Fil d'Ariane
Le chef des droits de l'homme de l'ONU scandalisé par des allégations d'exécutions sommaires au Mali
Le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme, Volker Türk, s'est dit jeudi « consterné » par les « allégations crédibles » selon lesquelles les forces armées maliennes accompagnées de personnel militaire étranger ont exécuté sommairement au moins 25 personnes dans le village de Welingara, dans la région centrale de Nara, le 26 janvier.
Dans une déclaration à la presse, il s’est également dit « alarmé » par les informations selon lesquelles une trentaine de civils ont été tués lors d'attaques menées par des individus armés non encore identifiés dans deux autres villages - Ogota et Oimbe - dans la région de Bandiagara au cours du week-end dernier.
Une enquête nécessaire
« Il est essentiel que toutes les allégations de privations arbitraires de la vie, y compris les exécutions sommaires, fassent l'objet d'une enquête complète et impartiale et que les responsables soient traduits en justice dans le cadre de procès conformes aux normes internationales », a affirmé M. Türk.
La violence à l'encontre des civils est strictement interdite
Selon lui, les autorités maliennes doivent également veiller à ce que leurs troupes, ainsi que leurs agents ou alliés, respectent le droit international des droits de l'homme et le droit international humanitaire, notamment en prenant toutes les mesures possibles pour assurer la protection des civils.
« La violence à l'encontre des civils, ainsi que des personnes hors de combat, est strictement interdite », a-t-il rappelé.
Il a indiqué que son bureau a récemment corroboré deux autres meurtres commis par des membres des forces armées maliennes et du personnel militaire étranger allié, au cours desquels au moins 31 civils ont perdu la vie. Le 24 septembre 2023, 14 éleveurs auraient été exécutés à Ndoupa, dans la région de Ségou, et le 5 octobre, 17 autres civils auraient été exécutés dans le village d'Ersane, dans la région de Gao.
« Nous n'avons pas connaissance d'enquêtes menées par les autorités sur ces meurtres présumés », a observé le chef des droits de l’homme de l’ONU.
Après dix ans de présence au Mali, la mission de maintien de la paix des Nations Unies dans ce pays, la MINUMA, a fermé le 31 décembre 2023, une décision prise par le Conseil de sécurité à la demande du gouvernement de transition malien.
Depuis le 1er janvier 2024, la MINUSMA est entrée dans une période « de liquidation », au cours de laquelle une équipe réduite des Nations Unies, ainsi que les arrière-gardes des pays contributeurs de troupes et de police, restent sur les sites de Gao et de Bamako pour superviser le transport ordonné des biens appartenant aux pays contributeurs de troupes et de police vers leurs nations respectives, et la liquidation appropriée du matériel appartenant à l’ONU.