à compter du 1er février 2024, la seule monnaie autorisée pour les transactions en espèces au Kosovo sera l'euro. Des explications publiques limitées ont été proposées, bien que, depuis 1999, le dinar soit de facto la principale monnaie pour les transactions en espèces et commerciales dans les zones à majorité serbe du Kosovo. Des dizaines de milliers de personnes sont touchées, tout comme l’économie, qui dépend de leur pouvoir d’achat, a-t-elle noté.
Plus précisément, le règlement interrompt le paiement aux personnes employées par les institutions financées par la Serbie au Kosovo, de certaines subventions agricoles et sociales, ainsi qu'aux bénéficiaires de pensions serbes et yougoslaves. Les petites et moyennes entreprises, les services de santé et d'éducation, y compris les services de garde d'enfants, seront également gravement touchés, car ils reçoivent depuis longtemps également leurs fonds de la Serbie, a-t-elle ajouté.
Par la suite, et en réponse aux préoccupations que cela a soulevées, les autorités du Kosovo ont annoncé le 6 février une période transitoire d'un mois pour la mise en œuvre, accompagnée d'une campagne de communication. « Cependant, toutes les inquiétudes ne semblent pas être résolues concernant les flux de trésorerie en dinars », a ajouté Mme Ziadeh.
Elle a mentionné également de récentes opérations de police visant des installations utilisées par la minorité serbe dans plusieurs municipalités.
« Ni la nouvelle réglementation de la Banque centrale du Kosovo, ni ces récentes opérations de police du Kosovo, n’ont contribué à la désescalade », a estimé l’envoyée de l’ONU, qui a réaffirmé « l'importance de maintenir l'Etat de droit libre de toute influence politique ».
Instaurer la confiance et le respect mutuels
« Je continuerai d'appeler Pristina et Belgrade à s'engager activement et de bonne foi dans le dialogue facilité par l'Union européenne, le lieu approprié pour aborder les questions politiques les plus sensibles qui affectent les communautés », a-t-elle, dit, estimant crucial que les efforts visant à parvenir à des solutions négociées et mutuellement acceptées ne faiblissent pas.
« Des efforts continus pour instaurer une confiance et un respect mutuels accrus constituent la seule voie viable vers la stabilité, la prospérité et la sécurité. L’histoire a montré à maintes reprises que des solutions justes ne naissent pas d’actions unilatérales, mais plutôt d’un engagement soutenu et minutieux en faveur d’une communication et d’un dialogue ouverts », a-t-elle ajouté, rappelant que la MINUK restait déterminée à fournir ses bons offices pour faciliter ce dialogue.