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Gaza : Rafah est une « cocotte-minute de désespoir » alors que l'exode vers le sud se poursuit

Des milliers d'habitants de Gaza ont continué à fuir les hostilités intenses à Khan Younis pour se rendre à Rafah, la ville méridionale massivement surpeuplée, que les humanitaires de l'ONU ont décrite vendredi comme une « cocotte-minute de désespoir ».

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L'avertissement du Bureau de coordination des affaires humanitaires des Nations Unies, OCHA, intervient près de quatre mois après qu'Israël a entamé une campagne de bombardements dévastatrice en réponse aux attaques sanglantes menées par le Hamas le 7 octobre, qui ont fait quelque 1.200 morts dans les communautés du sud d'Israël et plus de 250 otages.

« Ces derniers jours, des milliers de Palestiniens ont fui vers le sud, à Rafah, qui accueille déjà plus de la moitié de la population de Gaza, soit quelque 2,3 millions de personnes », a déclaré Jens Laerke, porte-parole de l'OCHA. 

100.000 morts, blessés ou disparus

Réitérant ses vives inquiétudes quant à l'absence de sécurité dans la bande de Gaza, M. Laerke a indiqué aux journalistes que la plupart des nouveaux arrivants « vivaient dans des structures de fortune, des tentes ou en plein air ». « Rafah est désormais une cocotte-minute de désespoir et nous craignons pour la suite », a-t-il ajouté.

« C'est incroyable la quantité de personnes qui se sont concentrées sur Rafah », a renchéri Andrea De Dominico, Chef du Bureau des affaires humanitaires de l'ONU pour les territoires palestiniens occupés, dans un entretien accordé à ONU Info depuis Jérusalem. On estime qu'il y a désormais 1,3 million de personnes dans une ville qui comptait avant la guerre 270.000 habitants. « Vous pouvez imaginer la densité de population partout », a-t-il dit. 

« Il est très difficile pour la communauté humanitaire de faire face à cette constante augmentation de population à Rafah », a ajouté M. De Dominico.

Selon l'Organisation mondiale de la Santé (OMS), à ce jour, 100.000 personnes sont mortes, blessées ou portées disparues et présumées mortes à Gaza à la suite des bombardements et des combats sur le terrain entre les soldats israéliens et les militants palestiniens.

Soixante pour cent des 27.019 décès signalés par les autorités sanitaires de l'enclave palestinienne sont des femmes et des enfants, a indiqué l'agence de santé des Nations Unies. Plus de 66.000 personnes sont désormais blessées et nécessitent des soins médicaux qui restent difficiles d'accès. 

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Le système de santé s'effondre

Soulignant la tâche « extrêmement difficile » que représente le réapprovisionnement des hôpitaux et des centres médicaux dans toute l'enclave déchirée par la guerre, le Dr Rick Peeperkorn, Représentant de l'OMS dans le territoire palestinien occupé, a expliqué que sur les 15 missions prévues dans le nord en janvier, trois avaient eu lieu, quatre avaient été entravées par des routes impraticables, une avait été reportée et huit avaient été refusées.

M. Peeperkorn a ajouté que sur les 11 missions prévues dans le sud le mois dernier, quatre ont eu lieu, deux ont été reportées, deux ont été empêchées soit parce que les points de contrôle ont ouvert tardivement, soit en raison de retards excessifs. Les autorisations ont été refusées pour trois missions.

« L'absence de garanties de sécurité et de couloirs humanitaires à Gaza rend de plus en plus difficile la réalisation rapide et en toute sécurité d'opérations humanitaires », a déclaré le responsable de l'OMS depuis Jérusalem. « Le manque d'accès durable aux hôpitaux pourrait démanteler le système de santé ».

Des Palestiniens déplacés dans un abri temporaire dans la ville de Rafah, au sud de la bande de Gaza.
© OHCHR/Media Clinic
Des Palestiniens déplacés dans un abri temporaire dans la ville de Rafah, au sud de la bande de Gaza.

Traumatisme des enfants

Ce développement est intervenu alors que le Fonds des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF) a indiqué qu'au moins 17.000 enfants de Gaza sont non accompagnés ou séparés. 

« Tous ont une histoire déchirante de perte et de chagrin », a déclaré Jonathan Crickx, responsable de la communication de l'UNICEF dans l'État de Palestine.

S'adressant à des journalistes à Genève depuis Jérusalem, le responsable de l'UNICEF a décrit sa rencontre avec des jeunes à Gaza au début de la semaine. Parmi eux, Razan, 11 ans, a perdu presque toute sa famille lors d'un bombardement au cours des premières semaines de la guerre.

« Sa mère, son père, son frère et ses deux soeurs ont été tués », a poursuivi M. Crickx. « La jambe de Razan a également été blessée et a dû être amputée. Après l'opération, sa blessure s'est infectée. Razan est maintenant prise en charge par son oncle et sa tante, qui ont tous été déplacés à Rafah ».

En raison du manque de nourriture, d'eau et d'abris, les familles élargies ont du mal à s'occuper d'elles-mêmes, sans parler des enfants orphelins ou non accompagnés, a déclaré le responsable de l'UNICEF.

« J'ai rencontré ces enfants à Rafah. Nous craignons que la situation des enfants qui ont perdu leurs parents soit bien pire dans le nord et le centre de la bande de Gaza », a-t-il ajouté.