Fil d'Ariane
L’UNRWA est le « cœur battant » de l’effort d’assistance à Gaza, explique l'ONU au Conseil de sécurité
Des mesures urgentes doivent être prises pour garantir un accès rapide et sans entrave à l'aide humanitaire à Gaza, où la détresse et les souffrances de la population s'aggravent de jour en jour, a plaidé mercredi le chef de l'humanitaire de l'ONU, Martin Griffiths, devant les membres du Conseil de sécurité.
Il a appelé à de meilleures garanties de sécurité, à l'établissement d'un flux prévisible de fournitures et à un accès aux civils dans le besoin à travers l'enclave palestinienne.
La capacité de la communauté humanitaire à apporter des secours à la population de Gaza reste « largement insuffisante », a-t-il ajouté, notant toutefois que malgré les conditions dangereuses sur le terrain, les efforts d'assistance soutiennent les boulangeries restantes, distribuent des produits alimentaires, de l'eau, des kits d'hygiène et de nettoyage, des tentes, des bâches et des couvertures, livrent des médicaments et des fournitures médicales et aident à relocaliser les patients.
« Le cœur battant de tout cela, c’est l’UNRWA », dont les employés sont tués, blessés et déplacés, a expliqué Martin Griffiths aux membres du Conseil.
Consterné par le fait que des employés de l'Agence des Nations Unies pour les réfugiés palestiniens (UNRWA) auraient été impliqués dans les attaques sanglantes perpétrées par le Hamas en Israël le 7 octobre, le chef de l'humanitaire de l'ONU a souligné que l'agence avait pris des mesures rapides et qu'une enquête était en cours.
Rôle indispensable
Mais les services vitaux de l’UNRWA destinés à plus des trois quarts des habitants de Gaza ne devraient pas être compromis par les actions présumées de quelques individus, a-t-il estimé.
« Pour le dire franchement et simplement : notre réponse humanitaire dans le territoire palestinien occupé dépend entièrement du financement et du fonctionnement adéquat de l'UNRWA », a-t-il dit, soulignant le « rôle indispensable » de l'agence en termes de distribution, d'entreposage, de logistique et de ressources humaines, avec des milliers d'employés répondant à la crise actuelle.
« Les décisions de retenir les fonds de l'UNRWA doivent être révoquées », a-t-il déclaré.
Réitérant son appel à un cessez-le-feu humanitaire et au respect du droit international humanitaire, y compris la protection des civils et des infrastructures dont ils dépendent, il a également appelé à la libération immédiate de tous les otages.
« J'exhorte ce Conseil à faire tout ce qui est en son pouvoir pour mettre un terme à cette tragédie », a-t-il déclaré.
Israël a fourni à l’ONU des informations accusant 12 employés de l’UNRWA à Gaza d’être impliqués dans l’attaque sanglante du Hamas en Israël le 7 octobre. Les Etats-Unis ont annoncé vendredi la suspension de tout financement futur de l’UNRWA pendant qu’ils examinent ces allégations et les mesures prises par les Nations Unies pour y répondre. Ils ont été suivi par plusieurs autres pays, dont le Royaume Uni et la France.
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Réunion du Comité sur les droits des Palestiniens
De son côté, le Secrétaire général de l'ONU, António Guterres, a pris la parole mercredi matin à l'ouverture de la session 2024 du Comité pour l'exercice des droits inaliénables du peuple palestinien, déclarant que les morts, les destructions, les déplacements, la faim et la douleur à Gaza au cours des 120 derniers jours étaient « une cicatrice sur notre humanité et notre conscience communes ».
Il a noté que l'UNRWA, était la « colonne vertébrale » de l'opération de secours à Gaza et souligné que les Nations Unies ont immédiatement agi à la suite des très graves allégations portées contre des membres du personnel de l'UNRWA.
Mardi, le chef de l'ONU a rencontré les bailleurs de fonds de l'agence onusienne pour écouter leurs préoccupations et décrire les mesures que les Nations Unies prennent pour remédier à la situation et répondre à ces préoccupations.
M. Guterres a souligné l’importance de maintenir le travail vital de l’UNRWA pour répondre aux besoins urgents des civils à Gaza et d’assurer la continuité de ses services aux réfugiés palestiniens en Cisjordanie occupée, en Jordanie, au Liban et en Syrie.
« J’appelle tous les États membres à garantir la continuité du travail vital de l’UNRWA », a-t-il dit. Il a appelé une fois de plus à un accès humanitaire rapide, sûr, sans entrave, étendu et durable à tout Gaza et a réitéré son appel à un cessez-le-feu humanitaire immédiat.
Décision de la CIJ
Le Secrétaire général a rappelé que « le droit international humanitaire, notamment les principes de distinction, de proportionnalité et de précaution en cas d'attaque, doit être respecté à tout moment ».
« Et les décisions contraignantes de la Cour internationale de Justice (CIJ) doivent être respectées », a-t-il souligné.
Vendredi, dans un premier verdict dans l'affaire opposant l'Afrique du Sud à Israël pour « génocide » présumé à Gaza, la CIJ a ordonné qu'Israël prenne immédiatement des mesures pour garantir que son armée ne viole pas la Convention sur le génocide. La Cour a également demandé à Israël de laisser davantage d'aide entrer dans l'enclave palestinienne. Toutefois, elle n'a pas ordonné à Israël de cesser ses opérations militaires.
Des experts de l'ONU ont affirmé mercredi dans une déclaration conjointe que la décision historique de la CIJ offre le premier espoir concret de protéger les civils de Gaza qui subissent des conditions humanitaires apocalyptiques, des destructions, des massacres, des blessures et des traumatismes irréparables.
« L’ordonnance du tribunal est nécessaire de toute urgence pour protéger l’existence même du peuple palestinien contre des actions potentiellement génocidaires que le tribunal a ordonné à Israël d’arrêter et de prévenir », ont déclaré ces experts. « Nous faisons écho au sentiment d’urgence démontré par la Cour lors de ses courtes délibérations de deux semaines, alors que des centaines de Palestiniens sont tués chaque jour par les forces israéliennes ».
Plus de 26.000 personnes ont été tuées à Gaza – soit plus d’un pour cent de la population de l’enclave – depuis qu’Israël a répondu aux attaques du Hamas du 7 octobre.
Les experts qui ont publié cette déclaration, dont Francesca Albanese, Rapporteure spéciale sur la situation des droits de l'homme dans le territoire palestinien occupé depuis 1967, sont tous des Rapporteurs spéciaux de l'ONU nommés par le Conseil des droits de l'homme de l'ONU, situé à Genève. Ils ne font pas partie du personnel de l'ONU et ne sont pas payés pour leur travail.